D. Maradona
Légendes

Le jour où Toulouse a renversé le grand Naples de Maradona

Le jour où Toulouse a renversé le grand Naples de Maradona

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Publié le 25/11 à 18:53 - AFP

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Automne 1986. Le Toulouse FC éliminait le Napoli de Diego Maradona en coupe de l’UEFA. Retour sur un match mémorable.

L'écho de l'exploit résonne encore. Le 1er octobre 1986, le Toulouse FC renversait le grand Napoli de Diego Armando Maradona au premier tour de la Coupe de l'UEFA, un souvenir resté ancré dans les mémoires. Avec les années, la précision des souvenirs s’estompe un peu. Restent les sourires qui affleurent toujours dans la Ville Rose à l'évocation de la soirée magique du match retour.

Dès le tirage au sort, le monde des Violets s'était réjoui à l'idée « d'admirer le messie », Maradona, tout juste sacré champion du monde au Mexique avec l’Argentine, une compétition qu'El Pibe De Oro avait survolé de son talent, marquée par la polémique sur sa « main de Dieu » contre l'Angleterre (2-1). Après la courte défaite (1-0) de l'aller devant les 85 000 tifosi installés dans le « cratère » du Stadio San Paolo de Naples, les supporters toulousains voulaient « croire au miracle », se souvient l'attaquant argentin Beto Marcico. « On se disait : c'est possible », confirme le défenseur Benoît Tihy.

« Victoire tactique »

Face au « grand Napoli », selon la formule de Pascal Despeyroux, le tournant de la rencontre a peut-être eu lieu dès la 10e minute. Auteur du but victorieux à l'aller, Andrea Carnevale s'est échappé mais a perdu son duel face à Philippe Bergeroo. « Un but aurait tout changé », concède le milieu de terrain. A l'inverse, les Toulousains n'ont pas laissé passer leur unique occasion quelques minutes plus tard. Marcico raconte : « Jean-Philippe Durand écarte. Je déborde à droite. Je peux centrer du droit mais je me mets sur mon pied gauche. Je donne à Gérald Passi qui reprend. Le gardien Claudio Garella repousse sur Yannick Stopyra qui place le ballon sur le côté gauche du but (15e) ».

La clef de la qualification est aussi tactique. Pour des raisons morphologiques et d'expérience, l'entraîneur Jacques Santini avait finalement préféré le défenseur latéral Benoît Tihy (1,72 m) comme chien de garde de Maradona plutôt que Despeyroux (1,86 m), jeune et fougueux récupérateur. Or, Tihy a été parfait. A Naples, face à un Maradona meneur, comme au Stadium, où l'Argentin a évolué en deuxième attaquant. Il l'a muselé, sans commettre de fautes. « Je me disais ‘Interdiction de faire la moindre erreur ! Sinon, ça coûtera cher’ », se remémore Tihy, encore sous le charme. « Maradona est venu me féliciter. Peu de grands joueurs l'auraient fait », sourit-il.

« Pas d'indice »

La séance des tirs au but a mal débuté : Stopyra manquant le sien, tandis que Bruno Giordano, Moreno Ferrario et Alessandro Renica ont inscrit le leur. Marcico, Jean-Philippe Durand et Jean-Jacques Marx ont rétabli l'équilibre (3-3) quand Salvatore Bagni s'est avancé. Bergeroo : « J'ai pensé : ‘S'il réussit, c'est mort ! Maradona marquera’. Mais sur sa dernière foulée, je vois qu'il ouvre l'épaule. Je pars du bon côté, j'entends la clameur du public ».

Le champion du monde argentin 1978 Alberto Tarantini a mis Toulouse devant (4-3) quand Maradona, enfin, se présente. Bergeroo encore : « Alberto m'avait répété de ne donner aucun indice. Que Diego regardait toujours où allait le gardien avant de frapper pour mettre le ballon à l'opposé ». « Sur les deux dernières foulées, j'ai vu qu'il hésitait. Dans ma tête, la balle n'était pas cadrée. Elle était loin », dit-il. Elle a finalement tapé le poteau, puis sa cuisse avant de partir. « La chance avait été de notre côté », sourit Bergeroo.

Après cet exploit, sans lendemain, le TFC étant éliminé au tour suivant par le Spartak Moscou (3-1, 1-5), la fête fut magnifique. « C'est la performance de ma carrière », admet Marcico. Après son échec, Maradona a, lui, semblé sonné. Tihy revoit la scène : « Il s'est pris la tête entre les mains. L'habituel héros est retourné vers son banc comme un petit garçon perdu ».

(Photo : Calciomio)