Interview

Frank Lebœuf : « Mon devoir est de faire connaître le Bleuet de France »

Frank Lebœuf : « Mon devoir est de faire connaître le Bleuet de France »

Interview
Publié le 05/11 à 19:32 - LFP

Partager

Ambassadeur du Bleuet de France, Frank Lebœuf juge le début de saison de l’OM et de Strasbourg. Le champion du monde 98 évoque aussi ses souvenirs de Bollaert, la méforme de Presnel Kimpembe et conseille au PSG la défense à trois.

Ambassadeur du Bleuet de France, Frank Lebœuf donnera le coup d’envoi du match RC Lens – ESTAC ce vendredi soir à Bollaert alors que la LFP et les clubs se mobilisent en faveur du Bleuet de France à l’occasion de la 13e journée de Ligue 1 Uber Eats et de la 15e journée de Ligue 2 BKT. L’occasion pour le champion du monde 98 de commenter l’actualité du championnat, de l’obligation pour le PSG de jouer à trois derrière à un Payet phénoménal en passant par le 12e homme strasbourgeois.

Tout d’abord, pouvez-vous nous parler de l’opération Bleuet de France ?
J’ai toujours été sensible à ces thématiques : le 11 novembre, le devoir de mémoire que nous devons tous avoir, le côté historique de la chose… Lorsque je suis allé jouer en Angleterre, j’ai vu qu’ils mettaient à l’honneur le poppy, le coquelicot, sur plusieurs week-ends de Premier League. Je me suis imprégné de cette culture et, quand je suis rentré en France, je me suis renseigné pour savoir s’il y avait un équivalent ici. J’ai découvert le Bleuet de France, qui n’a pas encore la même valeur et la même puissance que le poppy anglais. Mon devoir est de faire connaître le Bleuet de France pour qu’il soit aussi important que le poppy et j’espère qu’on y arrivera bientôt. On grandit grâce à la LFP et tout ce qu’elle met en œuvre, ce qui me fait espérer qu’on pourra un jour récolter des millions d’euros pour pouvoir aider les victimes de guerres et d’attentats comme leurs familles.

Ce n’est pas la première fois que vous êtes ambassadeur du Bleuet de France…
C’est important pour moi de m’engager. Avec le covid, on a subi un coup d’arrêt mais c’est une cause importante, il y a un devoir de mémoire. On dit que les sportifs de haut niveau sont des héros mais il y a beaucoup de choses à remettre en perspective. J’ai reçu la Légion d’honneur avec l’équipe de France 1998 donc je sais ce que représente cette récompense. Je sais surtout que ce que j’ai pu faire n’a rien à voir avec ce que font certains qui sacrifient leur vie pour la France et qui reçoivent cette distinction à titre posthume… J’ai la chance d’être vivant, de vivre du football, d’être apprécié et de pouvoir faire passer des messages aujourd’hui donc je veux rendre un peu de ce qu’on m’a donné. Cette opération Bleuet de France permet de montrer aux gens qui souffrent qu’ils ne sont pas seuls.

« Impressionnant de faire taire 40 000 personnes »

Ce vendredi soir, vous donnerez le coup d’envoi du match Lens-Troyes. Que vous évoque ce retour au Stade Bollaert-Delelis ?
Ça a toujours été un plaisir de jouer à Lens même si je n’y ai pas souvent gagné. L’ambiance à Bollaert est exceptionnelle. En France, j’ai eu la chance de jouer à l’OM et à Strasbourg, deux clubs réputés pour leur grosse ambiance. A Bollaert, c’est du même niveau. Il y a tout un peuple derrière son équipe. Qu’on gagne ou qu’on perde, on était content de venir à Lens, pour l'ambiance et parce qu’après le match, on allait manger des frites avec les copains ! J’ai beaucoup de bons souvenirs ici. J’ai marqué à Bollaert lors d’un barrage pour la montée avec Strasbourg et c’est toujours impressionnant de faire taire 40 000 personnes. Malheureusement, ça n’avait pas duré longtemps car ils avaient finalement gagné (3-1 en mai 1991) et c’est Lens qui était monté. J’avais aussi marqué avec l’OM lors de mon dernier match là-bas, j’avais mis un pénalty alors que je revenais de blessure (1-0 en avril 2003).

