J29

Munetsi et Kadewere, un Reims-OL sous le signe du Zimbabwe

Munetsi et Kadewere, un Reims-OL sous le signe du Zimbabwe

J29
Publié le 11/03 à 18:17 - AFP

Partager

Arrivé sans faire de bruit à l'été 2019, le Zimbabwéen Marshall Munetsi est devenu une valeur sûre au Stade de Reims à l'heure d'affronter l'Olympique Lyonnais et de retrouver son compatriote Tino Kadewere, un ami d'enfance, vendredi en Ligue 1 Uber Eats (21h).

Capable d'évoluer en défense et au milieu, le joueur arrivé en provenance des Orlando Pirates (D1 sud-africaine) a su profiter de sa polyvalence pour s'imposer comme un cadre aux yeux de l'entraîneur champenois David Guion. « Il remplit parfaitement le rôle que je voulais lui confier en apportant sa valeur athlétique, sa puissance et son état d'esprit », a expliqué à l'AFP le technicien, qui a déjà utilisé Marshall Munetsi à 22 reprises cette saison.

Tantôt au milieu, son poste de prédilection, tantôt dans l'arrière-garde du Stade de Reims, au gré des blessures et des suspensions de la charnière centrale Wout Faes - Yunis Abdelhamid, le jeune joueur de 24 ans répond présent. « Quand l'entraîneur me donne ma chance, quel que soit le poste, je dois donner le meilleur de moi-même. Ce qui compte avant tout, c'est le groupe », assure à l'AFP l'athlétique international zimbabwéen (1,87 m).

Première entre Zimbabwéens

« Au-delà de sa polyvalence et de ses qualités de footballeur, il a un état d'esprit exemplaire qui lui permet de progresser, on le voit bien cette saison. Pour un entraîneur, ce garçon, ce n'est que du plaisir », loue David Guion de son joueur. Des qualités que Marshall Munetsi dit puiser dans l'éducation qu'il a reçue. « Mes parents m'ont appris à respecter, aider et aimer les autres. Dans le sport, être un bon coéquipier, une bonne personne, ça aide aussi beaucoup », estime le milieu qui reconnaît avoir grandi dans « une famille très éduquée ».

Formé dans ce pays très pauvre du sud de l'Afrique, où le football est populaire malgré une équipe nationale modeste (112e au classement Fifa), le Champenois y a régulièrement croisé la route d'un certain Tinotenda Kadewere. « Il jouait pour l'école voisine, on s'affrontait souvent et il y avait une certaine rivalité entre nous deux (rires) ! Mais on est rapidement devenu de bons amis en se retrouvant en sélection chez les U17 », raconte-t-il.

Tino Kadewere évolue désormais à l’Olympique Lyonnais et Munetsi à Reims. Quand les deux joueurs se sont retrouvés en novembre dernier (victoire 3-0 de l’OL), ils n'ont pas pu cacher leur fierté. « On s'est dit qu'on marquait l'histoire de notre pays, se félicite le milieu du SDR. C'était la première fois que deux joueurs zimbabwéens s'affrontaient en Europe. »


« Donner de l'espoir »

En sélection, ils forcent également l'admiration de leurs partenaires, dont la plupart évoluent en Afrique ou dans des clubs européens mineurs. « On nous pose toujours beaucoup de questions sur la vie en Europe, sur la Ligue 1 Uber Eats, sur Kylian Mbappé », s'amuse Marshall Munetsi. Lorsqu'il est devenu professionnel à 19 ans en Afrique du Sud, le Champenois a souhaité rendre au Zimbabwe ce qu'il lui avait apporté : « Au début, j'aidais mon frère et ma sœur. Puis, j'ai voulu créer ma fondation. »

Aujourd'hui, celle-ci finance notamment la scolarité de 60 enfants de Mabvuku, la banlieue de la capitale, Harare, où le joueur a grandi. « Certains jeunes garçons tombent dans la drogue et certaines jeunes filles sont mariées de force au lieu de poursuivre leurs études ou leur carrière, c'est d'autant plus frappant avec la crise que nous traversons. On essaie de les aider, leur donner de l'espoir », explique le numéro 15 de Reims à l'AFP. 

Ainsi, chaque mois, le joueur consacre une partie de son salaire à sa fondation, soutenue par l'Unicef, et ce malgré la récente baisse de salaire collective consentie par l'effectif du club, afin de l’aider à passer la crise. « La pandémie est une période difficile pour tout le monde mais nous sommes privilégiés de pouvoir continuer à jouer. On se doit d'apporter de l'espoir et de la joie aux autres », conclut Marshall Munetsi.