Interview

Ingo Goetze : « Tous les grands entraîneurs s’appuient sur la psychologie »

Ingo Goetze : « Tous les grands entraîneurs s’appuient sur la psychologie »

Interview
Publié le 04/10 à 12:43 - Arnaud Di Stasio

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Entraîneur adjoint de Régis Le Bris au FC Lorient, l’Allemand Ingo Goetze détaille son parcours et ses méthodes inspirées de ses études en psychologie. Un entretien où il est question de Jonathan Clauss, d’Erasmus et de football gaélique.

Un peu avant de prendre en main l’équipe première du FC Lorient, surprenant 3e au classement de Ligue 1 Uber Eats, le rafraîchissant Régis Le Bris s’est saisi de son téléphone. Au bout du fil ? L’Allemagne et Ingo Goetze, 43 ans, dont il pressentait que le profil allait « susciter de la curiosité ». Bingo. Tour à tour entraîneur, formateur et psychologue auprès des équipes premières et des jeunes du Werder Brême, du Bayer Leverkusen ou du VfB Stuttgart, le technicien allemand raconte ses méthodes et son parcours singuliers. Entretien avec celui qui connaît Régis Le Bris depuis plus de 10 ans.

Comment a commencé votre histoire avec le foot ?
Comme beaucoup d’enfants, j’aimais courir, frapper dans la balle… Je devais avoir 6 ans lorsque j’ai commencé à jouer en club à Bremerhaven, près de Brême, dans le Nord de l’Allemagne, là où j’ai grandi. Et j’ai continué comme ça jusqu’à 32-33 ans. Le plus haut niveau auquel j’ai joué ? La 5e division allemande, pendant une saison. Je jouais milieu axial ou milieu droit car je courais vite. Puis, j’ai reculé avec les années. Mais j’ai commencé à entraîner à l’âge de 21 ans donc, très tôt, j’étais de plus en plus entraîneur et de moins en moins joueur.

Justement, parlez-nous de vos débuts comme entraîneur…
J’entraînais des enfants de 8-9 ans et c’était l’équipe réserve. Ça m’a plu même si c’était un peu folklorique ! Mais j’ai dû mettre tout ça entre parenthèses deux ans plus tard lorsque je suis allé faire un Erasmus à Brest dans le cadre de mes études de STAPS. Et quand je suis rentré en Allemagne, j’ai pris en charge l’équipe U15 de Molfsee.

Comment êtes-vous passé de ces clubs à des structures professionnelles ?
Après mes premières expériences, je suis resté dans le Nord de l’Allemagne, à Kiel, qui est connu pour son club de hand. C’est à Holstein Kiel, qui est aujourd’hui en D2 allemande, que j’ai joué en 5e division avant de passer dans un club beaucoup plus petit où j’entraînais en même temps que je jouais. Après cinq ans là-bas, j’ai pu faire un stage de 6 mois au Werder Brême, pendant la saison 2006/2007, ce qui m’a permis d’obtenir la licence C. Le formateur avec qui j’ai passé mon diplôme était directeur du centre de formation du Holstein Kiel. Il m’a engagé à la fin de mon stage et mon parcours au haut niveau a commencé… D’abord comme entraîneur adjoint de l’équipe U17, qui jouait dans l’élite nationale, puis comme numéro 1 des U15. J’ai ensuite rejoint le Werder qui cherchait quelqu’un pour s’occuper de l’internat et superviser les jeunes du centre de formation, au niveau académique notamment.

Et la psychologie dans tout ça ?
J’ai commencé à étudier la psychologie en 2007, un an après avoir terminé STAPS. Contrairement à d’autres pays, il n’y a pas de passerelle en Allemagne donc j’ai démarré mes études de psychologie en première année de licence. J’ai passé plus de temps à la fac qu’à l’école (rires) ! Pendant mes cinq ans à Brême, je rédigeais mon travail de recherche en même temps que j’entraînais. Lorsque je m’occupais de l’internat du Werder, je suis devenu adjoint de l’équipe U15 puis U16, un peu entraîneur numéro 1 des U15 aussi quand j’ai remplacé Florian Kohfeldt, qui avait intégré le staff de l’équipe pro et qui en est devenu l’entraîneur principal un peu plus tard avant de coacher Wolfsburg.

