Bilan

Reims : Décryptage de la méthode Will Still

Reims : Décryptage de la méthode Will Still

Bilan
Publié le 15/03 à 16:55 - Stats Perform

Partager

Lancé sur une série de 19 rencontres sans défaite en Ligue 1 Uber Eats, la plus longue de son histoire, le Stade de Reims ne cesse d’étonner depuis quelques mois, sous la houlette d’un jeune novice sur son banc, Will Still, toujours invaincu depuis ses débuts.

Appelé à la rescousse pour remplacer Óscar García – dont il était l’adjoint depuis cet été – le 13 octobre dernier, Will Still a depuis amené le Stade de Reims à des sommets plus atteints depuis sa période dorée dans les années 1950-début des années 1960. N’ayant toujours pas connu la défaite en 17 matchs de championnat – seul Thomas Tuchel avec le Paris Saint-Germain a connu meilleur départ (20 rencontres) – le jeune Belge (30 ans) est 2e de Ligue 1 Uber Eats depuis la 11e journée et son 1er match sur le banc contre Lorient (0-0).

Classement de Ligue 1 Uber Eats depuis la 11e journée

Comment a-t-il amené le Stade de Reims en 1re partie de tableau (8e avant la 28e journée), alors que le club était 15e à son arrivée, ne comptant qu’une seule victoire en 10 rencontres ?

Une défense retrouvée

Très poreuse en début de saison sous la houlette du tacticien espagnol (19 buts encaissés), c’est un véritable mur qui se dresse face à ses adversaires depuis que Will Still a été intronisé numéro 1. Désormais disposé en 4-2-3-1, alors qu’il évoluait avec une défense à 3 centraux sous l’entraîneur espagnol, le SdR est la meilleure défense des 5 grands championnats européens depuis le 13 octobre, en compagnie du FC Barcelone (7 buts encaissés). Les partenaires du capitaine Yunis Abdelhamid n’ont encaissé plus d’un but qu’une seule fois sur la période, lors d’un succès 4-2 face au FC Lorient le 1er février.

Si l’arrière-garde rémoise bénéficie d’une certaine réussite dans la lancée de la série d’invincibilité du club (12.1 buts encaissés de moins que ses Expected Goals subis, là aussi meilleur différentiel européen sur la période), plusieurs indicateurs montrent qu’elle fait désormais figure de défense de fer en Ligue 1 Uber Eats.

Le Stade possède ainsi le 3e plus faible total d’Expected Goals subis depuis la J11 (19.1). Une performance d’autant plus remarquable que, si l’on ne prend en compte que les tirs cadrés subis, le club affiche la meilleure valeur xG (13.3). Mais c’est surtout sur les clean sheets qu’il impressionne : 11 en 17 matchs, restant d’ailleurs sur 6 rencontres sans encaisser le moindre but, nouveau record de son histoire en Ligue 1 Uber Eats.

Une efficacité défensive qui a permis l’émergence d’un gardien qui ne comptait que 2 matchs dans l’élite française avant de prendre définitivement place dans les buts du club champenois il y a quelques mois : Yehvann Diouf.

Yehvann Diouf, le rempart de la Cité des Rois

Parti en début de saison pour être la doublure de Patrick Pentz, recruté pour pallier le départ de Predrag Rajković vers l’Espagne l’été dernier, le natif de Montreuil a profité d’une entame délicate du portier autrichien pour s’installer dans les cages rémoises à partir du 18 septembre contre l’AS Monaco et ne plus jamais les quitter.

Et pour cause : avec 85.2% de tirs arrêtés en Ligue 1 Uber Eats 2022/23, le portier de 23 ans affiche le meilleur pourcentage du genre dans le championnat de France et n’est devancé que par Ralf Fährmann (FC Schalke 04 – 88.9%) et Marc-André ter Stegen (FC Barcelone – 86.2%) parmi les portiers des 5 grands championnats européens à minimum 2 rencontres disputées. Depuis la 11e journée, ce pourcentage grimpe même à 88.5% (2e meilleur pourcentage du TOP 5 européen).

Rassurant dans les airs – seul Alban Lafont (FC Nantes) réussit plus de sorties aériennes que lui en Ligue 1 Uber Eats – le Franco-sénégalais ne bénéficie pas seulement de la grande forme du SdR : Diouf fait aussi partie des portiers qui évitent le plus de buts à leur équipe. D’après les Expected Goals, cette saison en Ligue 1 Uber Eats, il en aurait évité 7.5, n’encaissant que 12 buts pour 19.5 xG cadrés subis, soit le meilleur différentiel du championnat.

