Interview

Philippe Montanier : « La volonté de pratiquer un jeu attractif »

Philippe Montanier : « La volonté de pratiquer un jeu attractif »

Interview
Publié le 03/04 à 15:27

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Après le titre de champion de Ligue 2 BKT obtenu l’an passé, le coach Philippe Montanier accompagne cette saison le promu toulousain sur la voix de la progression à l'image de la demi-finale à venir jeudi contre Annecy. Entretien.

A l’occasion de l’émission « Passe D » consacrée au Téfécé depuis le Stadium sur la chaîne Twitch de la Ligue 1 Uber Eats, l’entraîneur Philippe Montanier est revenu sur l’identité du Toulouse FC, sa stratégie de recrutement, sa gestion du vestiaire le plus cosmopolite du championnat et sa philosophie de jeu. Alors que se profile une demi-finale de Coupe de France contre Annecy, jeudi.

Tout d’abord, comment jugez-vous pour le moment la saison du Toulouse FC actuellement 13e en Ligue 1 Uber Eats, qui est arrivé lancé après son titre de champion de Ligue 2 BKT ?
Nous sommes toujours un peu exigeants et l’appétit vient en mangeant. C’est vrai que nous sommes promus, alors nous sommes humbles tout en étant ambitieux. Nous aspirons à mieux. Donc nous sommes contents, mais comme à l’école – « peut mieux faire ».

Vous faites peut-être référence aux derniers résultats, notamment la défaite contre l’OM dans un Stadium plein (2-3), malgré de bonnes prestations et beaucoup de spectacle proposé.
Ça ne console pas, car les joueurs sont des compétiteurs. Mais on se dit que si le contenu du match est bon, comme aussi face à Lille (0-2), qui est une grosse équipe, nous avons davantage de chance sur le long terme de remporter des matchs que d’en perdre. Faire autant d’efforts, jouer aussi bien et récolter 0 point, c’est une grosse déception pour mes joueurs. Il faut qu’ils gardent la tête haute. Tout le monde a été enthousiasmé par la qualité du match, les spectateurs, les médias….

« Les supporters se rendent compte que les joueurs sont à 100% »

Bien que promu, le Téfécé pratique en effet un jeu très offensif…
C’est une volonté du club d’avoir mis un projet de jeu attractif basé sur l’offensif. Nous recrutons des joueurs qui ont ces qualités. Le plus dur dans le foot est de marquer des buts, donc si on y parvient nous avons plus de chances de gagner.

Du coup, adaptez-vous votre discours et vos consignes selon que vous affrontez le PSG ou l’OM et une équipe plus petite ?
Nous savons qu’en allant au PSG, nous aurons moins la possession que face à Angers ou d’autres clubs de notre catégorie. Mais on se dit que lorsque l’on aura le ballon, il faudra bien l’utiliser. Il faut à la fois être conscient des difficultés et de nos forces. Nous savons qu’il faudra bien défendre, mais nous mettons avant tout l’accent sur comment nous allons utiliser le ballon. Car c’est là que se fera la différence.

Comment parvenez-vous à gérer les périodes plus difficiles ?
Il n’y a pas de recette idéale. Ça dépend de la personnalité des joueurs et du groupe. Parfois, il est nécessaire de bousculer certains joueurs, d’autres au contraire pas trop, parce qu’ils sont déjà anxieux des mauvais résultats. Nous essayons de rester sur le positif et de valoriser ce que nous faisons de bien. J’ai la chance d’avoir un groupe volontaire qui travaille bien. Après le match de Lille, ça aurait difficile de leur taper dessus. Nous restons sur le factuel pour savoir ce que l’on peut améliorer. Ici le comportement des joueurs est exemplaire. C’est pour cela que les supporters nous soutiennent. Même dans la difficulté, ils se rendent compte que les joueurs se donnent à 100%.

« Dallinga a eu un déclic »

Vous disposez du vestiaire où l’on dénombre le plus de nationalités différentes cette saison (19). Comment parvenez-vous à évoluer dans cet environnement aussi cosmopolite ?
Déjà, la langue dans le vestiaire entre les joueurs est l’anglais. Tout le monde se débrouille en anglais. Les plus anciens comme Branco parle maintenant français, mais pas encore tous. Et pour les nouveaux comme Gabi Suazo, qui ne parle pas trop anglais, je lui parle en espagnol. Malgré cela, au bout d’une semaine on avait l’impression qu’il avait toujours été avec nous. Car les joueurs ont été recrutés en répondant à un certain profil qui correspond au style de jeu de l’équipe. Ce qui facilité l’intégration. Les joueurs se sentent très vite à l’aise.

Parlez-nous justement de la stratégie de recrutement du club. Ressentez-vous l’impact de la data ?
Les joueurs ont été recrutés sur un profil qui correspond au jeu de l’équipe. C’est là que les datas sont intéressantes. Pour prendre l’exemple de Branco (van den Boomen). Quand nous souhaitions jouer un jeu au sol basé sur la qualité technique, le mouvement et l’intelligence de jeu, une fois le joueur arrivé, je me dis que c’est lui qu’il fallait. Les datas aident, mais après il faut s’adapter à la nouvelle culture, à la Ligue 1 Uber Eats. Il est notre métronome. Branco a cette qualité technique, mais il faut avoir l’intelligence de l’utiliser à bon escient pour faire le bon choix.

Lui est arrivé au club à 25 ans, d’autres sont recrutés plus jeunes. Comment travaillez-vous avec eux ?
Parfois, les jeunes joueurs ne sont pas armés. Avec les jeunes joueurs étrangers qui arrivent, nous sommes encore dans l’accompagnement. On doit accepter que le joueur ne s’intègre pas tout de suite. Le bon exemple est Dallinga. Il a le talent, mais en Ligue 1 ça va vite avec de l’intensité. Je lui disais ne t’inquiète pas, ça va venir. Ça mettra cinq, six ou neuf mois, mais nous sommes aussi là pour accompagner ces jeunes joueurs. Ce sont des diamants à polir. Et puis, il a eu petit déclic et on l’a senti plus costaud dans les duels, perdre moins de ballons, avoir des courses plus tranchantes, être plus clinique…Il faut laisser le temps aux jeunes. Je me souviens à la Sociedad (2011-13), il y avait Antoine (Griezmann) qui devait partir à l’Atlético. Je lui avais dit d’attendre un peu. Finalement, il est resté deux saisons de plus et a joué la Ligue des Champions avec nous, avant d’y aller. A 23 ans, il était alors armé pour jouer à l’Atlético Madrid. Il y a des étapes à respecter.