« J’ai beaucoup bossé avec l’équipe de Kai Havertz »

A quel moment avez-vous réellement basculé vers la psychologie ?
Après la fin de mes études, en 2015, j’ai eu l’opportunité de travailler comme psychologue du sport auprès des jeunes du Bayer Leverkusen, des U12 aux U19. J’y suis resté trois ans avant de faire la même chose avec l’équipe première de l’Arminia Bielefeld, en D2 allemande, où jouait un certain Jonathan Clauss… On n’a pas encore affronté l’OM cette saison donc je ne sais pas s’il est au courant que je suis dans le staff du FC Lorient mais on va bientôt se croiser ! Pour revenir à mon parcours en Allemagne, je suis retourné dans un centre de formation en 2020, au VfB Stuttgart.

Parmi les jeunes joueurs avec qui vous avez travaillé en Allemagne, qui pouvez-vous citer ?
Plusieurs d’entre eux ont intégré l’équipe première du Werder, comme Maximilian Eggestein, qui était en équipe d’Allemagne Espoirs et qui joue aujourd’hui à Fribourg. Mais celui qui est sans doute le plus connu, c’est Kai Havertz. Lors de ma première année à Leverkusen, il faisait partie de l’équipe U17 et ils avaient remporté le championnat. J’ai beaucoup bossé avec eux. Mais, dès la saison suivante, Kai a très vite été surclassé en équipe première.

Lorsque vous avez entamé des études de psychologie, c’était avec l’idée d’en faire usage dans votre carrière d’entraîneur ?
Tout à fait. Pour être honnête, mon père est psychothérapeute donc j’ai toujours un peu baigné là-dedans. En Allemagne, pendant les études, il faut choisir une majeure, le sport pour moi, et deux mineures, parmi lesquelles j’avais choisi la psychologie. J’avais donc déjà étudié un peu la psychologie et ça m’avait beaucoup intéressé. A la fin de mes études de STAPS, je ne savais pas trop quoi faire. Je n’avais pas envie de travailler dans une salle de musculation en tout cas. C’est pour ça que j’ai repris des études, en psychologie cette fois, en me disant que ça pourrait me servir pour le foot.

« Ajouter un autre point de vue »

Pour en venir à votre arrivée au FC Lorient, pouvez-vous décrire votre rôle au sein du staff de Régis Le Bris ?
Je suis un des entraîneurs adjoints, en charge des joueurs au niveau individuel. Le FC Lorient cherche à développer ses joueurs avec une méthodologie propre, que Vincent Gesbert met en place au centre de formation depuis la saison dernière. Certains joueurs du groupe pro qui viennent de l’académie sont déjà familiers de ces méthodes. Régis m’a appelé un jour pour me proposer de prolonger ce travail au sein du groupe professionnel. Une opportunité fantastique pour moi de retrouver le terrain, ce que j’adore, et d’ajouter mes méthodes inspirées de la psychologie. J’interviens à différents niveaux mais mon rôle est d’ajouter un autre point de vue, d’enrichir la vision que peut avoir le staff dans le travail avec un joueur. J’aide à identifier les besoins des joueurs et les membres du staff qui peuvent répondre à ces besoins, que ce soit le préparateur physique, le nutritionniste, le préparateur mental… Il faut avoir une vision globale pour ensuite suivre les joueurs sur le plan individuel.

Étudiez-vous particulièrement le comportement des joueurs sur le terrain, vis-à-vis des autres notamment ?
Ça arrive. Mais je n’aime pas juger un joueur sur cet aspect uniquement car de très grands joueurs ont parfois des comportements ou des gestes qui ne vont pas, la tête baissée par exemple, et ça ne veut pas pour autant dire qu’ils ne sont pas bons ou qu’ils ne sont pas bien intégrés dans leur équipe. Mon but est plutôt de faire connaissance avec le joueur pour voir ce qui est bien pour lui. Sans le connaître, dur de savoir ce qui va l’aider. Les réponses que je cherche ne se trouvent pas en tapant le nom d’un joueur sur Google. Mon travail à Lorient a donc commencé par cette phase de rencontre avec les joueurs, par des discussions, des observations, pour me rapprocher d’eux et m’intégrer au sein du groupe.