Une équipe qui récupère haut… et se projette vite

Faute d’expérience significative en tant que numéro 1 avant ses débuts avec le Stade de Reims (13 matchs de Jupiler Pro League avec le Beerschot en 2020/21 pour seul mandat dans un club de 1re division), il était difficile de se faire une réelle idée des directives demandées par Will Still à ses joueurs, alors qu’il a débarqué en cours de saison dans une équipe aux portes de la zone de relégation et qui aurait pu avoir tendance à se replier. Pourtant, les chiffres sont clairs : Reims presse haut et surprend ses adversaires par ses projections rapides.

En Ligue 1 Uber Eats depuis la 11e journée

Catégorie

Nombre

Classement

Récupérations hautes

170

2e

Attaques directes

35

2e

Tirs

250

2e

Pressings gagnants

269

3e ex-aequo

Passes de l'adversaire par action défensive (moyenne)

10.4

6e ex-aequo

 

Exemple avec la rencontre face à l’ESTAC mi-février. Ce jour-là, le Stade de Reims effectue 16 récupérations hautes, son co-meilleur total lors d’une rencontre de Ligue 1 Uber Eats cette saison, dont l’une d’elles aboutit au 2e but inscrit par Myziane Maolida.

Quelques minutes plus tard, en début de seconde période, c’est cette fois sur une attaque directe que les Rémois aggravent le score.

Une action où la recrue star de l’été dernier du côté d’Auguste-Delaune, le Japonais Junya Ito, récupère le ballon dans les pieds troyens avant de servir Alexis Flips – qui donnera la passe décisive – symbole de la capacité du milieu de terrain asiatique à être le premier créateur de son équipe, lui qui est au départ de 20 séquences amenant à un tir en Ligue 1 Uber Eats 2022/23, un nombre parmi les plus élevés chez les milieux offensifs.

Si Ito n’est pas directement impliqué sur ce but en tant que passeur décisif, il demeure malgré tout le principal pourvoyeur d’occasions pour le Stade de Reims, bénéficiant d’une position plus basse sur le terrain que sous García, lorsqu’il évoluait en tant que 2nd attaquant. En témoigne sa valeur d’Expected Assists dans le jeu cette saison : 6.2, 2e plus haut total derrière Lionel Messi.

Une facilité dans la distribution du ballon qui profite notamment à Folarin Balogun, prêté par Arsenal et l’une des révélations de notre championnat.

Folarin Balogun en boulet de canon

Le jeune attaquant anglais, arrivé à la suite du départ pour le Paris Saint-Germain de Hugo Ekitike, n’a lui pas attendu l’arrivée de Will Still pour marquer de son empreinte son passage dans la Marne. Buteur lors de 5 de ses 6 premières rencontres en Ligue 1 Uber Eats et vainqueur du premier trophée de « Pépite du mois » en août, il a continué sur sa lancée pour atteindre les 16 buts avant le choc contre l’OM dimanche, devenant lors de la J27 face à l’AS Monaco, à 21 ans et 252 jours, le plus jeune joueur à trouver le chemin des filets aussi souvent lors de sa 1re saison dans l’élite française depuis Mohammed Salem avec Sedan-Torcy en 1960/61.

Buteur face à chacune des équipes du Top 5 actuel de Ligue 1 Uber Eats cette saison – seul joueur dans ce cas – le natif de New York a inscrit 46% des réalisations du Stade de Reims en 2022/23 (16/35), le meilleur ratio pour un joueur dans les buts de son équipe, témoignant de son caractère indispensable, même si le reste du 11 n’est bien sûr pas étranger à la très bonne saison champenoise. D’ailleurs, ses 16 buts ont rapporté 15 points au SdR, là aussi le meilleur total de l’élite.

Jamais avare de tentatives – il compte 81 tirs à ce jour, 4e meilleur total en Ligue 1 Uber Eats derrière les Parisiens Mbappé et Messi, et le Lillois David – celles-ci se caractérisent par leur dangerosité. En effet, l’attaquant affiche la meilleure valeur Expected Goals hors penaltys de l’élite (13.77).

Ses performances à la finition ont montré que le Stade de Reims pouvait viser davantage qu’un maintien tranquille, lui qui n’est plus désormais qu’à 4 petits points de la 5e place, la 1re qualificative pour les compétitions européennes, que la Cité des Sacres n’a connu qu’une seule fois lors des 60 dernières années.

Interview Folarin Balogun