Braqués sur une soixantaine de championnats à travers le monde, même les plus obscurs, les algorithmes du Toulouse FC, un club très porté sur la data, ne pouvaient pas passer à côté. Thijs Dallinga a signé la saison dernière toutes compétitions confondues 36 buts et neuf passes décisives en 44 matchs avec l'Excelsior Rotterdam, qui évoluait alors en deuxième division aux Pays-Bas.

Ces chiffres ont convaincu les dirigeants toulousains, à la recherche d'un attaquant pour concurrencer Rhys Healey, meilleur buteur de Ligue 2 BKT la saison dernière, de réaliser l'un de leurs plus gros transferts depuis l'arrivée des nouveaux propriétaires du fonds américain RedBird.

Le retour sur investissement semblait en bonne voie après les trois premières journées de championnat, avec deux buts contre Nice (1-1) et Lorient (2-2). Mais la réussite du jeune Batave (22 ans) au gabarit ordinaire (1,80 m, 70 kg) masquait alors son déficit physique face aux défenses adverses et son manque d'impact général dans le jeu.

« Il a pris la mesure de la Ligue 1 Uber Eats »

À défaut d'alternatives à la pointe de l'attaque en l'absence de Healey, gravement blessé à un genou, Dallinga a tout de même enchaîné les titularisations, sans marquer. Jusqu'à ce que l'entraîneur Philippe Montanier le relègue sur le banc, d'abord à l'automne au profit du Pitchoun Farès Chaïbi, dont ce n'est pourtant pas le poste, puis du Japonais Ado Onaiwu en début d'année.

Une période « difficile à vivre », de l'aveu même du discret Néerlandais, qui « lui a peut-être aussi permis de se régénérer physiquement », estime Montanier. « Il est revenu, depuis son passage sur le banc, avec une bonne intensité de jeu et de la justesse technique », juge encore son entraîneur. « Thijs est un jeune joueur, qui découvre le championnat, et je pense qu'à force de faire des matchs il a pris la mesure de la Ligue 1 Uber Eats ».

Les chiffres, une fois de plus, plaident en sa faveur : Dallinga a inscrit cinq buts lors de ses six derniers matchs de championnat, soit un de plus que Lionel Messi (trois), Neymar (un) et Kylian Mbappé (zéro) à eux trois en 2023. C’est simple, depuis le début de l’année civile, seul Wissam Ben Yedder (7 buts) fait mieux que le numéro 27 des Violets (5 buts).

Une forte concurrence interne

Plus globalement, dans l’histoire du TéFéCé, avec un total de huit buts lors de ses 22 premiers matchs de Ligue 1 Uber Eats, il n’est pas loin d’être le joueur le plus prolifique lors de ses débuts au club. En effet, il faut remonter au passage de Victor Bonilla, auteur de 10 buts entre juillet et décembre 2000, pour voir un joueur faire mieux.

« Au début, quand on arrive dans un nouveau pays, il faut du temps pour s'adapter au niveau. Ça a bien démarré, puis j'ai connu quelques matchs difficiles, mais ça va mieux et je suis content de pouvoir aider l'équipe », a-t-il reconnu après son doublé décisif à Strasbourg (2-1) lors de la 20e journée.

Deux buts célébrés avec la « mafia » néerlandophone du TFC (Branco van den Boomen, Stijn Spierings, Brecht Dejaegere), qui l'a pris sous son aile et a facilité son intégration dans la Ville rose. Encore buteur contre Troyes (4-1), sur un service justement de son compatriote Van den Boomen, puis face à Rennes dimanche dernier (3-1), Dallinga n'en a peut-être pas fini pour autant avec la concurrence interne. Et pour cause, les solutions sont nombreuses pour Philippe Montanier qui possède la meilleure attaque d’Europe en 2023 (30 buts en 10 matchs).

Avec Aboukhlal, van den Boomen, Ratão et donc Dallinga, il compte désormais quatre joueurs différents à au moins 5 buts en championnat - plus que tout autre équipe -, sans compter que Rhys Healey a récemment fait son retour à l'entraînement et qu’un nouveau numéro 9, Saïd Hamulic, un Néerlando-Bosnien de 22 ans, auteur de 9 buts en 17 matchs cette saison dans le championnat polonais, est arrivé. Les algorithmes du TFC ne laissent décidément rien passer.