Quelle aide allez-vous apporter à un joueur qui ne va pas bien ?
Je peux lui demander s’il a besoin d’un conseil. En tout cas, je ne viens jamais en disant : « Fais ci » ou « Fais ça ». Ça ne marche pas comme ça. C’est évident que chaque joueur veut être performant, que chaque joueur veut montrer la meilleure version de lui-même. Mais on n’y arrive pas toujours seul. Certaines aides extérieures peuvent être nécessaires à la progression. Il faut bien observer les joueurs et, surtout, il ne faut jamais rien forcer.

« Je sentais de la méfiance chez les joueurs »

Les joueurs sont-ils réceptifs à vos méthodes différentes ?
Au FC Lorient, je suis entraîneur adjoint, je fais partie du staff. Mon rôle est beaucoup plus clair qu’à Bielefeld par exemple, où je n’étais « que » psychologue. Là-bas, j’étais sur le terrain mais uniquement dans un rôle d’observation. Je sentais de la méfiance chez les joueurs. Ils se demandaient ce que je leur voulais, disaient qu’ils n’avaient pas de problème. Au début, j’ai demandé aux joueurs leur opinion sur moi car je ne voulais pas commencer à travailler avec eux sans qu’ils m’acceptent mais c’était difficile. Ici, je ne suis pas là pour apporter une aide psychologique. C’est une compétence que j’ai mais mon travail avec les joueurs sur le plan individuel va au-delà de la psychologie. C’est un domaine parmi d’autres.

Savez-vous si beaucoup de clubs français font appel à des spécialistes de la psychologie ?
Aucune idée ! En Allemagne, ça existe dans plusieurs clubs mais il s’agit souvent d’intervenants extérieurs, qui ont leur cabinet et qui peuvent recevoir les joueurs. C’est rare que ce soit intégré au club.

« Lorient ? C’est tombé du ciel ! »

C’est donc Régis Le Bris qui vous a proposé de rejoindre son staff. Comment le connaissez-vous ?
Je connais le coach depuis 2011 et son stage au Werder dans le cadre du brevet d’Etat pour devenir directeur de centre de formation. Il avait choisi Brême car il y avait Mikaël Silvestre, avec qui il avait joué au début de sa carrière professionnelle à Rennes. Sur place, j’étais la seule autre personne qui parlait français donc je faisais un peu le traducteur. Après son stage, on a gardé contact. On s’écrivait parfois, puis, je lui ai rendu visite pendant l’été 2012 car j’étais en vacances dans le Finistère. Je suis revenu dans le coin en 2016 car j’y ai toujours des amis que j’ai rencontrés durant mes études à Brest. Régis avait rejoint Lorient entre temps et il m’avait fait visiter le centre d’entraînement. On a terminé dans son bureau à parler philosophie de jeu, méthodes de recrutement… On échangeait des idées sur comment améliorer la situation, sur comment transférer la responsabilité aux joueurs…

Et ensuite ?
A partir de ce moment-là, on s’est mis à échanger avec davantage de profondeur, trois ou quatre fois par an. En 2019, j’ai fait un stage d’une semaine à Lorient et on a discuté de plein de choses, à nouveau des façons de donner la responsabilité aux joueurs. Normalement, dans les centres de formation, notamment en Allemagne, on dit toujours aux joueurs ce qu’ils doivent faire. Ils s’adaptent, ils écoutent mais ils ne pensent pas par eux-mêmes. Comment laisser les joueurs réfléchir à leurs propres comportements, à leurs entraînements ? Ça a toujours été très intéressant de discuter avec Régis. Mais quand il m’a demandé si je m’imaginais au FC Lorient, je ne m’y attendais pas du tout. C’est tombé du ciel !

Régis Le Bris a expliqué que votre nomination pouvait « susciter de la curiosité ». Vous avez l’impression d’être un ovni dans le milieu du foot ?
L’utilisation de la psychologie dans le sport de haut niveau existe déjà même si ce ne sont pas souvent des psychologues qui sont en poste. Tous les grands entraîneurs s’appuient sur la psychologie. Ils s’intéressent profondément à la personnalité de leurs joueurs, comme Jürgen Klopp ou Vicente Del Bosque, que j’aimais beaucoup. Ces entraîneurs veulent savoir qui ils ont en face d’eux et ce qu’ils peuvent faire avec untel ou untel, pour gérer leur groupe au mieux. D’un point de vue scientifique, c’est de la psychologie mais, ici, je pense que ces entraîneurs ont surtout laissé parler leurs sentiments. D’autres entraîneurs fonctionnent différemment, avec un groupe fermé, où on parle moins. Ce n’est pas ma vision de l’humain au cœur du jeu et je pense que cette différence de fonctionnement a une influence sur les résultats de l’équipe…

