Interview

Thijs Dallinga : « Je peux être plus fort »

Thijs Dallinga : « Je peux être plus fort »

Interview
Publié le 27/12 à 10:47 - Aranud Di Stasio

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Néo-international néerlandais, Thijs Dallinga totalise presque 30 buts depuis son arrivée au Toulouse FC il y a un an et demi. Ses modèles et ses axes de progression, les duels avec les défenseurs, les pénaltys, le trash talking… Entretien 100% attaquant.

L’été dernier, tu as récupéré le numéro 9 après avoir disputé ta première saison à Toulouse avec le 27…
Oui, c’est le numéro que tous les attaquants veulent ! On est tous pareils ! Comme j’ai fait une belle saison avec le numéro 27, j’ai un peu hésité avant de changer mais j’avais presque toujours joué avec le 9 avant ça donc quand l’occasion s’est présentée…

« J’avais besoin d’un temps d’adaptation »

Tu as marqué 12 buts lors de ta première saison en Ligue 1 Uber Eats (18 toutes compétitions confondues). Est-ce que tu t’attendais à marcher aussi fort ?
Ce serait exagéré de dire que je m’y attendais car j’arrivais de D2 néerlandaise et je savais qu’ici, le niveau du championnat était bien supérieur. Donc au début, je ne savais pas trop à quoi m’attendre, je voulais juste réussir à m’adapter au plus vite. J’ai eu besoin d’un peu de temps mais j’ai eu la chance de vite marquer. Et finalement, l’équipe a réussi une belle saison et moi aussi.

Lors de cette première saison, tu as inscrit 9 de tes 12 buts en championnat après Noël (15 de tes 18 buts toutes compétitions confondues). Comment expliques-tu cette différence de rendement ?
C’est difficile… J’ai marqué deux buts lors des premiers matchs, ce qui m’a laissé penser que ce ne serait pas si difficile pour moi de jouer à ce niveau. J’avais confiance en moi. Mais en même temps, je sentais que j’avais besoin d’un temps d’adaptation aussi bien mentalement que physiquement. Je parle de la vitesse du jeu, de la qualité de mes adversaires directs… A mon âge, c’est normal d’avoir besoin d’un peu de temps. Il fallait aussi que je développe des automatismes avec mes nouveaux coéquipiers, que l’on apprenne à se connaître. Lors de la seconde partie de saison, l’équipe tournait bien et, nous, les attaquants, on dépend beaucoup du reste de l’équipe. Si ça tourne bien, ça nous facilite la tâche, on a davantage d’occasions.

« Le meilleur défenseur que j’ai affronté ? Kevin Danso »

Pour remonter un peu dans le temps, est-ce que tu as toujours joué attaquant ?
Toujours ! J’ai toujours joué 9 ou faux 9 mais j’ai toujours été très proche du but adverse. Depuis que j’ai commencé à jouer au foot, la plus belle chose pour moi, c’est de marquer. Donc j’ai toujours voulu jouer devant.

Tu es passé par le centre de formation du Feyenoord Rotterdam puis par Emmen et Groningen avant d’exploser avec l’Excelsior Rotterdam, en D2 néerlandaise, où tu as terminé meilleur buteur. Sur le terrain, te demande-t-on des choses différentes en France par rapport à ce qu’on te demandait aux Pays-Bas ?
Ce n’est pas une histoire de pays, ce qu’on te demande dépend de l’équipe dans laquelle tu joues. Dans une équipe qui se bat pour le maintien et une équipe qui vise le titre, on ne va pas te demander la chose. Ce qui fait la différence, c’est le club et le coach bien sûr. Mais oui, il y a de grosses différences entre ce que j’ai vécu aux Pays-Bas et ce que je vis depuis que je suis à Toulouse.

C’est-à-dire ?
Déjà, il faut savoir que lorsque j’ai signé à l’Excelsior Rotterdam, j’ai fait le choix de redescendre d’un cran après plusieurs saisons à Groningen, en Eredivisie. Je voulais avoir davantage de temps de jeu et pouvoir me montrer, ce que j’ai eu la chance de faire. Mais bien sûr, il y a une grande différence entre les clubs de D2 néerlandaise et ceux de Ligue 1 Uber Eats, sur la capacité des stades, le budget des clubs et donc la qualité des joueurs… C’est normal qu’un championnat du top 5 européen comme le championnat français soit très au-dessus de la D2 néerlandaise, un championnat de moindre qualité mais où il y a beaucoup de jeunes joueurs qui veulent se montrer, comme moi à l’époque.

Tu parlais de la qualité des joueurs ici. Même si tu n’as que 23 ans, qui sont les défenseurs qui t’ont donné le plus de fil à retordre jusqu’à maintenant ?
Le meilleur que j’ai affronté, c’est Kevin Danso de Lens. Il a toutes les qualités qui font un bon défenseur : il est costaud et agressif dans les duels mais il est également rapide et il lit très bien le jeu. Si un attaquant va prendre la profondeur, il anticipe tout de suite. Il y a aussi Chancel Mbemba de Marseille contre qui c’est dur. Lui aussi est un défenseur central complet. Il est costaud, rapide et il lit vite le jeu.

