Jordan Ferri (Montpellier HSC).
Interview

Jordan Ferri : « J’ai toujours vu mon gabarit comme un atout »

Jordan Ferri : « J’ai toujours vu mon gabarit comme un atout »

Interview
Publié le 03/04 à 09:28 - NM

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Joueur rompu aux joutes de la Ligue 1 Uber Eats avec une 12e saison de présence, le Montpelliérain Jordan Ferri - auteur de son 1er but de la saison au HAC dimanche - explique en quoi avoir un petit gabarit n’est pas un inconvénient lorsqu’on évolue au milieu de terrain. Entretien.

Vous avez récemment dépassé la barre des 325 matchs de Ligue 1 Uber Eats. Comment avez-vous fait pour devenir un milieu incontournable du championnat malgré votre gabarit (1,72 m) ?
Les milieux de terrain de petite taille ont toujours existé. Je pense que c’est l’un des seuls postes où la taille n’est pas rédhibitoire, car en défense ou en attaque, c’est plus difficile de s’imposer. Après, ça demande beaucoup de travail, du renforcement athlétique au développement de l’intelligence de jeu, pour essayer de compenser ce déficit de gabarit.

Est-ce quelque chose qui revenait souvent au début de votre carrière ?
Non ! Le foot est quand même assez hétérogène. Il y a toutes sortes de gabarit et de physique. On ne m’a jamais reproché mon déficit de taille. Au contraire, ça a pu être un atout ! Et j’ai toujours fait en sorte que cela en soit un. Je ne l’ai jamais perçu comme un inconvénient. Au fil du temps, j’ai pris l’habitude de jouer contre des gabarits supérieurs au mien, que ce soit en taille ou en masse musculaire, et j’ai essayé de m’adapter à cela de la meilleure des manières.

Votre ancien coéquipier Maxime Gonalons a déclaré à votre sujet : « Même s’il est un peu moins grand que certains, Jordan arrive à s’en sortir différemment ». Comment vous en sortez-vous justement ?
Déjà, même si l’on a un déficit de taille, il ne faut pas fuir les duels. Au milieu de terrain, il y en a énormément, c’est impossible de les éviter, donc il faut montrer qu’on a aussi du répondant athlétique. Puis, comme je l’ai dit plus tôt, il faut savoir faire preuve d’un meilleur placement, avoir une culture tactique développée et être le plus juste possible techniquement pour gagner du temps et échapper à certains duels. Tous ces aspects du poste de milieu de terrain permettent de s’en sortir face à des plus grands gabarits.

Avez-vous un secret pour vous en sortir lorsque vous vous retrouvez au duel avec des grands gabarits ?
Quand le ballon est au sol, c’est simple, c’est celui qui met le plus d’impact, qui a le plus envie de repartir avec le ballon, qui gagne le duel. Dans les airs, malheureusement, je n’ai pas encore trouvé la bonne parade. Les petites poussettes dans le dos ? Les arbitres sont maintenant très vigilants. Après, au milieu, les duels aériens, ce n’est qu’un infime pourcentage des ballons qu’on touche lors d’un match. Ce qui est important lorsqu’on en perd un, c’est d’être présent au deuxième ballon et de le récupérer. A ce poste, c’est primordial ! Ça permet de compenser les duels aériens perdus.

« Les petits gabarits apportent de la variété au milieu »

Du coup, face à quel type de milieu préférez-vous être confronté ?
Je n’ai pas réellement de préférence. Mais ça me dérange moins de jouer contre un grand ultra physique qu’un petit avec énormément de vivacité. Les petits gabarits, c’est vraiment très difficile de leur récupérer le ballon. Après, en Ligue 1 Uber Eats, on fait plutôt face à des milieux de terrain qui sont très athlétiques.

Avez-vous particulièrement travaillé certains aspects pour en faire une force ?
Premièrement, on a naturellement un point fort : notre centre de gravité. Comme il est nettement plus bas que celui des grands joueurs, on les met en difficulté quand ils doivent nous prendre au marquage. On apporte de la variété dans l’entrejeu. Ensuite, j’ai vraiment travaillé tous les aspects d’un milieu de terrain dès le début de ma carrière pour être le plus compétitif possible et le plus longtemps possible.

Vous a-t-on forcé à travailler les duels aériens à un moment donné de votre carrière ?
Non ! La détente, la manière de sauter, c’est quelque chose qu’on travaille chaque saison avec les différents préparateurs physiques, mais on ne m’a jamais demandé de me concentrer sur ça. Gagner plus de duels aériens n’a jamais été un objectif personnel. C’est un aspect que j’ai travaillé comme les autres.

Vous percevez votre taille comme un avantage ou un inconvénient ?
Ça fait maintenant plus de dix ans que je suis en Ligue 1 Uber Eats (1er match disputé en décembre 2012). On va dire que j’ai su faire avec (sourire). J’ai toujours essayé de perfectionner mon style de jeu, d’en faire un atout et d’être le moins possible désavantagé.

« Mes cartons jaunes ? C’est plus une question de tempérament »

Est-ce plus simple lorsqu’on reçoit un ballon de parvenir à s’orienter et à se mettre dans le sens du jeu ?
Je ne sais pas, je n’ai jamais été grand (rires). Je ne peux pas vous dire comment font les grands mais c’est sûr que ça aide, car le poste demande d’être le plus disponible et mobile possible pour essayer de faire progresser le jeu de l’équipe. Mais, maintenant, on voit aussi des grands être très techniques et qui arrivent aussi bien que nous à éliminer et à casser les lignes. Il y a vraiment toutes sortes de physique, et c’est ce qui fait la beauté du poste.

Est-ce en raison de votre gabarit que vous mettez beaucoup d’impact dans les duels ?
Quand on veut récupérer le ballon, on doit constamment mettre de l’intensité. On dit souvent que la bataille du milieu détermine la finalité d’un match, donc si on la gagne, on a déjà la mainmise sur le match. C’est pour ça que c’est très important de répondre présent dans ce domaine.

Depuis vos débuts en Ligue 1 Uber Eats, vous êtes le quatrième milieu de terrain à avoir reçu le plus de cartons jaunes (60). Est-ce aussi lié ?
Non ! Je dirais que c’est plus une question de tempérament. C’est dû à l’intensité que je mets dans les duels, à quelques maladresses aussi... Ça fait partie du poste d’avoir énormément de duels à jouer, de parfois commettre des fautes pour casser une action adverse, et les arbitres les sanctionnent logiquement. Donc, ce n’est pas lié à ma taille, mais à mon tempérament et à mon style de jeu.