Bilan

Analyse : Les grands changements de l’OM

Analyse : Les grands changements de l’OM

Bilan
Publié le 29/09 à 11:26 - Stats Perform

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Avec 20 points après 8 rencontres de Ligue 1 Uber Eats, jamais l’Olympique de Marseille n’avait réalisé un meilleur départ dans son histoire. Sous la houlette d’Igor Tudor, le club phocéen est dans la lignée de sa 2e place de la saison dernière, mais sur le terrain, les différences avec Jorge Sampaoli sont multiples.

Après une qualification pour la phase de groupes de la Ligue des Champions acquise au bout du suspense en mai dernier, l’OM pouvait espérer de la continuité afin de se préparer au mieux à la saison de la confirmation. Une possibilité qui n’a pas dépassé le 1er juillet, soit deux jours après la reprise de l’entraînement à la Commanderie et l’annonce de Jorge Sampaoli et l’Olympique de Marseille de « leur décision commune de mettre fin à leur collaboration ». Dès le 4 juillet, Igor Tudor est nommé sur le banc marseillais pour un retour à la case départ avec ce technicien au profil différent.

Igor Tudor toutes compétitions confondues en tant qu’entraîneur principal (par ordre chronologique)

Club

Période

Matchs

% de vict.

Buts inscrits par match

Hajduk Split

Mai 2013-décembre 2014

78

45%

1,69

PAOK Salonique

Juillet 2015-mars 2016

44

39%

1,55

Karabükspor

Août 2016-février 2017

21

38%

1,29

Galatasaray

Février-décembre 2017

34

56%

1,97

Udinese

Avril 2018-octobre 2019 (3 passages)

26

42%

1,08

Hajduk Split

Février-août 2020

18

50%

1,78

Hellas Vérone

Septembre 2021-mai 2022

36

39%

1,81

Changement radical dans la philosophie de jeu pour le dauphin du Paris Saint-Germain en championnat, mais assumé par le dirigeant espagnol lorsque la presse s’interroge sur le recrutement d’un coach qui semble aux antipodes du jeu de possession cher à Sampaoli : « Je crois que l'évolution du football va vers un football plus physique, avec de la transition et une dimension plus physique. » Longoria prévient que l’on ne jugera pas l’OM d’Igor Tudor dès le mois de septembre…

Pourtant, alors que nous approchons du quart du championnat, il semble évident que la gestion des rencontres est totalement différente entre l’OM 2021/22 et l’OM 2022/23. Explications.

L'apport offensif des latéraux

Une véritable révolution donc pour une équipe qui n’utilisait pratiquement pas ses ailes lors de la saison 2021/22. Dépourvu de latéral de métier titulaire sur la durée à gauche, Sampaoli n’utilisait Pol Lirola à droite qu’avec parcimonie (1767 minutes en 34 rencontres soit 52 par match en moyenne, contre 82 en 2e partie de Ligue 1 Uber Eats 2020/21). Celui-ci n’avait pas pu confirmer ses six premiers mois de bonne facture sur la Canebière (1 seul but et 2 passes décisives la saison dernière– contre 3 buts déjà pour le Portugais et 2 passes décisives pour le néo-international français depuis début août). L’Espagnol ne fut impliqué que sur 7,8% des tirs olympiens en Ligue 1 Uber Eats 2021/22, contre 22,6% pour Nuno Tavares et 20% pour Jonathan Clauss en 2022/23.

Le latéral prêté par Arsenal se distingue aussi par sa capacité à enchaîner les dribbles et remontées de balle à vitesse grand V. Il est notamment le joueur – hors défenseurs centraux – à avoir progressé sur la plus grande distance vers l’avant balle au pied en Ligue 1 Uber Eats cette saison (1033 mètres), tandis que seuls Lionel Messi (53) et Kylian Mbappé (47) ont tenté plus de dribbles que le Portugais (44).

C’est LA grande différence par rapport au précédent exercice : avec Igor Tudor, les latéraux sont des pistons et ils sont l’élément central de son système offensif. Pour preuve, Nuno Tavares (18) et Jonathan Clauss (12) sont les deux seuls latéraux/pistons ayant tiré au moins 10 fois au but en Ligue 1 Uber Eats cette saison. De plus, ce sont deux des trois joueurs olympiens impliqués dans le plus de tirs en championnat (26 pour le Portugais, 23 pour le Français, Alexis Sanchez étant 2e avec 25). Une prise d’initiative et une connexion entre ces deux joueurs qui a notamment fait ses preuves à Brest lors de la 2e journée (1-1) : centre de Jonathan Clauss pour son compère de l’aile gauche, déjà auteur à ce moment-là de son 2e but en 2 rencontres avec l’OM.

Une projection vers l'avant plus directe

Si deux latéraux connus pour leur apport offensif sont arrivés cet été, c’est notamment car Igor Tudor n’est pas partisan de la possession à outrance. Le mot d’ordre est clair : à la récupération du ballon, l’idée est de trouver les offensifs au plus vite afin de déstabiliser le bloc adverse.

Première constatation dans ce changement avec une possession donc moins importante, 55,2% cette saison contre 62% en 2021/22, lorsque le club de la cité phocéenne était l’équipe affichant le 2e meilleur taux du championnat. Avec un nombre de passes pour approcher la surface adverse bien moindre : la saison dernière, l’équipe de Jorge Sampaoli produisait en moyenne 3,3 attaques construites* par rencontre (seul le Paris Saint-Germain faisait mieux) ; alors que sous Igor Tudor, les Olympiens en comptent bien moins (2,1 – 9e au classement).

