« Pour moi, c'était un combat... C'était si dur... Si dur... Vous devez continuer d'essayer, même lorsque les choses vont contre vous. Tu dois continuer à croire que tu vas devenir footballeur professionnel même quand ça ressemble à une chimère. » Difficile de croire que ces paroles puissent être celles d’un joueur sélectionné mercredi par Didier Deschamps pour participer à la Coupe du monde avec l'équipe de France. Elles sortent pourtant de la bouche de Youssouf Fofana, qui revenait sur sa trajectoire compliquée dans l'émission Ligue 1 sur beIN SPORTS en septembre dernier.

Le milieu de l'AS Monaco revient de loin. Ayant grandi dans les quartiers modestes du 19e arrondissement de Paris, Youssouf Fofana faisait la fierté de son quartier lorsqu'il a été sélectionné pour Clairefontaine à l'âge de 12 ans… Mais son monde s'est effondré lorsqu'il n’a pas été conservé par la prestigieuse académie. « C'est un coup de marteau lorsque vous revenez au foot amateur et que vous revenez à la vie normale », a expliqué Fofana. « Il faut se trouver une école… C'est vraiment dur de se remettre d'un tel échec - et pour moi, c'était un échec. J'ai commencé à me demander : " Pourquoi devrais-je m'embêter ? ". Certaines personnes sont faites pour ça, d'autres non. Peut-être que ce n'est pas pour moi. »

De retour à Clairefontaine 10 ans après

Le 15 septembre, Youssouf Fofana a d’une certaine façon pris sa revanche et repris son chapitre avec Clairefontaine : « Quand j'apprends que je suis sélectionné, je me suis dit : " Dix ans après ". Dix ans après, je vais revenir à Clairefontaine par la grande porte alors que je l'ai quitté par la petite. Et ça, ça fait du bien. ». Tout cela a bien failli ne jamais être possible, tant la carrière du joueur a tenu qu’à un fil. « A un mois et demi près, j’arrêtais », résumait-il dans L’Equipe.

Alors qu’à 18 ans, il joue à Drancy et souhaite désormais se concentrer sur les études, le RC Strasbourg Alsace le repère pour lui offrir une nouvelle chance. Il s'est battu avec acharnement en réserve pendant un an et demi avant que la bonne nouvelle arrive enfin. « J'ai eu les larmes aux yeux quand j'ai décroché mon premier contrat avec Strasbourg… et je me suis dit : " Ouah ! C'est ce que ça fait de recevoir une offre d'un club professionnel ! " », se souvenait-il. « J'étais prêt à signer n'importe quoi. Je n'ai même pas écouté ce qu'ils me proposaient. J'ai juste dit oui tout de suite. »

« Avec le recul, je me rends compte que j’étais encore jeune »

Youssouf Fofana a donc pris la direction de Strasbourg en 2018 et a immédiatement pris d'assaut la Ligue 1 Uber Eats, en portant pendant deux saisons le maillot du RCSA. Il a ensuite rejoint l’AS Monaco en 2020 et a rapidement attiré l'attention avec ses performances. « Je pensais que j'étais un bon joueur quand je suis venu ici, mais avec le recul, je me rends compte que j'étais encore très, très jeune », a-t-il confié. « C'est comme quand tu as ton permis de conduire, tu penses pouvoir conduire, mais en grandissant, tu te rends compte que tu n'étais pas du tout un bon conducteur ! C'est pareil pour moi. J'apprends encore à me connaître, jour après jour, année après année… et l'AS Monaco y a largement contribué. »

Aux côtés d'Aurélien Tchouaméni, Youssouf Fofana formait l'un des meilleurs duos de milieux de terrain français… Depuis le départ au Real Madrid de Tchouaméni l’été dernier, le joueur de 23 ans a dû s'habituer à un nouveau partenaire en la personne de Mohamed Camara… et les premiers signes sont prometteurs ! « Il est très différent de Tchouaméni », a expliqué Fofana. « Momo joue le rôle de titulaire, c'est-à-dire qu'il ne fait pas beaucoup de courses quand nous avons le ballon. Cela me donne la chance d'avancer beaucoup plus. »

Le duo composé de Fofana et Camara a énormément impressionné lors de son premier match ensemble, au Parc des Princes, alors que l’AS Monaco est devenue la première équipe à prendre un point contre le PSG cette saison (1-1). « Je me sentais bien ! C'est un match spécial pour moi car je viens de Paris, donc ma famille et mes amis étaient là. Il fallait que je performe ! Il y avait beaucoup de pression ! », racontait l’international français. « Mais quand vous êtes sur le terrain, vous ne pensez pas à qui a le ballon et qui est autour de vous. Que ce soit Verratti, Ramos ou Neymar, je dois y aller, je n'ai pas le temps de réfléchir. »

« Il faudrait que j'aie beaucoup de chance »

Actuel 5e de Ligue 1 Uber Eats grâce à 7 victoires sur les 9 dernières journées, l’AS Monaco s’est remis sur les rails. Depuis que Philippe Clement a pris les commandes en janvier, les octuples champions ont de nouveau l'air de véritables prétendants au podium. Et pour Youssouf Fofana, devenu l'un des joueurs incontournables du Belge, ce n'est pas un hasard si le sourire est revenu sur le terrain. « Philippe est très gentil ! », dit-il dans un éclat de rire. « Pour l'embêter, il faut faire quelque chose de vraiment mauvais. Même quand ça va mal, il regarde toujours le positif. »

Mais Philippe Clement n'est pas seulement gentil, il est inspiré et a mis en place une stratégie claire de gestion des hommes dès son arrivée au club. « Avoir la confiance d'un entraîneur est toujours important pour un joueur. Quand il est arrivé, il est venu me voir et m'a dit : " Je ne veux pas de relation joueur-entraîneur avec toi " », a-t-il déclaré. « Je pense que c'était le cas de beaucoup de joueurs qui avaient un peu perdu confiance ces derniers temps. »

Utilisé à 13 reprises en 14 journées cette saison en Ligue 1 Uber Eats par le tacticien belge, Youssouf Fofana en a profité pour découvrir l’équipe de France en septembre dernier, en retrouvant dans le 11 tricolore son pote Aurélien Tchouaméni. Quelques jours avant sa convocation, le milieu monégasque confiait : « Il faudrait que j'aie beaucoup de chance, je pense. Mais personnellement, je veux aller le plus loin possible. Je joue déjà à Monaco, donc tout est désormais un bonus. Je vais me donner la chance d'aller aussi loin que possible. Tant que mon corps me portera ».