Après une 9e place la saison passée, l’OGC Nice affiche un visage convaincant en ce début de saison, en 2e position du classement de Ligue 1 Uber Eats. Derniers invaincus, les Aiglons sont d’ores et déjà séduits par la méthode de Francesco Farioli. Analyse.
Seulement 4 buts encaissés et pas une seule minute à courir après le score en 8 matchs. Deux records dans les 5 grands championnats cette saison. Des statistiques qui feraient envie à n’importe quel entraîneur. C’est ce que réalise Francesco Farioli pour ses débuts avec l’OGC Nice en Ligue 1 Uber Eats, lui qui officie comme coach principal pour la première fois dans le Top 5. Un homme de 34 ans – presque 6 de moins que son capitaine Dante – qui vient à peine de décrocher l'examen final du diplôme d'entraîneur professionnel.
Francesco Farioli ne l’a jamais caché, la défense, c’est son truc. L’Italien s’est très vite passionné pour un poste en particulier, celui de gardien. Il a d’ailleurs intitulé sa thèse « Philosophie du jeu. L'esthétique du football et le rôle du gardien de but ». En spécialiste, le coach niçois évidemment n’a pas tari d’éloges sur son portier Marcin Bulka, héros du match contre l’AS Monaco le 22 septembre (0-1), lorsqu’il est devenu le 3e gardien à arrêter deux pénaltys sur un match de Ligue 1 Uber Eats depuis qu’Opta analyse la compétition (2006/07), après Nicolas Puydebois en mai 2008 et Cédric Carrasso en 2010.
Quelle est la méthode Farioli ?
Mais revenons-en aux fondamentaux, à quoi ressemble l’OGC Nice version Farioli ? C’est tout d’abord une équipe qui s’appuie sur ses cadres. Neuf Niçois ont débuté au moins 7 des 8 premiers matchs de la saison, seul le Stade Brestois a fait démarrer davantage de joueurs au moins 7 fois (10).
Le premier d’entre eux est aussi son dernier rempart : Marcin Bulka a pris beaucoup de confiance sur sa ligne, lui qui ne comptait pourtant que 5 petites rencontres dans l’élite avant cette saison. En témoigne sa moyenne de 79% de tirs cadrés arrêtés – la meilleure du championnat. De quoi motiver tout un groupe à aller de l’avant. Mais aller de l’avant… doucement.
Car pour Farioli, « les gardiens ont une vision plus large du jeu et ont plus de temps pour observer ce qui se passe sur le terrain que les autres joueurs, qui sont pressés par le temps et courent plus ». Ainsi, Bulka relance seulement à 26 mètres de son but sur ses 6 mètres, Gianluigi Donnarumma étant le seul gardien à le faire plus bas en moyenne (17 mètres). Plus marquant encore, aucun renvoi aux 6 mètres du portier titulaire des Aiglons n’a même atterri dans le dernier tiers adverse. L’ambition est claire, donner les clés à la ligne défensive pour établir les séquences de jeu.
Quand on parle de cadre, on pense aussi forcément à Dante, 40 ans ce mercredi,qui a débuté en défense centrale à 7 reprises avec son compère Jean-Clair Todibo. Bilan lors de ces 7 rencontres commencées ensemble : 5 clean sheets et 3 petits buts encaissés. Les 2 joueurs font partie des 7 qui touchent le plus de ballons en Ligue 1 Uber Eats cette saison, en compagnie de 4 Parisiens et de Benjamin André (LOSC). Todibo peut même se targuer d’avoir établi 2 records, puisque contre Metz le 7 octobre, il a touché 190 ballons et adressé 181 passes, les plus hauts totaux depuis qu’Opta analyse la Ligue 1 Uber Eats.
Les actions partent le plus souvent de lui et de son coéquipier brésilien, restant très proches l’un de l’autre pour attirer les attaquants adverses et mieux préparer les phases offensives.
Mais tous les moments forts de l’OGC Nice ne partent pas systématiquement du bas du terrain. On pourrait presque s’étonner de voir que les hommes de Francesco Farioli débutent leurs actions à 43.2 mètres de leur but, la 4e moyenne la plus haute du championnat. Une catégorie dominée par le Paris SG (46.7 mètres). C’est d’ailleurs contre ces mêmes Parisiens que le nouveau coach niçois a montré qu’il savait s’adapter à ses adversaires, même quand cela implique de changer de dispositions tactiques. La victoire 3-2 au Parc des Princes restera un moment clé de la saison des Niçois.
Ce match contre le PSG est un modèle du genre. Seulement 31% de possession de balle (pour une moyenne de 53% sur la saison), 2 séquences de 10 passes ou plus (l’OGCN en réalise 15 par rencontre en 2023/24) et moins de 100 ballons au total pour la défense centrale, mais 14 ballons récupérés dans les 40 derniers mètres. L’un deux a directement conduit au 1er but de la rencontre pour les Azuréens, dans un match où un Terem Moffi en feu a été impliqué sur les 3 buts de son équipe.
L'OGC Nice, pas un cadeau pour les adversaires
Car non seulement le Nice version 2023/24 sait poser le jeu par ses défenseurs, mais il sait aussi mettre en valeur ses éléments offensifs en récupérant le ballon haut sur le terrain. En effet, c’est l’OGCN qui tire le plus quand il récupère la possession dans les 40 derniers mètres (19 frappes du genre, c’est plus de 2 fois plus que le PSG par exemple). Attendre l’erreur adverse sans dépenser trop d’énergie, voilà une des facettes principales du jeu de Farioli. Ses hommes ne sont pas ceux qui courent le plus (9e ratio moyen par match), cependant quand on dispose de 5 joueurs flashés à au moins 35 km/h cette saison (Moffi, Boga, Lotomba, Todibo et Bard), on part plus serein.
Mais le match contre le PSG, où il a encaissé la moitié de ses buts en 2023/24 (2/4), reste un cas à part dans la saison des Niçois. Car l’équipe de Francesco Farioli est rapidement devenue spécialiste dans la manière de faire déjouer ses adversaires. Avec seulement 19 tirs cadrés subis – 10 de moins que le PSG, 2e du classement – et 6 Expected Goals subis, plus petit total du championnat, les Aiglons ont écœuré plus d’un adversaire.
C’est le cas de l’AS Monaco. Car outre un Marcin Bulka qui a su mêler chance et technique pour arrêter les 2 pénaltys de Folarin Balogun, il a fallu à l’OGC Nice un très grand match pour repartir de Louis-II avec une clean sheet contre la meilleure attaque actuelle du championnat (21 buts).
Un match lors duquel l’attaque monégasque a été réduite au silence, puisque hors pénaltys, l’ASM n’a totalisé que 0.3 Expected Goals, loin de sa moyenne de la saison qui est à 1.5 xG. L’équipe de Francesco Farioli a elle, comme souvent, su prendre son temps dans sa moitié de terrain avant de lancer ses offensives. 57,3% des passes de Nice cette saison en Ligue 1 Uber Eats sont réalisées dans son propre camp, plus haut pourcentage.
La délivrance est venue à la toute fin de la rencontre puisque Jérémie Boga, dans un raid solitaire magistral a inscrit le but victorieux à la 91e minute. Une action qui, une fois de plus, est partie d’une récupération de balle et d’une prise d’informations de la défense pour mettre son attaquant sur les bons rails.
La meilleure défense d’Europe sait donc être clinique – 9 buts marqués cette saison, co-plus faible total de la première partie de tableau. L’Europe, c’est justement l’objectif de l’OGC Nice. Et depuis le début de la saison, Francesco Farioli démontre que sa philosophie du football paraît armée pour vite la retrouver.