Baptiste Santamaria (Angers SCO)
Interview

Baptiste Santamaria : « Je me vois en Déesse du Bouillon »

Baptiste Santamaria : « Je me vois en Déesse du Bouillon »

Interview
Publié le 10/04 à 11:41 - NM

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Pour déconnecter du foot, Baptiste Santamaria prend soin de sa jument. Propriétaire de chevaux de courses depuis plus d’un an, le milieu d’Angers SCO se livre sur sa passion, de la découverte du monde hippique aux succès en passant par ses ressemblances avec sa jument, Déesse du Bouillon.

Baptiste Santamaria, d’où vient votre passion pour les chevaux ?
Dans ma famille, on a toujours eu des chevaux, donc j’ai toujours aimé ce monde. J’ai moi-même pratiqué l’équitation quand j’avais 7-8 ans. Ce n’était pas à haut niveau, je n’ai pas passé de galop, mais je sais monter. C’était vraiment du loisir, je ne voulais pas devenir cavalier ou quoi que ce soit. Ce que j’aimais, c’était faire des promenades. Sauter un obstacle, être formé, ce n’était pas ce qui m’intéressait le plus (rires).

Comment en êtes-vous venu à faire l’acquisition d’un cheval de course ?
A mon arrivée à Angers, le club avait un partenariat avec l’hippodrome de la ville. Dans ce cadre-là, j’avais été choisi pour faire une course de sulky (Ndlr, voiture, à deux roues, utilisée dans les courses de trot attelé) avec quelques coéquipiers. A cette époque, je ne connaissais pas du tout l’univers des courses hippiques. Et, puis, j’ai sympathisé avec l’entraîneur du cheval avec lequel j’avais fait la course, Antoine Marion. On avait beaucoup discuté et il m’avait invité à venir découvrir son écurie. J’ai accepté sa proposition, j’ai visité l’écurie et ça m’a plu. De fil en aiguille, je me suis dit : « Pourquoi ne pas acheter un cheval ? », et c’est arrivé. Il faut savoir que j’ai toujours été fan de PMU. A force de discuter, réfléchir, je me suis dit que si je devais miser sur un cheval, autant que ce soit le mien (rires). En plus, ça permet d’assister aux courses et de se dire : « C’est le mien ! ». C’est toujours plus sympa. Et il y a un an et demi, j’ai fait l’acquisition de Déesse du Bouillon.

Quelle relation avez-vous avec votre jument ?
Je vais la voir une fois par semaine. Elle n’est pas très loin de chez moi, à 20-25 minutes. Les animaux s’habituent à la présence régulière d’une personne au fur et à mesure donc, forcément, elle aime bien me voir maintenant. J’aime bien lui amener des petites friandises comme des carottes ou des pommes.  Après, je vais la promener et lui faire manger de l’herbe. Cette proximité avec elle, c’est agréable. Quand j’arrive, elle me reconnaît, elle vient me voir directement. C’est top !

« Je suis plus stressé quand c’est l’arrivée pour elle que lors de mes matchs »

Que ressentez-vous lorsqu’elle participe à une course ?
Je suis fier. Le plaisir de la voir courir, c’est vraiment une passion. Tu te dis que tu la connais, que tu l’apprécies, et tu lui souhaites de gagner. Et c’est la chance que j’ai eue. Au départ, elle devait faire des petites courses et, finalement, il s’avère que c’est une petite championne qui prend du galon. J’avoue que je suis plus stressé quand c’est l’arrivée pour elle que lors de mes matchs. Lorsque je joue, j’ai la sensation de maîtriser plus ou moins ce que je fais alors que, lorsque c’est votre jument qui court, vous ne savez pas ce que ça peut donner. Elle peut se taper une patte, partir au galop ou autre, donc je suis un peu plus stressé.

Le 25 juillet dernier, votre jument a remporté son premier titre national, le Prix Général du Lupin, à Meslay-du-Maine en Mayenne…
J’étais vraiment content. C’était comme si on avait gagné la Coupe du monde ! On ne s’attendait pas du tout à la voir à ce niveau-là mais elle le mérite. Elle travaille dur pour pouvoir performer. Elle avait déjà gagné une autre course mais, là, c’était vraiment une course PMU, professionnelle. C’était un grand prix pour nous.

