Jean-Charles Castelletto (FC Nantes).
Interview

Jean-Charles Castelletto : « Je suis devenu un vrai joueur de Ligue 1 Uber Eats »

Jean-Charles Castelletto : « Je suis devenu un vrai joueur de Ligue 1 Uber Eats »

Interview
Publié le 06/09 à 09:38 - NM

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Arrivé au FC Nantes en juillet 2020, le défenseur central Jean-Charles Castelletto évoque l’évolution de son rôle, sa progression, son poste et ses expériences internationales avec le Cameroun.

Vous venez d’entamer votre quatrième saison au FC Nantes. Occupez-vous désormais un rôle de cadre au sein du groupe ?
C’est vrai que mon rôle a évolué. La première saison avait été compliquée, puis au fil du temps, j’ai pris de l’importance, surtout la saison dernière où il fallait être présent pour le groupe et plus particulièrement auprès des jeunes qui découvraient qu’une saison pouvait être difficile jusqu’à la fin. Donc, c’est vrai que j’ai aujourd’hui un rôle important dans l’équipe.

Vous en avez déjà recadré un ou deux qui n’étaient pas suffisamment impliqués ?
Non ! Je suis plutôt dans l’échange avec les jeunes. Je pense que le plus important, c’est de leur donner des conseils pour qu’ils puissent arriver dans l’équipe avec de bonnes bases. Je leur dis de prendre du plaisir et d’écouter les anciens. On a été à leur place et on sait comment on est arrivés jusque-là. Je les invite à réitérer ce qu’on a fait et à écouter les conseils qu’on leur donne. C’est un rôle qui me plaît car j’aime rigoler avec eux et, en même temps, leur donner des petits conseils.

Vous êtes titulaire indiscutable depuis deux saisons. Dans quels registres sentez-vous que vous avez le plus progressé ?
Dans la relance ! Je suis plus à l’aise qu’auparavant pour ressortir les ballons. Je ressens aussi beaucoup plus de confiance puisque ça fait désormais plusieurs années qu’on joue ensemble et que j’enchaîne les matchs. Je suis content de ma progression, même si elle n’est pas encore terminée. Je peux dire que je suis devenu un vrai joueur de Ligue 1 Uber Eats. Quand je suis arrivé, je découvrais encore le championnat et maintenant, je suis beaucoup plus à l’aise et je le ressens pendant les matchs. Quand on passe la barre des 100 apparitions en championnat, on commence à avoir une certaine expérience.

Le parcours du FC Nantes en Coupe d’Europe a été très prenant la saison dernière et a semblé avoir un impact sur les résultats du club en fin d’exercice. Avez-vous tiré du positif de cette expérience ?
On apprend de chaque erreur. Je pense que la saison dernière nous a appris que la base était d’abord le championnat. Quand tu es relâché en championnat, que tu as pris tes points pour ton maintien, ceux qui vont te donner de la confiance, tu vas pouvoir aborder les autres compétitions plus facilement. On a oublié ça sur la saison dernière et c’est ce qui nous a un peu fait défaut. Mais j’en tire tout de même du positif, on sait maintenant ce qui n’est pas bon de faire quand on est engagé dans plusieurs compétitions. Je pense qu’on a tous vécu cette saison assez difficilement mais on en garde aussi de bons souvenirs, comme la double confrontation face à la Juventus.

« Pierre Aristouy a mis beaucoup de choses en place pour la cohésion de groupe »

Pierre Aristouy est devenu l’entraîneur de l’équipe en fin de saison dernière alors qu’il n’avait encore jamais dirigé de match en Ligue 1 Uber Eats. Pouvez-vous nous parler de son style ?
Comme chaque entraîneur, il a des demandes propres à sa méthode. Il sait ce qu’il veut. Il veut mettre en place du beau jeu avec beaucoup de pressing. Il ne souhaite pas forcément qu’on ait la possession lors de tous les matchs mais il insiste sur le fait qu’on doit avoir des automatismes, qu’on sache systématiquement quoi faire avec et sans le ballon. Ce dernier point est même le plus important et il insiste beaucoup dessus.

Des choses sont-elles différentes dans sa méthode par rapport à ce que vous avez pu connaître par le passé ?
On travaille beaucoup plus en dehors des entraînements. C’est plaisant ! Il a mis beaucoup de choses en place pour la cohésion de groupe. Avant l’entraînement, on a toujours une petite séance de préparation et on revient également deux après-midis par semaine - après la séance du matin - pour de la musculation et des étirements. Il y a plus de travail invisible qu’auparavant, on ne travaille pas que tactiquement.

Le coach a choisi d’instaurer une défense à trois lors des quatre premières journées mais vous savez aussi bien évoluer au sein d’une défense à quatre. Quel système préférez-vous ?
J’ai une préférence pour les systèmes à trois défenseurs centraux. J’aime bien attaquer et ils me permettent de le faire davantage. Puis, quand on est à cinq derrière en position défensive, c’est plus facile de sortir sur les adversaires car on est plus couverts. Il y a plus de monde autour du ballon.

Quelles sont les principales différences entre ces deux animations défensives ?
A quatre, on a plus de possibilités offensivement car on a plus de joueurs offensifs sur le terrain. Une fois qu’on a passé la ligne des milieux adverses, on a plus de monde entre les lignes. C’est ce qui est le plus avantageux quand on joue à quatre derrière. A trois ou à cinq, on a forcément moins de personnes devant et c’est parfois plus difficile de trouver directement des joueurs offensifs libres. Mais la particularité de la défense à trois, c’est qu’elle pose plus de problèmes à l’adversaire lors des ressorties de balle. On utilise beaucoup plus la largeur du terrain.

