Interview

Dylan Bronn : «Avec Wahbi Khazri, on ne se lâche pas»

Dylan Bronn : «Avec Wahbi Khazri, on ne se lâche pas»

Interview
Publié le 31/01 à 20:00 - Arnaud Di Stasio

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Recruté cet hiver par le FC Metz, le défenseur international tunisien Dylan Bronn revient sur son parcours atypique dans un entretien où il est question de Bourvil, Zidane, son but au Mondial 2018 ou encore son pote Khazri.

Arrivé au début du mercato hivernal en provenance de La Gantoise, en Belgique, Dylan Bronn s’est déjà installé dans la défense du FC Metz. Avant de recevoir l’AS Saint-Etienne à l’occasion de la 22e journée de Ligue 1 Conforama dimanche, le défenseur central international tunisien de 24 ans se présente. Entretien.

Pour tes deux premiers matchs en Ligue 1 Conforama avec le FC Metz, le club grenat a gagné deux fois en réalisant deux clean sheets. Difficile de faire mieux comme débuts…
Je suis très content. Quand on joue défenseur central et qu’on entre sur le terrain, l’objectif premier est ne pas prendre de but. C’est compliqué de gagner des matchs en Ligue 1 Conforama mais on a réussi à enchaîner deux victoires pour lancer la deuxième partie de saison donc ça commence bien. J’espère qu’on va continuer comme ça !

Pourquoi as-tu choisi de poursuivre ta carrière à Metz ?
Pour le projet, tout simplement. Je ne sais pas si les gens sont au courant mais le FC Metz est en train de créer quelque chose de grand. Il y a un nouveau centre d’entraînement, la rénovation d’une tribune de Saint-Symphorien... Le club innove et ça m’a plu. Dès que les dirigeants m’ont contacté, ils ont tout fait pour que je vienne. J’ai été sous le charme d’emblée. Quand j’ai visité les installations, j’ai vu que tout était neuf, que tout était fait pour que les joueurs travaillent dans les meilleures conditions. Lorsque mon agent m’a fait savoir que le FC Metz s’intéressait à moi et qu’il fallait enclencher, j’étais d’accord avec lui. J’avais fait le tour en Belgique et je ressentais le besoin de changer d’air. Retrouver la France, la Ligue 1 Conforama, un championnat très costaud par rapport à la Belgique, ça me permettait de franchir une étape dans ma carrière et je n’ai pas hésité une seule seconde.

« Mon bizutage ? J’ai chanté du Bourvil »

Pour revenir au FC Metz, es-tu déjà passé par la case bizutage ?
Oui, c’était avant la réception de Strasbourg (1-0), mon premier match de championnat. J’ai chanté du Bourvil, la chanson Salade de fruits. Il n’y a pas beaucoup de joueurs qui ont reconnu la chanson ! J’ai vu dans les regards que beaucoup se posaient des questions, ça m’a bien fait rire. C’est la réaction que j’attendais, j’aime bien faire le pitre (rires). En arrivant à Niort puis en Belgique, j’avais choisi la même chanson. Ça me porte chance donc je continue avec Bourvil.

Après avoir été presque tout le temps titulaire lors de tes deux premières saisons à la Gantoise, tu jouais moins ces derniers mois. Que s’est-il passé ?
J’ai raté la dernière préparation d’avant-saison. J’ai repris après le reste du groupe car j’ai disputé la CAN cet été et quand je suis revenu, l’équipe ne faisait que gagner. Le coach m’a dit qu’il ne pouvait pas trop changer son onze car l’équipe marchait bien. C’était compréhensible. De mon côté, j’ai fait ce qu’il fallait à l’entraînement pour retrouver du rythme et du temps de jeu mais ça ne s’est pas décanté. J’avais besoin de jouer, de me donner à fond, de me sentir concerné, et, à la Gantoise, on ne me faisait plus sentir que c’était le cas. J’ai fait comprendre aux dirigeants que j’avais besoin de jouer et de reprendre du plaisir tout simplement. Mais je ne garderai que de bons souvenirs de mon passage en Belgique. J’ai passé un cap, j’ai rencontré de très belles personnes et j’ai fait deux saisons pleines.

Pour un défenseur, tu marques beaucoup puisque tu as mis 11 buts depuis l’été 2017 et ton arrivée en Belgique. Y a-t-il une explication derrière cette efficacité ?
Ce n’est pas un aspect que je travaille en particulier mais, plus jeune, quand je jouais sur demi-terrain, j’évoluais au poste d’attaquant. Pareil lorsque je joue avec des amis. Ça fait toujours plaisir de marquer mais ce n’est pas mon objectif premier sur le terrain. Ce que je veux, c’est défendre mon but, que l’équipe soit solide, compacte, et finir le match avec un clean sheet. Si on gagne mais qu’on encaisse un but, ça ne me plaît pas. Ma mission n’est pas accomplie. Je suis encore plus déterminé à garder ma cage inviolée qu’un gardien, je suis un psychopathe sur ça (rires).

Tu découvres la Ligue 1 Conforama à 24 ans après un parcours particulier…
J’ai une trajectoire atypique puisque je n’ai pas fait de centre de formation. J’ai fait toutes mes années chez les jeunes à l’AS Cannes, à l’exception d’une saison lors de laquelle je suis parti dans un club du coin, avant de revenir à Cannes. Je n’ai fait qu’un an avec les U19 Nationaux. J’étais encore amateur il y a un peu plus de 4 ans et il y a 5 ans, je jouais dans l’équivalent de la 8e division, même si c’était à l’AS Cannes, un club structuré. Et à l’été 2016, je suis passé de la 8e division à la Domino’s Ligue 2 en signant à Niort. Derrière, ça s’est enchaîné.