« Des petits jeux de cohésion qui amènent des rires »

Gédéon Kalulu, le latéral droit du FC Lorient, racontait certains petits jeux que vous mettez en place entre les exercices à l’entraînement ou même loin des terrains. Quel est votre but ?
Il y a plusieurs sujets. Ce dont il vous a parlé, c’est une méthode peu connue encore mais que j’ai voulu amener d’entrée car elle permet de donner du rythme aux entraînements. On a des séances pas très longues mais très intenses et ces petits jeux permettent de réduire la charge corporelle et physique. Ce sont des petits jeux de cohésion ou de concentration qui amènent de la joie, des rires, où les joueurs partagent un moment ensemble sans pression.

Pouvez-vous nous décrire un de ces petits jeux ?
Il n’y a rien d’extraordinaire, ce sont des jeux que l’on peut trouver dans des livres ou sur Internet. Par exemple, une fois, les joueurs ont formé une chaîne humaine en s’allongeant sur le sol, les bras vers le ciel, et, un par un par un, ils se faisaient porter par tous les autres. Un peu comme les slams pendant les concerts. Ça permet de voir comment les joueurs travaillent ensemble. Ils se touchent, ça crée de la cohésion. Quand c’est au tour des joueurs les plus lourds, on entend les autres qui blaguent. Plein de petites choses entrent en compte.

« Il faudrait presque un exercice différent pour chaque joueur »

Pendant l’été, Régis Le Bris a aussi expliqué que vous étiez « chargé d’évaluer le profil des joueurs ». C’est-à-dire ?
Comme je vous l’ai dit plus tôt, j’ai observé le groupe à mon arrivée. J’échange aussi avec Vincent Gesbert à propos de ce qu’on peut faire ensemble avec le centre de formation et les pros. Dans cette démarche, on prévoit des petits entretiens avec tous les joueurs, des moments de discussion, pour évoquer leurs points forts, leurs points faibles… Ce qui nous permet de dégager un profil pour chaque joueur.

Il y a une méthode sur mesure pour chaque profil de joueur ?
C’est un peu ça. Il faut adapter sa manière de communiquer, les exercices… On pourrait presque dire qu’il faut un exercice différent pour chaque joueur. En réalité, il y a toujours des trucs qui marchent pour plusieurs joueurs mais le groupe de joueurs réceptifs à un exercice change selon le domaine. Pour un aspect, ce sera ces quatre joueurs-là et, pour un autre aspect, ce sera un de ces joueurs-là plus deux autres par exemple.

Les joueurs acceptent-ils facilement de se livrer lorsqu’ils discutent avec vous ?
Je n’ai jamais senti qu’ils se retenaient ou qu’ils n’adhéraient pas. Ça se passe ainsi car, ici, je suis entraîneur adjoint, pas psychologue. J’ai trouvé qu’il était très facile de parler avec les joueurs. Enfin, facile, mon français était un peu rouillé au début (rires) mais les joueurs ont été indulgents avec moi ! Après avoir pris mes marques, j’ai commencé à aller vers les joueurs pour leur demander s’ils avaient un moment pour parler avec moi, en marge des entraînements, le midi… Dans l’effectif, il y a Adrian Grbić, qui est Autrichien, plusieurs anglophones, donc je peux échanger avec eux dans leur langue maternelle sur la tactique, les exercices…

En Allemagne, vous avez surtout travaillé auprès des jeunes. Comment adapte-t-on sa méthode à un groupe de joueurs plus âgés ?
Comme dans la vie de tous les jours. Ce n’est pas spécifique au foot. Un joueur de 32 ans a plus d’expérience qu’un joueur de 20 ans, c’est évident. C’est plus facile d’échanger sur les opinions, les idées, avec les joueurs plus expérimentés. Les jeunes peuvent avoir tendance à suivre l’avis de leur interlocuteur alors que, moi, je veux connaître leur opinion, pas qu’ils adaptent leur discours à ce que je pense. Est-ce que tu dis ça parce que tu le penses ou parce que tu crois que c’est ce que je pense ?