« Il faut connaître les moindres faits et gestes de son adversaire »

Est-ce que cela change votre manière de défendre ?
Oui ! Comme je l’ai dit, on est plus autour du ballon, donc on va être un peu plus dans le pressing. On cadre mieux les joueurs adverses que lorsqu’on est quatre derrière. Par exemple, à quatre, si on enclenche un pressing et qu’un joueur est un peu en retard ou qu’il perd son duel, c’est beaucoup plus préjudiciable qu’à cinq où deux joueurs seront bien souvent présents pour couvrir. A quatre, peu importe les principes du coach, tu es beaucoup plus en marquage individuel. Puis, quand tu récupères le ballon, tu es moins libre. Si tu commets une erreur technique, tu n’auras qu’une seule personne pour te couvrir. Pour les défenseurs qui aiment avoir le ballon, la défense à trois, c’est top !

Quel type d’attaquant n’aimez-vous pas affronter ?
Il n’y en a pas un en particulier… Bon, c’est sûr qu’en tant que défenseur, on n’aime pas affronter Kylian Mbappé, c’est normal (sourire). Mais tous les attaquants ont leurs particularités. Par exemple, Wissam Ben Yedder, ce n’est pas un joueur qui va faire beaucoup de courses mais il va toujours être à l’endroit où la balle va arriver pour te mettre la frappe qui va finir au fond. Ça n’a rien à voir avec Kylian Mbappé, qui est dans la percussion, mais ce n’est pas pour autant plus simple. Il y a aussi des attaquants plus statiques qui sont toujours là pour bien remiser les ballons. Franchement, jouer contre toutes sortes d’attaquants, ça me fait plaisir et je n’ai pas de contrainte à jouer contre certains en particulier.

Vous adaptez-vous aux différents styles ?
Bien sûr ! Quand tu sais qu’un attaquant va beaucoup jouer en remise, tu le colles un peu moins car tu sais que sinon il va être très à l’aise. Quand un attaquant a l’habitude de se retourner assez rapidement pour créer un décalage, tu vas te mettre un peu plus proche de lui. Quand tu sais qu’il va vouloir souvent prendre de la vitesse, tu vas un peu plus reculer car tu ne vas pas soudainement aller plus vite que lui. Quand on est défenseur, il faut tout le temps s’adapter à l’attaquant ! Il faut aussi connaître les moindres faits et gestes de son adversaire, c’est très important pour ne pas se faire avoir bêtement.

C’est-à-dire ?
J’étudie les attaquants. On a pas mal de vidéos sur nos adversaires. Je sais que ce n’est pas le cas de tous les joueurs mais j’aime beaucoup en regarder. Personnellement, je regarde toujours une petite vidéo pour voir les habitudes de l’attaquant auquel je vais faire face. Je me concentre en priorité sur ses appels et ce qu’il a souvent tendance à faire lorsqu’il reçoit le ballon.

« Procurer des émotions à tout un peuple, il n’y a rien plus beau »

En parallèle de votre carrière en club, vous vivez de belles expériences avec la sélection du Cameroun et avez participé à la dernière Coupe d’Afrique des Nations. Quels souvenirs en gardez-vous ?
C’était top ! Pouvoir participer à la CAN dans son pays, avec tous nos supporters, c’était une magnifique expérience à vivre. Cette CAN et la Coupe du monde, ce sont les plus belles compétitions que j’ai pu disputer. J’en garde un très bon souvenir, surtout que j’étais titulaire et qu’on a réalisé de bons matchs. On aurait aimé gagner mais on a terminé troisième. Quand tu es éliminé en demi-finale, c’est toujours rageant mais j’ai fini par m’en contenter.

Comme vous l’avez dit, vous avez ensuite pris part à la Coupe du monde 2022. Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez été appelé ?
J’étais fier ! Tous les joueurs veulent participer à une Coupe du Monde, même certains grands joueurs n’ont pas cette chance, donc j’ai voulu en profiter au maximum et je l’ai prise très au sérieux. J’ai profité de chaque instant pour garder des souvenirs à vie et pouvoir plus tard les partager avec mes enfants.

Vous avez même marqué durant cette compétition face à la Serbie (3-3). Est-ce, pour l’instant, le meilleur souvenir de votre carrière ?
Oh oui ! C’est indescriptible ! (sourire). Pouvoir marquer dans une Coupe du Monde, c’est complétement fou, c’est le top. A la fin du match, j’ai vu des vidéos où tout le Cameroun sautait de joie. Savoir que tu as procuré des émotions aussi fortes à tout un peuple, il n’y a rien plus beau. C’est le moment que je garde en tête de cette compétition. Il restera gravé à vie dans ma mémoire.

Sur quels points ces matchs vous ont permis de progresser ?
La gestion des émotions ! Quand tu joues au Cameroun, il faut être fort mentalement, tout comme quand tu disputes une Coupe du Monde. Tu ressens beaucoup d’adrénaline car à la moindre erreur, ce n’est pas une ville qui va te tomber dessus, mais tout un pays surtout quand tu joues à un poste où tu es exposé. C’est fatigant émotionnellement mais ça te fait aussi élever ton niveau. Grâce à ces compétitions, je n’aborde plus les matchs de la même manière, j’arrive à entrer dans les matchs plus facilement, je suis beaucoup plus relâché.