Bilan

Strasbourg : Analyse de la méthode Stéphan

Strasbourg : Analyse de la méthode Stéphan

Bilan
Publié le 01/02 à 17:34 - Avec Stats Perform

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Quatrième de Ligue 1 Uber Eats avec la 2e meilleure attaque du championnat, Julien Stéphan a réussi son début de mandat avec le RC Strasbourg Alsace. L’ancien entraîneur du Stade Rennais a modifié le visage du club alsacien en l’espace de quelques mois.

Un quart de siècle que le Racing n’avait pas connu ça. En remportant 10 de ses 22 premiers matchs de Ligue 1 Uber Eats 2021/22, Strasbourg affiche son meilleur total dans l’élite à ce stade depuis 1996/97 (11), exercice que le RCSA avait achevé au 9e rang tout en décrochant la 1ère de ses 3 Coupes de la Ligue. Le parallèle est encore plus flatteur quand on évoque les buts marqués, domaine où avec ses 44 réalisations cette saison, le Racing surpasse de 5 unités son total de 1978/79 où il avait décroché son seul titre de champion de France.

Julien Stéphan n’est pas étranger à ce bon bilan, le technicien de 41 ans a traversé la France d’ouest en est au printemps dernier afin de prendre la succession de Thierry Laurey, qui occupait ce poste depuis 5 ans. Une grande dose d'humanité doublée d'une formule verbale précise, de la rigueur physique et tactique. Voici les grands axes de la méthode Julien Stéphan du côté du Racing. « Julien a cette capacité de gérer à la fois un match et les hommes ». La formule vient de Guy Stéphan, entraîneur adjoint des Bleus

L’ancien entraîneur du Stade Rennais F.C. a rapidement trouvé la bonne formule avec son équipe, trouvant un compromis entre le projet qu’il avait déjà mis en place en Bretagne et les automatismes développés lors du quinquennat de l’actuel entraîneur du Paris FC.Et après un faux départ contre Angers en août (0-2), le Racing a retrouvé son 5-3-2/3-5-2, formation récurrente depuis le retour du club dans l’élite en 2017.

Julien Stéphan, c’est un peu l’entraîneur des temps modernes « qui s’intéresse à la personne », confie le Strasbourgeois Gerzinho Nyamsi qui a évolué sous les ordres de ce dernier en U19, CFA et pro avec le Stade Rennais, avant donc de le rejoindre en Alsace l’été dernier. « C’est important pour les joueurs qu'ils se sentent considérés. Quand un coach s’intéresse à toi comme il le fait, à ton ressenti, tu as envie de donner plus », ajoute le défenseur axial. 

Des progrès dans le pressing

Dans les similitudes, le RCSA demeure une des équipes qui se procurent le plus de tirs sur phases arrêtées (2e plus haut total avec 87 tirs cette saison, 5e en 2020/21 avec 146) et en particulier sur les remises en touche où 23 des 50 tirs faisant suite à cette situation depuis le début de la saison dernière en Ligue 1 Uber Eats sont l’œuvre d’un Strasbourgeois, 3 ayant trouvé le chemin des filets. La meilleure démonstration de cet aspect de leur jeu en 2021/22 s’est déroulée le 31 octobre dernier à la Meinau contre le FC Lorient avec 3 buts consécutifs à une phase arrêtée pour un succès 4-0.

Du côté des différences, le jeu du Racing a beaucoup évolué au niveau du pressing exercé sur l’adversaire. Les hommes de Julien Stéphan n’hésitent pas à chercher le ballon plus haut sur le terrain. En moyenne, le RCSA compte 9.6 récupérations hautes (c’est-à-dire dans les 40 mètres adverses) par rencontre de Ligue 1 Uber Eats 2021/22, 2e meilleure moyenne derrière le Paris Saint-Germain (10) et 3 de plus que sur l’exercice précédent (6.6). Strasbourg est même la formation qui compte le plus de pressings gagnants dans l’élite (383), signe que le club est capable de contrarier le jeu adverse en toutes circonstances.

La large victoire contre Bordeaux, le 1er décembre (5-2), est une bonne illustration du travail effectué par l’encadrement technique dans ce domaine avec 17 récupérations hautes dont 2 ayant débouché sur un but (marqués par Dimitri Liénard puis Ludovic Ajorque), des records égalés pour le RCSA sur un match depuis son retour dans la division. Sur l’ensemble de l’exercice 2021/22, Strasbourg est l’équipe avec le plus de buts à la suite d’une récupération haute (5).

