Interview

Breel Embolo : « Je suis encore loin d’exploiter toutes mes capacités »

Breel Embolo : « Je suis encore loin d’exploiter toutes mes capacités »

Interview
Publié le 10/11 à 18:19 - ADS

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Prolifique comme jamais avec l’AS Monaco, l’attaquant international suisse Breel Embolo évoque son adaptation avant la réception de l’OM dimanche mais aussi la concurrence avec Ben Yedder et Volland, les nombreuses attentes ou encore Choupo-Moting.

Breel, tu démarres sur des bases statistiques élevées puisque tu as déjà marqué 7 buts en Ligue 1 Uber Eats alors que tu n’étais pas habitué à être aussi prolifique en Bundesliga. Peux-tu nous parler de ton adaptation ?
J’ai signé à l’AS Monaco dans l’idée de progresser et, ici, j’ai trouvé un groupe très solide et très compétitif, avec beaucoup de qualités. Ma saison dernière avec le Borussia Mönchengladbach n’était pas si mal et je suis content d’avoir continué sur ma lancée avec Monaco. Mais je dois encore beaucoup travailler. Sur les deux ou trois derniers matchs, on a pu voir que je n’étais pas à mon meilleur niveau, notamment en termes de concentration. Je vais travailler pour aider l’AS Monaco à gagner des matchs, pas seulement avec des buts et des passes décisives, parce que je ne me définis pas que par ça. Il faut que je sois présent en attaque, en défense, tactiquement…

« J’essaie d’éviter les duels au maximum »

Tu imposes ta puissance physique aux défenses adverses. Tu insistes sur cet aspect à l’entraînement ?
Après mon premier match avec Monaco, Youssouf Fofana et Axel Disasi m’avaient envoyé la vidéo d’un bodybuilder qui entrait dans une salle et qui cassait tout. Selon eux, c’est à ça que mes débuts en Ligue 1 avaient ressemblé (rires) ! Vous n’allez peut-être pas me croire mais j’essaie d’éviter les duels au maximum. Avec mon gabarit, les défenseurs ont parfois envie de se mesurer à moi mais il ne faut pas que ça devienne trop personnel, il faut que je reste concentré sur ce que je dois faire pour l’équipe. Mais oui, depuis 3-4 ans, je joue davantage sur mon physique. Après avoir connu de petites blessures, j’ai davantage travaillé pour me renforcer musculairement et j’ai gagné en volume. Mon jeu a donc évolué aussi, je me suis adapté pour jouer avec mes qualités. J’essaie de les exploiter à 100%, ce qui passe par les duels et le fait de demander la balle pour que l’équipe puisse remonter et attaquer.

Tu évoquais les duels. Dimanche, avec la venue de l’Olympique de Marseille à Louis-II, il y en aura de beaux au programme avec Chancel Mbemba et Samuel Gigot…
(Il coupe). Et Sead Kolašinac ! Si l’OM a perdu des matchs dernièrement, ce n’était pas toujours mérité car ils jouaient très bien offensivement pendant 45 ou 60 minutes, avec beaucoup d’énergie. Pour moi, c’est une bonne équipe, qui a fait un parcours honorable en Ligue des champions même si ça s’est mal fini. Quand je vois le match qu’ils ont fait contre Sporting ou Tottenham, on voit qu’il y a beaucoup de qualité. J’espère qu’on fera un bon match contre l’OM, surtout que ce sera en prime time et qu’il s’agira du dernier match avant la Coupe du monde. Il va falloir tout donner pour prendre les trois points à la maison car on en a absolument besoin.

