Edan Diop (AS Monaco).
Interview

Edan Diop : « Sofiane est tout le temps là pour moi »

Edan Diop : « Sofiane est tout le temps là pour moi »

Interview
Publié le 28/02 à 10:08 - NM

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Formé à l’AS Monaco et entré en jeu face à Lens dimanche dernier, le jeune Edan Diop (19 ans) se livre sur sa découverte du monde professionnel depuis la saison passée. Sa première apparition, son premier but, l’aide de son frère… Entretien.

Quels souvenirs as-tu de tes premiers pas au sein de l’équipe professionnelle la saison passée ?
Je suis arrivé dans le groupe vers la mi-février. Le coach Philippe Clement avait fait appel à moi juste avant le match retour d’Europa League face au Bayer Leverkusen (le 23 février 2023, 2-3, 3-5 aux t.a.b.). Je suis entré à l’heure de jeu et j’avais failli marquer (son but a été refusé). J’aurais pu être le héros de la soirée ! Je retiens aussi ma première apparition en Ligue 1 Uber Eats contre l’OGC Nice quelques jours plus tard.

Comment as-tu vécu tes premières convocations dans le groupe ?
J’ai ressenti beaucoup de fierté et de joie ! C’était une belle récompense de tout le travail effectué depuis mes cinq ans, l’âge où j’ai débuté le foot.

Peux-tu nous raconter ta première apparition face au Bayer Leverkusen ?
Le coach m’avait appelé sur le banc et m’avait dit que j’allais entrer à la place de Chris (Matsima). J’étais très content d’avoir pu connaître ma première apparition en compétition officielle avec l’équipe pro. Je me souviens de mon premier ballon touché comme si c’était hier. C’était sur une récupération de l’équipe où un joueur m’avait ensuite servi, ça reste gravé dans ma mémoire. J’avais ressenti beaucoup d’excitation.

« Mon premier but ? J’étais un peu choqué sur le coup »

Comment avais-tu préparé ce match ?
J’avais parlé avec mon frère juste avant (Sofiane Diop). Il m’avait dit : « Sois prêt ! On ne sait pas de quoi est fait l’avenir ! » Il avait aussi insisté sur le fait que je devais jouer mon football comme je sais le faire. Mais je ne savais pas du tout que j’allais entrer, je ne m’y attendais pas du tout !

Trois jours plus tard, tu entres en jeu face à l’OGC Nice (26 février 2023, 25e journée). Qu’est-ce qui t’a le plus impressionné lors de tes débuts en Ligue 1 Uber Eats ?
Déjà, c’était dans un derby, un match qu’on veut tous gagner. Après, il y avait aussi mon frère sur la pelouse. On s’est retrouvés à jouer une vingtaine de minutes l’un contre l’autre. C’était spécial ! On avait perdu (0-3), mais ça reste un moment fort pour moi. Je n’avais pas été aligné à mon poste de formation mais ça ne m’avait pas posé de problèmes (entré en tant que latéral droit mais formé en tant que milieu de terrain). J’étais juste heureux de jouer et de découvrir la Ligue 1 Uber Eats.

Tu marques ensuite ton premier but face au RC Strasbourg Alsace (2 avril 2023, 29e journée). Qu’as-tu ressenti à ce moment-là ?
Je ne m’attendais pas du tout à marquer. J’étais un peu choqué sur le coup. A la suite d’un coup franc adverse dans notre camp, Golo avait remonté tout le terrain avant de me décaler et j’avais conclu en une touche. C’était une grosse action de la part de l’équipe. Tout le monde était heureux pour moi. Je me souviens que Wissam (Ben Yedder) était venu me féliciter.

Un peu plus de deux mois après ta première apparition, tu es titulaire pour la première fois face au Montpellier Hérault SC (30 avril 2023, 33e journée). Que ressent-on quand on démarre dans le onze ?
De l’excitation ! Une première titularisation à 18 ans, ça n’arrive pas à tout le monde ! C’était un mélange de plusieurs sentiments : j’avais un peu de pression, l’envie de bien faire… Mais à 18 ans, on est encore insouciant ! On se met de la pression sans s’en mettre vraiment non plus (sourire). C’est l’envie de jouer qui domine.

« Tout est mis en œuvre pour que lorsque tu arrives chez les pros, tu ne sois pas dépassé »

Comment avais-tu appris cette première titularisation ?
La vieille du match, j’avais vu que j’étais dans la composition des titulaires à l’entraînement. Le coach était ensuite venu me parler dans le vestiaire et m’avait confirmé que j’allais commencer le match. Il m’avait dit que je devais jouer comme si j’étais à l’entraînement, que tout allait bien se passer. J’ai tout de suite appelé mon frère et il m’a donné quelques conseils pour ne pas me mettre de pression particulière. C’est la première personne que j’avais prévenue.