A la fin de la saison 2013/2014, alors que tu commençais à jouer avec la CFA de l’AS Cannes, le club a été rétrogradé administrativement. Est-ce que tu t’imaginais devenir professionnel à cette époque ?
Pas spécialement. C’était compliqué dans la tête au moment de la rétrogradation administrative. J’ai intégré la CFA (la N2 actuelle) de l’AS Cannes à 18 ans et ça revenait presque à évoluer en Domino’s Ligue 2 ailleurs. Je côtoyais des joueurs de très haut niveau comme Mickaël Cerielo, qui a joué en Domino’s Ligue 2, ou Malek Chergui. Il y avait du beau monde, des joueurs d’excellent niveau pour la CFA et le National, censés faire remonter le club. Avec la rétrogradation en DHR, je me suis posé beaucoup de questions. Mes espoirs s’envolaient un peu mais j’ai continué à m’entraîner de mon côté avec mon grand frère et mon coach sportif Christian Maccario. Je suis resté au club avec l’idée de me montrer et d’avoir une chance au plus haut niveau. Ça a fini par payer puisque je joue aujourd’hui en Ligue 1 Conforama !

Es-tu encore en contact avec certains de tes coéquipiers de l’AS Cannes ?
Bien sûr, j’ai joué avec Vincent Koziello et Enzo Crivelli, qui sont nés en 1995 comme moi, et je suis en contact avec eux presque tous les jours, notamment via les réseaux sociaux. A mon époque, il y avait aussi Thomas Touré, qui est aujourd’hui à Sochaux et Jérôme Prior. Alexandre Mendy, un très bon ami à moi, est aussi passé par l’AS Cannes. On jouait ensemble quand on avait une douzaine d’années. Et chez les anciens joueurs, quand j’étais tout petit, Zinedine Zidane était venu nous coacher lors d’un entraînement. Son adjoint au Real Madrid, David Bettoni, coachait les U19 quand j’étais en U17. J’ai également rencontré Bruno Bellone et Bernard Lambourde, qui est passé par Chelsea, ainsi que Johan Micoud, qui avait pris la présidence du club. Il y a eu beaucoup de beau monde à l’AS Cannes...

« Pastore m’avait vraiment impressionné »

Tu rejoins ensuite les Chamois Niortais avant la saison 2016/2017…
Je devais jouer en équipe réserve au départ mais après deux semaines de préparation, les blessures se sont accumulées en équipe première et l’entraîneur m’a passé un coup de fil en urgence. Je devais venir dépanner quelques jours puis retourner en réserve. Et finalement, le coach Denis Renaud a décidé de me garder avec lui pour toute la saison.

Avec Niort, tu as notamment croisé la route du PSG en Coupe de France…
Toute ma famille était en tribune à René-Gaillard, c’est un super souvenir. Mais le terrain, c’était vraiment la guerre… Il pleuvait fort, il y avait beaucoup de vent… Même Paris n’arrivait pas à mettre son jeu en place tellement le terrain était catastrophique. On en a profité mais ils nous ont quand même battus 2-0 en faisant la différence dans les 10 dernières minutes. C’est dommage parce qu’on a bien tenu mais quand ils ont appuyé sur l’accélérateur… Ils ont marqué sur coup de pied arrêté et sur un exploit de Pastore. Il m’avait vraiment impressionné. Dès qu’il est entré, on a vu qu’il était au-dessus techniquement.

Tu es international tunisien depuis début 2017. En sélection, tu côtoies beaucoup de joueurs qui évoluent en France ou sont passés par l’Hexagone. De qui es-tu le plus proche ?
Wahbi Khazri ! C’est mon bon ami de la sélection. On est tout le temps ensemble. A chaque rassemblement, on est collés, on ne se lâche pas. On est également en chambre ensemble. C’est un super bon ami, quelqu’un de très bon conseil. J’apprécie aussi
Saîf-Eddine Khaoui et Ellyès Skhiri. Tous les quatre, on forme une petite bande (rires). Je ne les connaissais pas avant d’arriver en sélection mais on a tout de suite accroché.

Dimanche, le FC Metz accueille justement l’AS Saint-Etienne de Wahbi Khazri…
On n’a pas du tout parlé de ce match. Dans la vie, on est de très bons amis mais sur le terrain, on est ennemis. C’est la même chose à l’entraînement avec la Tunisie. On ne se parlera qu'à la fin du match. Mais j’ai vu que Wahbi avait inscrit un doublé la semaine dernière (contre Nîmes, victoire 2-1). Je suis super content pour lui, il le mérite. C’est un super joueur, vraiment, il est sous-coté. Mais je vais bien le charger et j’espère qu’il va rester calme contre nous !

Avec l’équipe de Tunisie, tu as déjà disputé une Coupe du monde, tu as atteint les demi-finales de la CAN… Quel est ton meilleur souvenir en sélection ?
C’est mon but lors du Mondial contre la Belgique (défaite 5-2), ça restera gravé à vie. C’est un tout qui fait que je m’en souviendrai à tout jamais. Je marque un but en Coupe du monde et 5 minutes après, je suis obligé de sortir parce que je me blesse au genou… Je jouais en Belgique en plus donc, quand je suis rentré à Gand, je voyais que les gens étaient contents pour moi. Mais je ne sais pas s’ils auraient eu la même réaction si on avait gagné (rires).

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