Comme l’OM lors de votre passage à Marseille, presque la moitié des clubs de Ligue 1 Uber Eats jouent aujourd’hui avec 3 défenseurs centraux. Est-ce un système qui vous plaît ?
J’aime beaucoup ! Ma vraie position sur le terrain, c’était libéro, un poste qui n’existe plus vraiment aujourd’hui. Avec trois défenseurs centraux, on retrouve un peu ce libéro puisque les trois défenseurs « se passent » les attaquants adverses. Ce système permet de renforcer son milieu de terrain, le secteur de jeu où se gagnent les matchs selon moi. C’est un système aussi intéressant offensivement que défensivement. Le terrain est parfaitement quadrillé. Avoir des joueurs sur les côtés peut être utile mais ce qu’il faut, c’est avoir du monde au milieu, que ce soit à la perte du ballon ou pour marquer plus facilement.

« Obligatoire pour le PSG de jouer à trois derrière »

Ces dernières semaines, le PSG a parfois utilisé une défense à trois. Est-ce que vous avez été séduit ?
Ce qui est sûr, c’est que j’ai mon avis sur le sujet ! Je pense que Paris attend que Sergio Ramos revienne pour l’aligner dans une défense à trois avec Marquinhos et Kimpembe. Pour moi, c’est obligatoire pour le PSG de jouer à trois derrière pour compenser le peu de repli défensif des trois de devant. Il faut nécessairement plus de joueurs au milieu, avec Gueye et Verratti dans l’axe, ou Pereira quand Verratti n’est pas là. Il faut être costaud dans cette zone pour permettre à Hakimi, Bernat et Mendes de jouer beaucoup plus haut, notamment grâce à une meilleure couverture derrière. Actuellement, le PSG est souvent noyé au milieu et les deux défenseurs centraux se font laminer quand il y a une attaque adverse. C’est hyper compliqué, on tire sur tout le monde, mais je trouve que l’effectif est ainsi fait que ça ne peut pas fonctionner pour le PSG sans une défense à trois.

Presnel Kimpembe a connu quelques matchs compliqués dernièrement. Quels seraient vos conseils pour lui ?
Il faut se faire confiance. Les qualités qui lui ont permis d’arriver à ce niveau, elles sont toujours là. Il y a eu certaines actions tellement bêtes que c’en est trop gros. Mais le pénalty provoqué contre Leipzig mercredi n’est qu’une erreur de parcours. Il a la chance d’avoir Marquinhos à côté de lui, qu’il l’observe. J’ai eu la chance de jouer avec de grands défenseurs centraux, Marcel Desailly notamment. Il est important d’observer comment ces joueurs fonctionnent. Presnel Kimpembe me fait un peu penser à Carlos Mozer. C’était un défenseur extraordinaire mais il faisait presque une boulette par match avec l’OM. Un gros tacle, une grosse faute, un mauvais contrôle… Mais ça restait un joueur exceptionnel. Il faut que Presnel se fasse confiance. Carlos Mozer restait imperturbable, il faut que Presnel fasse de même.

« Je craignais que ce soit le bazar »

Pour parler maintenant de vos anciens clubs, quel est votre regard sur la saison de l’OM ?
Elle est pas mal, l’OM joue ! Au début, j’étais plutôt réfractaire à la méthode Sampaoli, notamment par rapport à ce qu’on avait vu avec l’équipe d’Argentine. Je craignais que ce soit le bazar mais je trouve que l’équipe marche bien, elle joue bien au football, elle est plutôt équilibrée… Et il y a un Dimitri Payet assez phénoménal en ce moment. L’ensemble est très intéressant, il ne leur manque pas grand-chose pour s’affirmer comme la deuxième meilleure équipe de France. Il faudrait quelques très bons joueurs de plus pour vraiment se battre pour le titre de champion.

Et que pensez-vous du début de saison de Strasbourg ?
Le Racing se bat avec les moyens du bord. Ce n’est pas un club où il y a beaucoup d’argent mais Marc Keller et le board strasbourgeois font tout pour que ça fonctionne. J’ai eu un peu peur en début de saison mais ça se stabilise. Le match au Parc des Princes avait été intéressant. Là, ils ont gagné 4-0 contre Lorient à domicile. Par rapport à la saison dernière, ils ont retrouvé leur 12e homme et, à la Meinau, l’ambiance est assez extraordinaire. Strasbourg a une équipe avec du cœur. Tous les joueurs qui signent là-bas savent qu’ils vont devoir se défoncer. Le Racing ne se débrouille pas trop mal cette saison, je suis assez fier de mes « cigognes ».