« Il faut que je sois encore plus agressif »

Pour maintenant parler du poste d’attaquant en détail, quelle est ta définition de l’attaquant parfait ?
C’est un attaquant à l’aise avec ses pieds, capable de participer au jeu de son équipe mais également capable de faire des appels en profondeur dans le dos de la défense. C’est un attaquant qui peut être dangereux à tout moment et qui oblige ses adversaires à le surveiller en permanence. En résumé, c’est un attaquant qui sait un peu tout faire.

Justement, pour te rapprocher un peu plus de cet idéal, sur quoi dois-tu travailler en priorité ?
Sur les duels. Il faut que je sois encore plus agressif. Je ne suis pas le plus maladroit avec le ballon dans les pieds ou quand il faut prendre la profondeur mais je pense que je peux m’améliorer dans les duels. Je peux être plus fort, notamment dans les airs.

Vu ton style de jeu, de quels attaquants t’inspires-tu ?
J’aime regarder Erling Haaland car il correspond beaucoup à la définition que je donnais de l’attaquant parfait. Il est rapide, à l’aise techniquement, toujours dangereux, capable de marquer de n’importe où… Il est vraiment au-dessus de tout le monde. Il y a beaucoup à apprendre d’un attaquant comme lui. La saison dernière, j’aimais bien Loïs Openda même s’il a un style différent du mien.

« J’essaie juste de me dire qu’il faut que je m’amuse »

Depuis que tu joues à Toulouse, tu as beaucoup marqué en une touche de balle. C’est la finition parfaite pour toi ?
Ce n’est pas quelque chose que je recherche particulièrement mais c’est la façon la plus rapide de terminer une action et ça laisse peu de temps aux défenseurs ou au gardien pour anticiper. C’est plus difficile pour eux. J’essaie souvent de reprendre le ballon en une touche même si, cette saison, je fais en sorte d’être capable de marquer en réalisant plusieurs touches dans la surface.

Comment prépares-tu le match du week-end ?
On s’entraîne toute la semaine en fonction du match qui arrive, avec des exercices spécifiques selon le club qu’on va affronter. Chaque joueur reçoit aussi une vidéo avec ses propres actions et parfois des éléments sur le match suivant. Ça nous aide à nous préparer et à savoir à qui on va avoir affaire, quelles sont les forces de nos adversaires…

Certains joueurs observent des routines bien précises pendant leur échauffement. Est-ce ton cas ?
Pas vraiment. Avant un match, j’ai envie de me libérer l’esprit, de ne pas trop penser à ce qui va arriver ou ne pas arriver. Je ne m’impose rien de particulier. J’essaie juste de me dire qu’il faut que je m’amuse. Je me dis aussi : « Aie confiance en toi, tu sais de quoi tu es capable. Tu t’es bien entraîné toute la semaine et maintenant, c’est le moment de le montrer, de donner aux supporters ce qu’ils attendent. »

« Je n’aime pas mal parler à mes adversaires »

En tant qu’attaquant, tu es parfois engagé dans une bataille psychologique avec tes adversaires directs. Que se passe-t-il lors des premières minutes d’un match ?
Grâce à la vidéo, je sais ce que les défenseurs aiment ou n’aiment pas avant même le match. Il y a bien sûr un aspect psychologique dans le duel que tu livres à un défenseur car il y a beaucoup de uns contre uns. Ça fait partie du jeu et, en tant qu’attaquant, ces matchs dans le match me plaisent. Des fois, c’est toi qui gagnes, des fois, c’est l’autre, mais heureusement, je suis plus souvent du bon côté !

Et le trash talking ?
Parfois, le duel avec ton adversaire direct est dur, agressif, dès le début du match et c’est vrai qu’on peut échanger certains mots. Mais je n’aime pas mal parler à mes adversaires. Pour moi, ça ne sert à rien. Quand on me parle mal, ça ne me fait pas sortir de mon match. C’est mieux d’avoir un comportement « normal » avec son adversaire direct, d’être dur mais dans les règles. Ça se passe comme ça avec la grande majorité des défenseurs. On a beaucoup de respect les uns pour les autres.

Cette saison, tu es le tireur de pénaltys du Toulouse FC. Est-ce que tu as une technique particulière ?
Non, mais je m’entraîne beaucoup. Tous les jours, j’en tire plusieurs, pour avoir un rythme et savoir quoi faire en match. Mais c’est dur de les travailler à l’entraînement car les conditions n’ont rien à voir avec celles d’un match, où il y a la pression, le public… D’un point de vue technique, si le pénalty est bien tiré, fort, avec confiance, c’est pratiquement impossible pour le gardien de l’arrêter. C’est ce qu’il faut garder en tête.

On sait que les gardiens regardent des vidéos des tireurs de pénalty qu’ils vont affronter. Est-ce que l’inverse est vrai ?
Je le faisais plus tôt dans ma carrière mais maintenant, ce n’est plus le cas. C’est dans ma tête que ça se passe avant tout. Si je suis en confiance et que je frappe bien mon pénalty, aucun gardien ne pourra l’arrêter. Je n’ai même pas envie de savoir si le gardien plonge plus souvent d’un côté ou d’un autre. Tout dépend de moi. Et puis si un gardien a plongé à droite les six dernières fois et qu’il plonge à gauche la fois suivante, que se passe-t-il ?

(Crédit photo : LFP / Classic Football Shirts)

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