C'était un soir de mai 2013... Le Paris Saint-Germain, sacré champion avant de débuter la rencontre, recevait le Stade Brestois 29 déjà relégué en Ligue 2 BKT. A 18 ans, Brendan Chardonnet, né tout près de Brest et formé au club, évoluait alors dans l'équipe réserve. Déjà ravi d'être inclus dans le groupe, il ne s'attendait pas à entrer jouer des coudes avec Zlatan Ibrahimovic pour la dernière demi-heure. « C'est un souvenir exceptionnel, surtout l'ambiance. Moi je jouais avec la réserve devant 100, 150 personnes, et là je me retrouve devant 45.000 personnes. Ça marque », raconte-t-il.

Ce jour-là, les caméras étaient braquées sur David Beckham, qui disputait son dernier match : « Quand il est sorti, tout le monde s'est arrêté de jouer, tout le monde l'a applaudi, spectateurs, adversaires. C'était une icône du foot ». Le retour en CFA2 dès le lendemain a été assez brutal, de même que les longues saisons sur le banc de Brest, en joker occasionnel en Ligue 2 BKT. Finalement, après un prêt d'une saison à Epinal (National) en 2015/2016, Brendan Chardonnet a commencé à gagner du temps de jeu.

« Prise de conscience »

« A chaque fois que je jouais j'étais toujours plutôt performant et il y avait des commentaires plutôt positifs. C'était agréable à entendre. Mais je n'enchaînais jamais, et au bout d'un moment c'est devenu vraiment pesant », raconte-t-il. Surtout quand Brest est remonté en Ligue 1 Uber Eats la saison dernière. Quand l'équipe se déplace dans les grands stades du pays, rester sur le banc est encore plus pesant.

Finalement, sa chance arrive en février : une ouverture le temps de la suspension d'un coéquipier, et le voilà qui enchaîne jusqu'au confinement. Et depuis la reprise, Brendan Chardonnet monte en puissance. Fin décembre, il a inscrit son premier but en Ligue 1 Uber Eats contre Montpellier Hérault SC (2-2). Mercredi face à l’OGC Nice (2-0), il a été l'un des meilleurs Brestois, impérial dans les duels, à terre comme dans les airs, tout en sérénité.

« Il y a eu une prise de conscience chez Brendan Chardonnet. Il s'est rendu compte que le haut niveau exigeait plus de travail », a commenté son entraîneur Olivier Dall'Oglio. « Il a appris à se connaître, avec ses qualités et ses défauts. (..) Il est allé puiser dans ses ressources mentales et, pour le coup, il a progressé ».

« Un peu foufous »

Dans un rapport de l'Observatoire du football du Centre international des études sportives (CIES), il est d'ailleurs classé 6e meilleur joueur d'Europe dans les duels, seul joueur de Ligue 1 Uber Eats dans le Top 10 de cet indicateur.

Il a encore une marge de progression dans la relance, et parfois encore dans la concentration. « Un micro-oubli et les attaquants en profitent », reconnaît Chardonnet. A plus forte raison les flèches du PSG... D'autant que la défense brestoise n'a pas brillé par sa discipline cette saison : 31 buts encaissés cette saison, contre 30 marqués, soit une moyenne totale de 3,4 buts par match. Spectacle garanti !

« On aimerait bien être un peu moins spectaculaires défensivement. Mais il y a eu une évolution. On était un peu foufous, tous à l'abordage (...). On s'est dit qu'on allait être un bloc, arrêter de presser partout sur le terrain », explique-t-il. De bonnes résolutions à tenir face au PSG ? « On sait que Paris c'est plus compliqué », reconnaît Chardonnet. « Mais dans la tête, ça fait plus vibrer. »