On en revient un peu à la prise de responsabilités…
Oui, la responsabilité intervient partout, sur le terrain comme dans la vie. En caricaturant un peu, on peut dire que la plupart des gens découvrent des responsabilités, et un tas de choses nouvelles, lorsqu’ils grandissent et qu’ils partent de chez leurs parents, sans beaucoup d’argent. La plupart des footballeurs n’ont pas connu ça. Comment faire du coup ?

« Ce n’est jamais facile de s’adapter »

Est-ce plus facile d’apprendre des méthodes nouvelles à des joueurs plus jeunes ?
Ça dépend. Moi, je pense avoir compris le monde à 18 ans et je n’avais pas envie qu’on m’explique la vie. Mais, à 30 ans, j’avais davantage d’expérience, je savais mieux ce que je voulais et ce que je ne voulais pas. Tout ça pour dire que ce n’est pas plus facile de s’adapter à une méthode nouvelle quand on est jeune. Ce n’est jamais facile de s’adapter. Les jeunes joueurs que je fréquente font partie de l’effectif professionnel. S’ils ont décroché un contrat pro, c’est grâce à leur comportement et grâce à leur jeu. Ils ont déjà réussi à atteindre des objectifs élevés, ce qui signifie qu’ils n’ont pas fait beaucoup d’erreurs par le passé. Quel intérêt pour eux de changer leur façon de faire ? Quel intérêt pour eux de sortir d’un environnement dans lequel ils sont à l’aise ? Pour qu’il y ait un vrai changement, il faut que ce soit le joueur qui le veuille. C’est pour ça que je parle avec les joueurs, que je veux savoir d’où ils viennent et où ils veulent aller. C’est ici que se joue le changement. Ce n’est pas comme à l’école où l’on dit aux élèves quoi faire.

Est-ce qu’on s’adresse différemment aux joueurs en Allemagne et en France ?
C’est un peu pareil partout. Là où je sens une différence, c’est dans le staff, car on échange beaucoup, sur tout. Régis a installé ce fonctionnement où il nous demande beaucoup notre avis. Si je dois présenter quelque chose aux joueurs, je le présente d’abord aux autres membres du staff pour qu’ils puissent me donner leurs idées, ce qui est très enrichissant. En Allemagne, les fonctions des uns et des autres sont un peu plus compartimentées. Mais je crois que je suis tombé dans un groupe exceptionnel à Lorient, des joueurs au staff.

Êtes-vous impliqué dans les causeries ?
Je participe parfois à la préparation des causeries mais Régis est déjà très bon dans ce domaine, il n’y a pas grand-chose à améliorer. Lors des premières semaines, il me demandait parfois mon feedback sur ses causeries. C’est ensuite devenu naturel pour le staff de faire ses retours. Les joueurs sont également invités à réagir et ils interviennent désormais naturellement. Pour rester sur les causeries, on a aussi ajouté des sous-titres en anglais. Régis prépare son discours et je le traduis ensuite.

« Un autre sport signifie une autre manière de voir les choses »

Que pensez-vous de la superstition dans le football ?
C’est toujours les mêmes gestes. D’abord la jambe gauche, toujours… Non (rires), je ne fais pas attention à ça. Je sais que pas mal de joueurs ont leurs petites habitudes et que c’est important pour eux, que ça leur donne une certaine sécurité… Pour moi, ça ne change rien. En revanche, si je dis aux joueurs qui ont des superstitions d’arrêter, c’est là que ça risque de changer quelque chose !

Pour terminer, vous inspirez-vous des autres sports dans votre métier d’entraîneur adjoint et dans votre approche psychologique ?
Oui, j’adore le tennis et le basket. J’ai regardé The Last Dance notamment, un documentaire formidable qui montre combien Phil Jackson, le coach des Bulls, était fort. Il donnait beaucoup de liberté à ses joueurs. J’ai adoré ses livres. J’ai aussi beaucoup aimé le livre de Jim McGuinness, un joueur irlandais de football gaélique devenu entraîneur, avec qui j’ai pu discuter lors de plusieurs conférences. On avait notamment parlé de la façon de construire son équipe. Pour ce qui est du tennis, c’est un sport particulier car la dynamique d’un match peut changer d’un moment à l’autre. Timothy Gallwey en parle très bien dans son livre, Le jeu intérieur du tennis. Un autre sport signifie une autre manière de voir les choses, surtout lorsqu’il s’agit d’un autre pays, d’une autre culture. Tout ça aide à mieux comprendre le jeu, son équipe, ses joueurs…