Interview

Hugo Magnetti : « Éric Roy a changé le Stade Brestois »

Hugo Magnetti : « Éric Roy a changé le Stade Brestois »

Interview
Publié le 11/01 à 10:03 -

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Grand travailleur sur le terrain et ambianceur dans le vestiaire, Hugo Magnetti, qui connaît sa 6e saison au Stade Brestois 29, est l’un des mieux placés pour évoquer l’apport d’Éric Roy après une année. Entretien.

Éric Roy a pris le poste d’entraîneur du Stade Brestois 29 il y a un an, le 3 janvier 2023. Te souviens-tu des débuts avec lui ?
L’aventure a commencé à Avranches (en Coupe de France, janvier 2023). Il a tout de suite mis ses idées en place. Et toujours avec la volonté que les joueurs l’accompagnent, pas dans quelque chose de strict, que ça nous plaise ou non. L’équipe l’a suivi naturellement. Je me souviens qu’il nous avait tous reçus un par un. Il avait voulu créer de la proximité avec les joueurs, ce qui était un peu différent de ce que l’on avait connu auparavant. Avec Michel Der Zakarian, je dirais que, dans son management, il y avait un peu moins de proximité et davantage de rigueur. Du fait de notre situation difficile au classement (17e de Ligue 1 Uber Eats), Éric Roy a voulu mettre cette relation en place, sachant que nous avions un défi à relever ensemble.

Et quelle a été ta première impression le concernant ?
J’ai immédiatement vu un coach qui était très proche de ses joueurs. J’ai senti une écoute et pas du tout un entraîneur qui venait avec des idées arrêtées. Ça a fait la différence selon moi. Même s’il n’avait pas entraîné depuis quelques temps (2011/12 à l’OGC Nice), on connaissait son passé d’ancien joueur, de coach ou encore de consultant. On n’a pas eu le temps d’avoir des doutes le concernant car il a tout de suite apporté son élan positif.

Peux-tu évoquer ses causeries ?
Il n’en fait jamais trop. Elles restent motivantes, mais elles sont dans la lignée de son discours depuis qu’il est à la tête de l’équipe. Cette saison, il a gardé la même recette que l’an dernier puisque ça a bien matché avec le groupe. Son discours reste le même.

« Il veut que l’on soit une équipe chiante à jouer »

Quel a été son principal apport au groupe ?
Étant donné notre situation à son arrivée, il nous a d’abord apporté des ondes positives. Malgré le bon intérim de Grougi-Bourgis-Lachuer avant lui, on ne gagnait plus beaucoup à cette époque… Alors, son état d’esprit nous a boosté. Il a apporté son calme, sa sérénité. Il a su nous entraîner dans son sillage, en faisant adopter ses idées et ses choix.  

Au bout d’un an à ses côtés, quel est le leitmotiv d’Eric Roy auprès de l’équipe ?
Ce qu’il nous répète beaucoup, c’est qu’il faut que l’on soit une équipe chiante à jouer, difficile à battre, que pour cela, il faut mettre de l’intensité. Il nous transmet aussi l’idée d’avoir une identité, de jouer avec nos valeurs, ce qui revient pour nous à ne jamais rien lâcher. On se sent comme dans une famille. On a tous envie de se battre les uns pour les autres. Il a déjà eu plusieurs casquettes dans ses clubs par le passé au sein des directions sportives donc cela lui a permis d’avoir un regard différent de celui d’entraîneur.

Quelles en sont les répercussions sur le terrain ?
Cette saison, on essaye de ne jamais s’affoler, même dans les temps faibles ; de dégager de la sérénité. Il y a cette envie de montrer que nous sommes forts et difficiles à bouger.

Et cela semble bien fonctionner en conduisant le Stade Brestois à progresser sur la base d’une confiance nouvelle...
Oui, avec la confiance générée par les résultats et le bon classement, nous sommes plus libérés. Éric Roy a changé le Stade Brestois. Car ce que l’on fait cette saison, je pense que l’on savait le faire l’année dernière. Mais avant, on ne voulait pas prendre le risque de perdre des matchs en se prenant des contres. La priorité était de se sécuriser. Désormais, nous parvenons à le faire tout en prenant du plaisir. Notre position au classement y est pour beaucoup dans cette philosophie. Ça change les choses de jouer avec moins de peur et plus de confiance.