En tant que parieur, on imagine que vous aviez misé sur votre jument ?
Evidemment ! Après la course, on en avait rigolé avec l’entraîneur. Le matin-même, la jument avait une cote faramineuse et, après que j’ai misé, elle était limite favorite. L’entraîneur m’appelle, il me dit : « Je ne sais pas ce qu’il se passe, il y a un cinglé, il a misé sur la jument ». Là, je lui réponds : « Le cinglé, c’est moi ! » (rires). Et finalement, elle a gagné. Ce jour-là, ça valait vraiment le coup. J’avais misé gagnant et placé, donc j’ai touché les deux. J’étais très très content, mais quand même plus pour ma jument que pour mes paris. Qu’elle gagne ou qu’elle ne gagne pas, c’est pour la passion avant tout. Les chevaux, c’est comme des humains. Parfois, on est bien et, parfois, on l’est moins. Après, quand c’est comme ça, forcément, on profite.

Une course de votre jument vous procure plus d’émotions qu’un match avec Angers ?
C’est différent. Jouer au foot, c’est mon métier et j’aime ça plus que tout, mais je sais ce que je fais. Comme je l’ai dit plus tôt, avec ma jument, je ne peux pas savoir ce qu’il va se passer. Ce n’est pas comme si je jouais à la console et que je la guidais avec mon joystick. Les émotions sont différentes.

« Les chevaux ont exactement la même hygiène de vie qu’un sportif »

Quels points communs y a-t-il entre le football et le monde hippique ?
Ce que j’adore et ce que j’ai aimé en découvrant le monde des courses, c’est que les chevaux ont exactement la même hygiène de vie qu’un sportif de haut niveau. Ça peut paraître surprenant mais c’est la même chose. Ils s’entraînent quotidiennement avec des programmes semblables aux nôtres. Forcément, c’est un peu différent comme ils vont plus vite et qu’il s’agit uniquement de faire des courses. Mais ils font des fractionnés, des footings et ont des méthodes de récupération. Autre exemple, nous, on se fait masser et, eux, on leur applique de l’argile (Ndlr, pour favoriser la récupération et apaiser certaines douleurs). Toutes ces similitudes font que je trouve ce domaine vraiment sympa. J’ai l’impression de me voir en eux.

Cette passion vous permet de déconnecter du foot ?
C’est exactement ça. Quand je rentre, je parle foot… En fait, je suis tout le temps dans le foot. Le fait de pouvoir aller la voir, ça me permet de penser à autre chose. J’emmène mon petit garçon et ma femme. On ne pense plus à rien, on s’éclate, on va la voir courir... Le petit, il est comme un fou, il s’amuse. Ce sont de super moments qui permettent de décompresser.

Est-ce que votre jument ressemble au Baptiste Santamaria qu’on voit sur les terrains ?
Oui, elle a un cardio extraordinaire et énormément de mental. C’est ce que j’aime et comme je le dis souvent, je me vois en elle.

Vous avez réussi à convertir certains de vos coéquipiers à cette passion ?
C’est drôle mais il y a énormément de joueurs ou d’anciens joueurs qui adorent le monde hippique. A Angers, notre entraîneur Stéphane Moulin est aussi propriétaire de deux chevaux. Ça lui arrive parfois de me chambrer, surtout au début, lorsque je venais d’acheter ma jument et qu’on ne savait pas ce que ça allait donner.

« Prétendre à gagner le Grand Prix d’Amérique un jour »

Est-ce qu’il y a une course que vous rêvez de gagner ?
Bien sûr, le Grand Prix d’Amérique, si un jour c’est possible. Mais pour ça, il faut avoir des chevaux de très très haut niveau.

Justement, vous avez comme projet d’acquérir d’autres chevaux ?
J’en ai trois en tout ! J’en ai deux autres en plus de Déesse du Bouillon mais c’est juste pour le plaisir d’aller les voir aux courses. Je pense que je me laisserai tenter par le projet d’un étalon qui pourra, je l’espère, prétendre à gagner le Grand Prix d’Amérique un jour. Pour l’instant, c’est un peu précoce, je ne suis pas assez expert dans le monde hippique. Au départ, j’avais un petit budget plaisir et je ne voulais pas mettre un euro de plus. Les gains de ma jument m’ont permis d’investir sur les autres chevaux. Je ne veux pas que ce soit un investissement trop coûteux.

Votre après-carrière, vous l’imaginez en lien avec le milieu hippique ?
Peut-être ou peut-être pas. Je ne sais pas encore exactement ce que je veux faire, je pense être encore au début de ma carrière (rires). On verra dans 15 ans. Pourquoi pas me lancer totalement dedans, ça peut être sympa.