Quand on se retrouve dans un match de Ligue 1 Uber Eats, qu'est-ce qui change le plus par rapport à des matchs avec les jeunes ?
L’intensité ! Ce n’est pas du tout la même que lors des matchs avec les jeunes. Il y aussi beaucoup plus de public. Ça ajoute quand même une petite pression.

Comment as-tu fait pour te hisser au niveau de ce genre de match ?
Ce qui m’a le plus aidé, c’est le groupe Elite de l’Academy (l'équipe réserve). Comme on affronte des grosses équipes européennes, notamment lors des tournois, ça permet de disputer des rencontres avec beaucoup d’intensité et d’être bien préparé. Au sein de ce groupe, tout est mis en œuvre pour que lorsque tu arrives chez les pros, tu ne sois pas dépassé. Ça m’a vraiment aidé ! Après, ça se joue dans la tête. Et techniquement aussi, il ne faut pas se tromper.

« J’essaie de ne pas reproduire les erreurs que Sofiane a pu commettre »

Tu as évoqué le public un peu plus tôt et tu as notamment joué à Bollaert la saison passée (22 avril 2023, 32e journée). Qu’est-ce qu’on se dit face à ce type d’ambiance alors qu’il y a quelques mois on était avec le groupe Elite ?
Ça m’a fait un peu bizarre (sourire). A 18 ans, jouer à Bollaert, c’était beau. Quand je suis entré, j’ai senti une atmosphère spéciale, mais ça ne m’a pas impressionné. Je me souviens qu’à un moment, j’ai essayé de parler à Ruben (Aguilar), qui était à 2-3 mètres de moi, et il ne m’entendait pas. Ça montrait que l’ambiance était au rendez-vous. C’était plutôt pas mal.

Quels impacts ont eu tes premières apparitions au-delà du foot ?
Au niveau de ma famille et de mon entourage, tout le monde croyait en moi et avait confiance en mes qualités. Je ne dirais pas que c’était normal pour eux de me voir jouer avec les pros mais ils s’y attendaient. J’avais ressenti un petit impact au niveau du centre de formation, car lorsque j’ai débuté avec l’équipe première, j’étais toujours au centre. Comme j’avais joué en Ligue 1 Uber Eats, les jeunes me voyaient un peu comme une « star ». Sinon, en dehors, ça n’a pas provoqué de grand changement. C’était plus au niveau du centre.

Et sur les réseaux sociaux ?
Oui. Sur les réseaux, ça va vite avec les jeunes. Je l’ai senti. Je me souviens qu’après mes premiers matchs, on commençait à me filmer. Ça m’a un peu surpris les premières fois puis je me suis habitué. Ça fait partie du jeu !

Il ne faut pas se perdre à ce moment-là…
J’ai la chance d’avoir mon frère qui m’accompagne depuis toujours. Il est tout le temps là pour moi. Comme il a également été un jeune joueur, il a vécu ces choses-là et il me partage son expérience. Du coup, je prends exemple et j’essaie de ne pas reproduire les erreurs qu’il a pu commettre.

« Je suis le petit frère, c’est lui qui est derrière moi »

Sur quels points t’accompagne-t-il le plus ?
Au niveau du professionnalisme ! Il sait comment on peut se comporter quand on est un jeune joueur, donc il me donne le maximum d’outils pour que ça se passe bien pour moi, pour que je mette le maximum de chances de mon côté. Il me parle des soins, de la nutrition, du sommeil… Par exemple, il m’a toujours dit d’éviter d’aller manger des repas en extérieur, de faire attention à ma nutrition ou de ne pas faire tout ce que les copains en dehors du foot peuvent faire. Il peut m’arriver de ne pas comprendre certaines choses au quotidien également, et lui va me les expliquer.

Vous faites des débriefs de vos matchs ?
Oui. On parle souvent de foot. Il regarde mes matchs et il m’appelle après pour me demander comment je me suis trouvé. Je lui partage mon avis puis il me donne le sien. Il m’arrive aussi de lui faire des retours sur ses matchs mais ce n’est pas moi qui suis derrière lui. Je suis le petit frère, c’est lui qui est derrière moi. Ce n’est pas le contraire (rires). Lui, ce sont plus mes parents qui sont derrière.

Ça te met une pression supplémentaire d’avoir un grand frère professionnel ?
Pas plus que ça ! C’est plus une source d’inspiration. Ça me stimule, je me dis que j’ai envie de faire mieux que lui !