« Personne n’a mis personne sur le banc »

Wissam Ben Yedder et Kevin Volland ont très bien marché avec l’AS Monaco la saison dernière et tu t’es malgré tout imposé très rapidement en Principauté. Est-ce que tu t’attendais à ce que ça vienne si vite ?
Je ne crois pas qu’on puisse dire que je me suis imposé, ce n’est pas le bon mot. En arrivant ici, j’ai vu qu’on avait des attaquants avec des qualités différentes, aux côtés de qui je pouvais apprendre. Personne n’a mis personne sur le banc car il y a une vraie rotation entre Wissam, Kevin, Myron Boadu et moi, même si Myron a été blessé plusieurs semaines. Pour être fort, il faut que tous les attaquants soient en confiance au moment où on fait appel à eux. On a plutôt réussi à le faire ces derniers mois : Kevin vient de claquer un triplé en Europa League, Wissam marque beaucoup… Il ne manque que Myron, qui a été gêné par des blessures. Mais je ne veux pas parler de concurrence car on a besoin de tous les joueurs offensifs pour faire gagner l’équipe.

Tu t’es révélé très jeune et tu as dû attendre avant d’exploiter ton potentiel comme cette saison. As-tu le sentiment d’avoir franchi un palier ?
Il y avait beaucoup d’attentes lorsque je suis arrivé en Allemagne (à Schalke 04 lors de l’été 2016) mais au bout de sept matchs, je me suis blessé et j’ai raté le reste de la saison. C’était normal de courir après le temps au début mais je ne me suis jamais mis la pression même si j’ai des objectifs très élevés. Je connais mes qualités et je ne les ai jamais perdues de vue. Je sais qu’il me reste beaucoup de travail à faire car je suis encore loin d’exploiter toutes mes capacités. Pour revenir sur mes matchs en Bundesliga, je faisais souvent de bonnes performances mais il manquait souvent ce petit but qui fait la différence.

Ça t’a touché ?
Non car je savais que le contenu était bon. Maintenant, c’est sûr que lorsque tu joues attaquant, tu as la responsabilité de marquer. J’avais bien ça en tête et j’avais toujours cette faim de marquer. Avec les années, j’ai grandi, j’ai changé d’équipe, j’ai eu des rôles différents… Il ne faut pas oublier que je n’avais que 19 ans lorsque je suis arrivé en Allemagne et que j’avais des joueurs comme Klaas-Jan Huntelaar ou Eric Choupo-Moting devant moi. On n’attendait pas de moi que je claque 25 buts dès le début. Et comme je l’ai dit tout à l’heure, ça a mal commencé pour moi avec presque un an et demi blessé. Maintenant, j’enchaîne les matchs. Mon style de jeu a changé, ma façon de penser et ma préparation aussi. Ça vient avec l’expérience. Les difficultés font partie de l’apprentissage.

« Je n’ai pas encore atteint ma limite »

On dit parfois que c’est plus facile pour les attaquants de briller en Bundesliga, que le jeu y est très ouvert, et, paradoxalement, c’est en Ligue 1 que tu marques le plus...
C’est vrai que lorsqu’on regarde les stats, on pourrait se dire que ce championnat est plus adapté à mon style mais je ne crois pas que ce soit ça. J’ai quand même fait mes saisons en Allemagne, à Mönchengladbach ou lors de ma dernière saison à Schalke. Une fois que j’étais moins embêté par les blessures, j’ai pu me développer comme attaquant. J’apprenais et, petit à petit, je me rapprochais des attentes qu’il y avait envers moi. Je l’ai toujours dit : je n’ai peur de rien, j’ai de grosses attentes envers moi et je n’ai pas encore atteint ma limite. J’essaie d’apprendre tous les jours des gens qui sont autour de moi, de répéter les bonnes performances tous les trois jours, car c’est ça qui fait la différence si tu veux devenir un grand attaquant.

Est-ce que tu t’es fixé un objectif de buts cette saison ?
Non, je trouve ça un peu bête (sourire). J’ai un chiffre en tête mais ce n’est pas un objectif à atteindre à tout prix. Je vais me répéter mais je ne me définis pas uniquement par les buts. Le plus important, c’est de finir le plus haut possible avec l’AS Monaco et, après, je ferai le bilan d’un point de vue personnel, j’analyserai où j’aurais pu être meilleur.