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« Dès que l’on atteint un objectif, le coach nous offre un resto »

L’une des particularités du management d’Éric Roy est la mise en place d’objectifs fixés par les joueurs. Peux-tu nous expliquer ce fonctionnement ?
La saison dernière, on le faisait moins, car on voulait simplement tout gagner pour se sauver… Cette saison, on se fixe des objectifs sur une période de 4-5 matchs. Par exemple, on s’accorde pour avoir l’objectif de marquer 6 ou 7 points sur ces matchs. Et dès que l’on atteint un objectif, le coach nous offre un restaurant tous ensemble ou on obtient des jours de repos supplémentaires. C’est plutôt cool ! Tout cela contribue à instaurer cet esprit familial.

Et les joueurs du SB29 sont-ils bons dans leurs pronostics ?
Pour l’instant, on est pas mal ! Sur les quatre objectifs fixés, on en a réussi trois. Pour la trêve, nous nous étions fixés un nombre de points de 25 ou 27… Et nous en avons pris 31.

Le prochain objectif à atteindre a-t-il été décidé ?
Le coach nous a demandé aujourd’hui (mardi) d’en parler entre nous. Je pense que ça se fera tranquillement dans la semaine. On va être raisonnables et tout faire pour faire perdurer cette belle période.

« Brest est un club auquel je suis très attaché »

Personnellement, que t’apporte la collaboration avec Éric Roy ?
Il m’a apporté de la confiance. Même si avant lui, Dall’Oglio et Der Zakarian m’ont aussi lancé, c’est le premier à me faire confiance régulièrement. Je le ressens plus fortement. Et comme il connaît très bien ce poste de milieu, il me donne des conseils, ça aide. Enfin, comme moi, il vient de Sud, et qui plus est, il a joué à l’OM (Hugo est né à Marseille), ce qui nous fait des points communs. On en parle et on en rigole.

En décembre, le coach t’a donné le brassard de capitaine contre Strasbourg. Quel sentiment cela t’a-t-il procuré ?
C’était une fierté ! Parce que Brest est un club auquel je suis maintenant très attaché. Et ensuite, c’est la preuve d’une belle reconnaissance de la part d’Éric Roy. Je l’en remercie en donnant toujours mon maximum sur le terrain. C’était une belle surprise car je l’ai appris au moment de la causerie. Je le dois, je pense, à mon ancienneté et au fait que je partage les valeurs du club. Ça m’a fait plaisir.

Avais-tu à cette occasion des consignes particulières ?
Il m’a demandé de garder ma personnalité habituelle. Celle qui l’a certainement conduit à me confier le brassard. Donc je devais faire ce que je savais faire. C’est Marco (Bizot) qui m’a rappelé de ne pas oublier le protocole d’avant-match (rires).

« Notre objectif reste le maintien »

Cette saison, le Stade Brestois 29 occupe le meilleur classement de son histoire (4e). Cela n’était certainement pas prévu après la saison dernière. Comment vis-tu cela ?
On n’était pas préparés à ça, mais on garde les pieds sur terre sans être perturbés. Au final, nous ne sommes pas dépassés par les événements, ce qui nous permet d’avoir cette régularité dans les résultats. Par le passé, on avait aussi eu des bonnes périodes, mais dans la foulée on avait un coup de moins bien…La différence cette saison est cette régularité. Et ça nous excite pour la deuxième partie de saison, car on espère faire aussi bien. Ça serait très beau !

Du coup, quel objectif vous êtes-vous fixés entre joueurs ?
Notre objectif reste le même. Tant qu’il n’aura pas été acquis, ça sera le maintien. Les gens pensent que nous sommes fous de dire ça, mais c’est une réalité. Dans le foot, ça peut aller très vite dans les deux sens. Et si le maintien est assuré, on pourra alors parler d’ambitions plus élevée. Et le vestiaire n’en manque pas…

Enfin, l’année 2023 s’est terminée en apothéose avec le quadruplé de Kamory Doumbia à Francis-Le Blé contre Lorient (4-0). Peux-tu nous raconter comment cela a-t-il été vécu de l’intérieur ?
C’était son jour ! C’était assez fou ! Ce n’est pas arrivé à beaucoup de joueurs au cours d’une carrière. Nous étions tous heureux pour lui. C’est un garçon très talentueux et super agréable à vivre, un peu timide. Il est resté tranquille après le match, assis à sa place dans le vestiaire recevant les félicitations de tous. C’est Kamory ! Il ne devait pas trop réaliser à ce moment. C’était aussi un beau cadeau pour les supporters cette victoire dans le derby qui nous offrait la 4e place.

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