Interview

Le joueur parfait de Ludovic Obraniak

Le joueur parfait de Ludovic Obraniak

Interview
Publié le 20/12 à 09:57 - ADS

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A quoi ressemble le joueur parfait de Ludovic Obraniak ? Pour chaque caractéristique du jeu, l’ex-Lillois, Bordelais et Messin, mais aussi international polonais, a choisi un de ses anciens coéquipiers.

Eden Hazard, Franck Ribéry, Patrick Kluivert mais aussi Frédéric Meyrieu ou Robert Lewandowski ! Durant sa carrière, l’ex-milieu international polonais Ludovic Obraniak a évolué avec du beau monde. De quoi imaginer son joueur parfait en citant pour chaque aspect du jeu un ancien coéquipier. Formé à Metz, le gaucher a été sacré champion de France avec le LOSC avant de jouer à Bordeaux puis d’évoluer à l’étranger.

Le joueur parfait de Ludovic Obraniak

Le pied droit de Yohan Cabaye. Il avait une main à la place du pied, cette capacité à envoyer des transversales de 50 mètres pile dans les pieds, des passes en profondeur parfaites… Il avait une super lecture de jeu et une qualité de pied rare. Quelle que soit la course que tu faisais, ça arrivait dans les pieds, tendu, dans le bon timing. Une qualité de pied rare.

Le pied gauche de Michel Bastos. A mon arrivée au LOSC, j’aurais dû être en concurrence avec lui mais on a finalement été associés. Et ça a été une sacrée collaboration. Pour notre première saison ensemble, il jouait sur l’aile gauche et moi sur l’aile droite et je crois qu’on finit chacun à plus de 10 buts et 10 passes décisives, souvent échangées d’une aile à l’autre. Il a un pied gauche d’une délicatesse et d’une puissance phénoménales. Il pouvait réaliser des gestes subtils comme des frappes surpuissantes que tout le monde redoutait, notamment sur coup franc.

Le jeu de tête de Patrick Kluivert. A Lille, on a eu la chance de profiter de sa présence sur la fin de sa carrière. Une expérience incroyable sur le plan sportif et humain. Dès que tu envoyais le ballon en l’air dans la surface, ça faisait but. Il réussissait à décoller dans le bon timing et savait où placer le ballon. Vraiment impressionnant.

La vision de jeu de Yossi Benayoun, mon ex-coéquipier au Maccabi Haïfa. Il jouait avec des yeux dans le dos. Il savait toujours où étaient placés ses coéquipiers, quand initier la passe qui fait mal. Il savait ce qu’il allait faire avant de recevoir le ballon. Un coup d’avance qui faisait que c’était difficile de lui prendre la balle.

Le physique de Florent Balmont. Il avait un volume de jeu immense. Il faisait tout pour gratter le moindre ballon. Il ne ménageait jamais ses efforts. On l’a souvent dépeint comme un joueur rugueux, un coureur de fond, mais il n’avait pas que ces qualités-là. Quand tu l’avais au milieu, tu étais rassuré. Pour le déborder, il fallait se lever tôt… Il avait une générosité impressionnante.

Les dribbles de Franck Ribéry. Quand on l’a vu débarquer à Metz, il arrivait de Brest et on s’est dit : « Mais c’est qui cet énergumène ? ». Dès le premier entraînement, il a illuminé le jeu de sa classe. Quelle confiance en lui ! Il était capable d’éliminer mais d’éliminer à grande vitesse, de réaliser des enchaînements rapides avec des dribbles utiles. Il avait une double accélération, un deuxième coup de rein qui lui permettait d’éliminer n’importe qui sur un crochet. Il en a terminé des carrières ! Je ne sais pas ce que sont devenus les arrières gauches qui l’affrontaient sur ses premiers matchs de championnat avec Metz. C’était l’époque où Bixente Lizarazu jouait à l’OM et, après avoir croisé Franck Ribéry, il est reparti à Munich quelques semaines plus tard (rires).

La qualité de passe de Jaroslav Plasil. Comme Yohan Cabaye, il représente l’élégance, la technique. C’est un joueur qui savait impulser le tempo par une passe, accélérer ou ralentir le jeu selon le timing et la force de ses passes. Ce n’est pas donné à tout le monde. Jaroslav Plasil était le patron à Bordeaux, celui qui donnait le rythme.

La frappe de balle d’Eljero Elia, avec qui j’ai joué au Werder. Il était assez petit mais trapu, avec des cuisses énormes, une puissance de quadriceps… Son style morphologique lui permettait d’envoyer des missiles nucléaires.

La technique d’Eden Hazard. Tu lui donnais le ballon et tu regardais. Il sait dribbler, passer… Il sait tout faire. C’est le genre de joueurs qu’on ne croise qu’une fois dans sa carrière. J’ai eu la chance de jouer avec lui et ça flatte un peu mon ego de me dire que c’est lui qui m’a mis sur le banc. C’était quelque chose de le regarder jouer… Pas à l’entraînement bien sûr mais en match, c’était exceptionnel.

Le vice de Rio Mavuba, un joueur très malin car subtil. Il savait agir en douce, très intelligemment, pour ralentir un adversaire par exemple, en tirant un peu le maillot, en mettant sa main sur lui…

Le leadership de Frédéric Meyrieu. Je n’ai jamais joué en match officiel avec lui mais je le côtoyais quand j’ai commencé à m’entraîner avec le groupe pro à Metz. Sa façon de jouer avec son pied gauche, son caractère, son rôle de numéro 10… Il a beaucoup influencé ma façon de jouer. Et c’était un mec avec un gros caractère, ce qui m’a toujours attiré. Les joueurs comme Stoitchkov, Cantona ou Hagi m’ont toujours plu. C’était un leader naturel car les gens le craignaient. Il ne parlait pas beaucoup, il déconnait mais il avait du charisme et c’était un sanguin, qui pouvait péter les plombs.

Le mental de Mathieu Debuchy. Une machine. D’ailleurs, on l’appelait « RoboCop ». Rien ne l’arrêtait. Il pouvait s’ouvrir l’arcade, se casser un bras ou se faire les croisés, il continuait à jouer. C’était un dur au mal, un joueur avec une générosité incroyable avec qui tu pouvais partir à la guerre.

Le sens du but de Moussa Sow. Lors de la saison du titre avec Lille, en 2010/2011, il avait cette faculté à se rendre disponible dans la surface. Dès qu’un ballon traînait, c’était pour lui. Un vrai tueur. Il met 25 buts cette saison-là. Il était toujours au bon endroit, au bon moment. Il aimantait les ballons. Ça s’est confirmé par la suite en Turquie. Je vais aussi citer Robert Lewandowski, un monstre, un joueur qui pourrait remporter le Ballon d’or. Quand je jouais avec lui en sélection, il était encore à Dortmund et je me demande s’il n’était pas encore meilleur qu’aujourd’hui. Il avait une fougue et un sens du but sous Jürgen Klopp… C’était impressionnant de le voir de près. Mais s’il a le sens du but, Robert Lewandowski n’est pas qu’un renard des surfaces. Il sait tout faire, il peut participer au jeu, presser, marquer de loin, faire participer les autres…