Interview

L’interview « première fois » de Ludovic Giuly

L’interview « première fois » de Ludovic Giuly

Interview
Publié le 27/03 à 12:45 - ADS

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Premier maillot, premier club supporté, première au stade… Actuel adjoint de Laurent Blanc en charge des attaquants à l’OL, Ludovic Giuly avait joué le jeu de l’interview « première fois » pour Ligue 1.fr.

Ludovic, quel est ton premier souvenir de foot ?
J’allais presque tous les jours au stade. Mon père était gardien de but donc il m’emmenait souvent avec lui au club de Chasselay, où j’ai commencé à l’âge de 4 ans. Je ne regardais même pas les matchs à l’époque, j’étais juste content de pouvoir jouer. J’adorais être gardien, je voulais que mes potes me mettent des pralines pour pouvoir plonger dans la boue.

Gardien était ton premier poste ?
Je jouais gardien avec mes copains mais mon père m’a toujours dit qu’il ne fallait pas que je sois dans les buts. A 5-6 ans, on ne savait pas encore quelle serait ma taille mais ma mère et mon père n’étaient pas bien grands donc forcément… Mon père voulait que je joue dans le champ. J’allais déjà vite et je courais dans tous les sens. Mais dès que j’en avais l’occasion, et c’est encore le cas aujourd’hui quand je joue avec des potes, je prends les gants et je me mets dans la cage. Je kiffe ça.

Ali Bouafia, Michael Jordan et l'OL

Et ton premier maillot ?
Un jour, j’étais au champ de course à Lyon avec mon père et il y avait des joueurs de l’OL dont Ali Bouafia. On a un peu discuté avec lui et j’ai fini par lui demander son maillot. Enfin, ça devait plutôt être mon père car j’étais très timide. Ali Bouafia m’a dit : « Viens mercredi à Gerland et je te donnerai mon maillot ». Ce jour-là, j’avais entraînement à l’OL et il faisait un temps de chien. Il pleuvait des cordes, il y avait de l’orage. Jamais de la vie j’imaginais qu’il se souviendrait de moi et de l’histoire du maillot. J’arrive trempé devant le vestiaire des pros et je vois Ali Bouafia qui me dit de venir avec lui. Il me tend une serviette puis me donne un maillot RTL rouge en coton molletonné, avec son numéro 9. Je l’ai gardé des années. J’avais 12 ans et c’est le premier vrai maillot que j’ai eu. Mais je n’ai jamais été fan de personne à part Michael Jordan.

Il s’agit de ta première idole ?
Clairement. Le seul poster que j’avais dans ma chambre, c’était un poster de Michael Jordan. Je ne suis pas spécialiste de basket mais il m’impressionnait. Quand je le regardais jouer, j’étais captivé par ses sauts. J’avais l’impression qu’il volait.

Quel est le premier club que tu as supporté ?
L’OL, forcément, parce que j’étais lyonnais. Le club était en 2e division à l’époque. J’allais très peu à Gerland et je ne regardais pas beaucoup les matchs car je voulais être sur le terrain, moi. Je ne voulais pas être spectateur, je voulais jouer. Quand j’étais au centre de formation de l’OL, on pouvait avoir des places pour aller voir l’équipe première. Il y avait une belle ambiance mais moi, ce qui m’intéressait, c’était d’être sur le terrain.

Te souviens-tu de ta première fois dans un stade ?
Je ne me souviens pas exactement mais c’était un match de l’OL à la fin des années 1980. Je me souviens surtout des repères qui changeaient. Quand tu es gamin, tu joues dans ton stade de village donc tu connais tout par cœur et il n’y a personne qui te regarde. Là, le stade est grand, le terrain est immense, les joueurs sont grands… C’est une nouvelle dimension. Ça m’avait impressionné.

Patrick Vieira, « plus beau jour de ma vie » et superstition

Quand as-tu pris conscience pour la première fois que tu avais le potentiel pour devenir pro ?
Je ne me suis jamais dit ça. Mais à 15-16 ans, j’ai eu un déclic. On a gagné le championnat avec les jeunes de l’OL donc ça devenait sérieux. Et l’année d’après, on gagne la coupe Gambardella. C’est là que je me suis dit qu’il fallait tout donner.

Quels souvenirs gardes-tu de ton premier match pro ?
J’étais remplaçant lors d’un match de championnat contre Cannes (en janvier 1995). Je rentre à une vingtaine de minutes de la fin et je tombe sur Patrick Vieira. Je ne savais pas qui c’était mais il était grand… J’ai une image en tête où je lui cours après pour lui prendre le ballon…

Et ton premier but en pro ?
J’avais marqué un but lors d’un amical pendant un stage d’avant-saison en altitude. J’avais mis un but de folie, une belle frappe de loin après un corner, et c’était le plus beau jour de ma vie. Mon père doit encore avoir l’article. J’avais dit à Ghislain Anselmini : « C’est le plus beau jour de ma vie ». Et en match officiel, je crois que j’avais mis mon premier but contre Rennes et j’avais inscrit un doublé (l’OL avait fait 2-2 à Gerland après avoir été mené 2-0).

La première chose à faire en entrant sur le terrain ?
Je faisais toujours la même chose. J’entrais du pied gauche, je faisais trois pas, je sautais du pied gauche et je me réceptionnais puis je faisais pareil du pied droit et j’accélérais. Pourquoi ? Je ne sais pas. L’accélération me permettait de savoir si j’étais bien ou pas. Et quand j’étais vraiment bien, je faisais même des zigzags.