* une attaque construite définit une séquence dans le jeu d’au moins 10 passes qui se termine soit par un tir, soit par un ballon touché dans la surface adverse.

** le PPDA est le nombre moyen de passes de l'adversaire par action défensive en dehors du dernier tiers lors d'une séquence interrompue par un geste défensif adverse. Plus la valeur est faible, plus l’équipe est sujette à effectuer un pressing haut.

Une différence que l’on peut retrouver dans la construction des deux derniers buts de la recrue star de l’été, Alexis Sanchez, chez l’AJ Auxerre puis face au LOSC.

Et qui dit projection vers l’avant rapide signifie aussi que le gardien de but – si cher au « Pelado » argentin dans sa construction du jeu de possession – ne bénéficie plus de la liberté dont il jouissait la saison dernière. Là où Pau Lopez et Steve Mandanda avaient à tour de rôle battu le record de ballons touchés par un gardien lors d’un match de Ligue 1 Uber Eats depuis qu’Opta analyse la compétition en 2006/07 (le portier français décrochant la palme finale avec 78 ballons face au Stade de Reims le 24 avril), cette saison, ni l’Espagnol, ni son nouveau remplaçant Ruben Blanco n’ont touché plus de 48 ballons sur un match dans l’élite. Pau Lopez n’effectue, par exemple, que 34 touches de balle en 2022/23 contre 50 lors du précédent exercice, quand il était si prompt à sortir de sa surface pour aider ses coéquipiers dans la première phase de relance.

Si Lopez est moins impliqué dans la tactique prônée par Igor Tudor, c’est aussi en raison du jeu proposé par les défenseurs devant lui. La saison dernière, les facilités techniques démontrées notamment par William Saliba – reparti à Arsenal – permettaient au bloc marseillais de repartir de plus bas sans user du jeu long : l’OM était d’ailleurs l’équipe qui effectuait le moins de dégagements (10,8 en moyenne, contre 16,9 actuellement). Si l’OM paraît moins friable, avec seulement 5 buts encaissés en 8 rencontres en Ligue 1 Uber Eats 2022/23 (2e meilleure défense derrière le PSG), les Phocéens semblent toutefois plus fragiles à la perte du ballon (1,4 tir subi faisant suite à une récupération haute adverse par match en moyenne – 4e plus haut total – contre 0,9 lors du précédent exercice, quand l’OM était la meilleure équipe dans ce domaine).

Dimitri Payet, de chouchou de Sampaoli à joker sous Tudor

C’est une des décisions du nouvel entraîneur marseillais qui avait fait le plus parler au début de la saison. Dimitri Payet, l’homme de base du projet Sampaoli, celui par qui tous les ballons passaient ou presque, devenu remplaçant de luxe avec le Croate. Le Réunionnais n’a démarré que 33% des rencontres de Ligue 1 Uber Eats qu’il a disputées en 2022/23 (2/6), de loin son plus faible pourcentage en carrière si l’on exclut sa première saison en professionnel avec le FC Nantes en 2005/06 (0% - 0/3).

Meilleur buteur (12) et meilleur passeur (9) de son club en 2021/22, impliqué sur un but toutes les 124 minutes, Dimitri Payet n’a pour l’instant délivré qu’une seule assist cette saison – pour le but de Pape Gueye face au Clermont Foot 63 le 31 août (1-0).

Dans le onze de départ face à l’Eintracht Francfort en Ligue des Champions, son entraîneur l’avait remis sur le banc face au Stade Rennais (1-1). Si son influence sur les tirs de son équipe est plus forte que la saison dernière en Ligue 1 Uber Eats (impliqué sur 8,9 tirs par 90 minutes contre 5,8 en 2021/22, à nuancer par un temps de jeu de seulement 203 minutes cette saison), Payet semble avoir du mal à se faire au pressing imposé par le système Tudor, qui lui préfère un Matteo Guendouzi évoluant plus haut que la saison précédente, connu pour sa fougue envers l’adversaire et déjà décisif à 3 reprises en 2022/23 (1 but, 2 passes décisives).

Le double pivot Rongier-Veretout

Si l’international tricolore fait désormais partie des 3 joueurs offensifs alors qu’il jouait en 2021/22 en tant que milieu relayeur (le plus souvent aux côtés de Gerson), c’est aussi parce que l’Olympique de Marseille évolue cette saison avec 2 milieux défensifs. La saison dernière, l’OM version Sampaoli jouait en 3-3-3-1 et devait souvent compter sur Boubacar Kamara au poste de numéro 6 pour freiner les velléités adverses dans cette zone (parfois secondé par Valentin Rongier et son poste hybride entre latéral droit et milieu défensif) et participer à la relance avec sa qualité de passe (meilleur total de passes réussies en Ligue 1 Uber Eats chez les milieux de terrain - 2161).

Désormais en 3-4-1-2, avec le renfort de Jordan Veretout, en duo avec Rongier – désormais vice-capitaine du club – la priorité des deux milieux défensifs est de récupérer le ballon, harceler le porteur adverse, plutôt qu’apporter un soutien offensif aux hommes placés devant (9 tirs au total à eux deux dans l’élite, pour aucun but). Un manque d’initiative qui peut s’expliquer par l’abattage demandé par leur poste. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de voir ces joueurs, ainsi que Pape Gueye, leur remplaçant de prédilection, être ceux qui parcourent le plus de kilomètres en Ligue 1 Uber Eats parmi les Olympiens titularisés au moins deux fois cette saison (12,2 kilomètres par 90 minutes pour le Sénégalais, 12,0 pour Rongier et 11,5 pour l’ancien de la Roma).