Interview

Arnaud Pouille : « La prolongation de Seko a été relativement évidente »

Arnaud Pouille : « La prolongation de Seko a été relativement évidente »

Interview
Publié le 12/04 à 09:46

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Après 17 ans passés dans le rugby, Arnaud Pouille est revenu dans sa région en rejoignant le RC Lens où il est directeur général depuis juin 2017. Dans l’émission consacrée aux Sang et Or sur la chaîne Twitch de la Ligue 1 Uber Eats, il est revenu sur la stratégie du club dans le recrutement, la formation ou encore le maillot collector.

La prolongation de Seko Fofana restera un grand moment de cette saison avec une annonce faite au stade Bollaert-Delelis. Cela doit être une grande satisfaction ?
En interne, sa prolongation a été relativement évidente. Ça n’a pas été la chose la plus complexe à gérer. Nous avons transformé une difficulté en opportunité. Quand on a senti qu’il s’investissait dans le club, qu’il choisissait les maillots pour la saison 2024/25, les tenues de ville pour la saison suivante, on s’est dit : « Lui, il n’est pas parti » Oui, les joueurs regardent les opportunités qui se présentent. S’il n’y a rien qui leur va vraiment et qu’ils sont bien à Lens, il se disent peut-être qu’ils ont encore des choses à y faire. Notre volonté au RC Lens est de jouer sur la dynamique collective, où chacun apporte son énergie. Et Seko a toujours eu ça depuis son arrivée.

En parallèle, le RC Lens tient également à développer sa stratégie de formation. Pouvez-vous nous l’expliquer ?
Cela a toujours existé à Lens. Gervais Martel a investi massivement sur les années fastes du club dans le centre de formation, La Gaillette. Les années de Ligue 2 ont été compliquées dans ce domaine : des joueurs ont dû partir car nous n’avions pas les moyens de les conserver. Les jeunes qui jouaient en U17 et U19 nationaux, quand ils arrivaient en Ligue 2 BKT, ils avaient envie d’aller voir plus haut assez vite. Donc nous avons eu des générations entières où les jeunes sont partis. Cela prend du temps à reconstruire. Depuis cette saison, nous nous sommes redéployés sur la formation. Je pense que cela va porter ses fruits avec Franck Haise et les bons éducateurs dont nous disposons. L’idée n’est pas de faire de la formation à tout-va. Franck souhaite faire jouer les meilleurs. C’est un formateur dans l’âme. Son idée est d’en intégrer progressivement au groupe professionnel. D’abord aux entraînements, pour prendre de l’expérience. Ensuite, petit à petit dans le groupe, et enfin sur le terrain. Quand nous observons qu’à Rennes, où il y a 20 ans d’expérience, il y a des 2005 qui jouent en Ligue 1 Uber Eats, nous voyons que cela peut arriver rapidement sur ces générations. Mais ce marché est concurrentiel.

« Pour le recrutement, il faut travailler dans l’ombre »

En effet, comment procédez-vous pour conserver vos pépites face à la concurrence notamment étrangère ?
Nous essayons d’avoir peu de joueurs au sein du groupe, de manière à ce que chacun ait son utilité. Et aussi d’optimiser l’investissement. Mais avant tout, il faut travailler dans l’ombre. Car lorsqu’il y a plusieurs clubs intéressés, ça devient plus compliqué. Et il y a des dossiers où lorsque l’on sait qu’il y a des mastodontes en approche, on préfère switcher sur un autre. Nous tentons notre chance tout en restant lucides sur ce que nous sommes.

Pouvez-vous nous expliquer les changements qui ont été apportés à l’organisation de la cellule de recrutement cette saison avec le départ de Florent Ghisolfi pour l’OGC Nice ?
Grégory Thil s’occupait du recrutement depuis 2020. Il était à la tête de la cellule. Quand Florent est parti, nous avons donc promus Grégory sur la partie direction technique en étendant un peu son champ d’action. Son travail est plus restreint que celui qu’avait Florent. Il est vraiment sur les parties recrutement et gestion de l’effectif. Il n’a pas d’œil sur la formation ou les féminines. Ce rôle revient à Franck Haise.

« Le maillot collector est devenu le maillot attendu »

Côté mercato, l’été dernier le RC Lens a rapidement trouvé les successeurs de Cheick Doucouré et Jonathan Clauss. Comment aviez-vous procédé ?
Il faut être malin. Cheick Doucouré était là depuis 2018. Il faisait partie de la renaissance du club. On savait qu’il allait avoir des clubs anglais sur lui. On sentait qu’il allait partir. Son remplaçant, Salis Abdul Samed, vient de la même académie que lui. Ils ont les mêmes conseillers. On s’est renseigné sur lui et cela s’est fait naturellement. Salis est arrivé l’avant-veille du départ de Cheick, et c’est lui qui l’a accueilli dans le vestiaire. De même, quand Jonathan Clauss est parti, Jimmy Cabot était là.

Pour finir, évoquons une des particularités du RC Lens qui fait son identité, à savoir son maillot collector. Racontez-nous comment cette réussite a été mise en place.
La Sainte-Barbe est la fête des mineurs le 4 décembre. Nous souhaitions redonner du sens à l’ADN du club. La première opération a été lancée lorsque l’on évoluait en Ligue 2 BKT. Nous avions mis en place l’opération face à Chambly à Bollaert. C’était très sympa avec 33.000 spectateurs. A l’époque, nous avions un équipementier qui avait déjà créé un beau maillot événementiel avec la Lazio et qui nous avait dit que cela pouvait aussi marcher chez nous. Nous avons alors consulté les supporters qui ont adhéré à l’idée. Et le premier maillot est né, il était noir et vert. Depuis, nous avons pris l’habitude tous les ans d’avoir un maillot collector. Et tous les ans, nous sommes pris de court sur les stocks. Ça devient vraiment le maillot attendu. Il y a toujours une référence au bassin minier ou au club, comme une année où il y avait imprimé dessus des petites lampes de mineurs. Celui de cette saison porte l’ancien blason du club, pour l’histoire. Depuis quelques saisons, nous impliquons les joueurs dans les choix. Ils sont d’ailleurs fiers de porter ce maillot collector. Ça devient des pièces de collection. Cette année, nous avons augmenté l’édition (8 000 maillots), mais tout a été vendu en une journée.