Présent dans les tribunes de l’Allianz Riviera quelque jours après Bordeaux (victoire 3-0 contre Nice), Guy Stéphan saluait « l’état d’esprit et la cohésion » de l’équipe entraînée par son fils. « On sent de la complicité, qu’il y a du sourire dans cette équipe. C’est bien de se prouver à soi-même qu’on est capable de réussir dans deux clubs différents, avec des moyens différents », glissait l'homme de confiance de Didier Deschamps.

Offensivement plus efficace

Auteur de 4 buts sur les trois dernières rencontres de championnat, Kévin Gameiro (34 ans), de retour huit ans après au club, abonde : « Nous avons trouvé notre style. Le groupe est à l’écoute, car c’est un coach très proche de son groupe. Il aime le beau jeu. A l’entraînement, on reproduit beaucoup de situation de matchs, des 11 contre 11. Ça permet d’avoir des repères à reproduire en match. On voit que l’équipe est montée en puissance. »

Avec Julien Stéphan, la Racing a ainsi progressé dans l’efficacité balle au pied. Au niveau de la possession (49.5% en moyenne), il est plus proche des valeurs affichées sous Thierry Laurey (48%) que celles de son ancien mandat (54%). En matière de passes tentées et réussies, il se situe aussi à mi-chemin entre son bilan rennais et celui de son prédécesseur en Alsace. En revanche, ses joueurs parviennent davantage à faire des différences sur des longues phases de possession. En 2021/22, les Strasbourgeois ont marqué à 6 reprises à la suite d’une séquence de 10 passes ou plus dans le jeu, il s’agit du 2e total derrière le PSG et c’est surtout 3 fois plus que sur toute la période 2017-2021 où ils n’avaient trouvé le chemin des filets de la sorte qu’à 2 occasions.

La bonne synthèse du travail entrepris par l’entraîneur de Strasbourg serait le but ayant permis au club alsacien d’être l’une des 2 équipes à l’emporter sur le terrain du RC Lens cette saison où 16 passes ont été échangées dans la moitié de terrain adverse avant de faire mouche à la suite d’un centre vers Anthony Caci qui a pu décaler sur la tête de Ludovic Ajorque. L’attaquant est le meilleur buteur de la tête en Ligue 1 Uber Eats en 2021/22 (5 buts) et il est bien alimenté par ses partenaires qui affichent le plus haut total de centres tentés (22 par match en moyenne).

De manière générale, le RC Strasbourg Alsace brille par son efficacité en Ligue 1 Uber Eats, où c’est l’équipe qui affiche le plus haut pourcentage de tirs convertis en buts (16%), cela signifie que le Racing marque un but tous les 6 tirs en moyenne là ou ses rivaux ont besoin de 7 à 14 tirs pour inscrire un but. Il ne faut pas y voir de la chance ou une réussite passagère pour autant, c’est surtout que les Alsaciens savent obtenir de meilleures occasions que leurs adversaires et les Expected Goals – modèle qui calcule la probabilité qu’un tir puisse devenir un but – le démontrent. Le RCSA affiche 0.143 xG par tir en Ligue 1 Uber Eats, meilleur ratio.

Le maintien en 1er objectif, et après ?

Strasbourg recueille les premiers fruits de la nomination de Julien Stéphan à l’intersaison et reste sur une bonne dynamique (5 victoires sur ses 7 derniers matchs), malgré un faux-pas à Bordeaux dimanche dernier (4-3), en livrant sa « plus mauvaise mi-temps de la saison », selon son entraîneur.

La semaine précédente face à Montpellier (3-1), le coach du RCSA avait apprécié « cette faculté à rester longtemps dans le camp adverse, à créer des mouvements très variés sur le plan offensif…Des ambitions dans le jeu ont été affichées ». De quoi aller chercher le plus rapidement possible les points supplémentaires au maintien, « notre premier objectif », indiquait Julien Stéphan après ce succès. En effet, aujourd’hui le club strasbourgeois compte 15 points d’avance sur le 17e. De quoi prochainement envisager de s’attaquer aux autres objectifs du club cette saison ?