Interview

Arnaud Nordin : « Il m’arrive encore d’appeler Mbappé "cacahuète" »

Arnaud Nordin : « Il m’arrive encore d’appeler Mbappé "cacahuète" »

Interview
Publié le 06/03 à 09:25 - Arnaud Di Stasio

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Buteur ce week-end, le Montpelliérain Arnaud Nordin retrouve le fil d’une saison longtemps compliquée. Ses surnoms, son départ du cocon stéphanois, sa relation avec Kylian Mbappé, Paul Mirabel… Entretien.

Après avoir été pas mal embêté par les pépins physiques, tu as signé ton 4e but en 13 matchs cette saison. Lors de l’exercice précédent, ton premier à Montpellier, tu avais marqué 9 fois en Ligue 1 Uber Eats, de quoi exploser ton record stéphanois sur une saison (4 buts). Comment expliques-tu cette réussite ?
Avec l’âge, j’ai mûri sur pas mal de points. Je me suis notamment rendu compte qu’il fallait travailler davantage. Le changement de club m’a aussi fait du bien. J’avais besoin de sortir du cocon stéphanois et de me faire un peu plus mal. Il y a aussi l’arrivée de Michel Der Zakarian qui a été importante pour moi. C’est ce mélange qui explique que la mayonnaise a bien pris pour moi à Montpellier la saison dernière.

Tu évoques ta prise de conscience concernant le travail. C’est quelque chose que tu dates vraiment de l’été 2022 et de ton arrivée au MHSC ?
Non, c’est arrivé petit à petit. A 18 ans, tu sors du centre de formation, il faut grandir, faire attention à ce que tu manges… Tu te rends compte de plein de petites choses avec le temps. Maintenant, j’ai 25 ans donc ça fait un moment que j’ai pris conscience de l’importance des détails. J’ai mûri sur et en dehors des terrains. Beaucoup de gens vont parler des statistiques mais, moi, c’est la régularité que j’ai envie de mettre en avant. J’ai fait davantage de matchs aboutis et, forcément, derrière, les stats suivent. Pour un attaquant, ce qui est important, c’est de mettre le but, faire la passe décisive… Mais j’ai envie de mettre les choses dans cet ordre : d’abord la régularité puis les stats.

« À Saint-Étienne, j’étais dans une forme de cocon »

Tu parlais tout à l’heure de ton besoin de partir de ton club formateur, l’AS Saint-Étienne, pour voir autre chose…
Je l’ai dit un certain nombre de fois mais à Saint-Étienne, j’ai tout connu. Je suis arrivé là-bas à 15 ans et j’y suis resté jusqu’à mes 24 ans, avec seulement une parenthèse d’un an en prêt à Nancy. Il y a le foot bien sûr mais j’ai aussi eu mon bac là-bas, j’ai eu mon permis là-bas… J’ai vraiment tout connu. Je me sentais dans une forme de cocon tellement j’étais à l’aise et ce n’est peut-être pas l’idéal pour se faire mal. Mais le foot, c’est une remise en question permanente. Voir autre chose, connaître de nouvelles personnes, ça m’a permis d’être meilleur.

A Montpellier, tu as connu plusieurs coachs : Olivier Dall’Oglio, Romain Pitau puis Michel Der Zakarian, avec qui tu as été le plus performant…
Quand le coach est revenu au club, son discours m’a beaucoup touché. Il m’a tout de suite dit qu’il croyait en moi. Pour la petite anecdote, il est arrivé alors que je sortais d’une opération de la pommette et que je devais porter un masque. Je me disais que ça allait être compliqué pour moi au début, que le coach voudrait peut-être patienter avant de me faire jouer, mais non, il m’a tout de suite fait comprendre qu’il comptait sur moi. Il voulait que j’utilise mes qualités, la vitesse et la percussion, et que je travaille devant le but, que j’aie toujours envie de marquer, même à l’entraînement. Il ne lâche pas ses attaquants avec ça et ça nous a fait énormément de bien.

« Plus jeune, je jouais attaquant de pointe »

Lors de tes jeunes années, tu évoluais au poste d’avant-centre. A quel moment as-tu basculé sur l’aile ?
Quand j’ai arrêté de grandir (rires) ! C’était juste après l’INF Clairefontaine, vers 14-15 ans. C’est vrai que, plus jeune, je jouais attaquant de pointe mais quand je suis arrivé à Saint-Étienne, on m’a décalé sur le côté. Les coachs préféraient des profils qui gardaient mieux le ballon dos au but, ce qui devenait de plus en plus compliqué vu ma taille. Ce sont aussi mes qualités de percussion qui m’ont fait aller sur le côté.

Tu as eu besoin d’un temps d’adaptation à l’époque ?
Pas vraiment car, à l’INF Clairefontaine, j’ai eu la chance d’avoir Jean-Claude Lafargue comme coach et il nous faisait jouer un peu à tous les postes. Une très bonne chose car ça nous a permis d’avoir des bases à chaque poste et de ne pas être perdu quand on nous demandait de jouer à un poste qui n’était pas le nôtre au départ.

À Clairefontaine, je crois qu’on t’appelait « noix de coco ». Un surnom toujours d’actualité ?
(Rires) Il y a quelques semaines encore, j’étais au téléphone avec mon ancien coéquipier de Clairefontaine Allan Momège (gardien qui évolue désormais au niveau amateur après être passé par le centre de formation de Rennes) et il m’a appelé comme ça ! On a bien rigolé ! Allan, c’est quelqu’un avec qui je suis toujours en contact et quand on discute, on aime bien se charrier donc c’est venu dans la conversation !

Et depuis, tu as eu droit à d’autres surnoms ?
Quelques-uns… « Nordax » ou plus classique : « Nono »… Mais c’est surtout « Nordax » ou « Marmule » ! Ça veut dire « costaud ». Depuis Saint-Étienne, c’est quelque chose qui revient souvent. Quand on voit quelqu’un de costaud ou pour charrier quelqu’un qui ne l’est pas, on dit que c’est une vraie marmule !

« Avec Kylian, l’avantage qu’on a, c’est qu’on se croise plusieurs fois par an »

Et « cacahuète » ?
Ça, c’est le surnom de Kylian Mbappé ! Quand je le vois, il m’arrive encore de l’appeler comme ça !

Vous faisiez tous les deux partie de la génération 1998 de l’INF Clairefontaine et tu as plusieurs fois dit que vous étiez très proches à l’époque. Vous avez réussi à garder une certaine proximité malgré vos choix de carrière respectifs ?
L’avantage qu’on a, c’est qu’on se croise plusieurs fois par an puisqu’on joue dans le même championnat. Et à chaque fois, on discute ensemble quelques minutes, on prend des nouvelles l’un de l’autre, de la famille…

À l’époque de Clairefontaine, tu étais annoncé par beaucoup comme le plus gros talent de ta génération. Est-ce que ça a été une pression compliquée à gérer à un moment ?
Pas du tout, car j’ai la chance d’être bien entouré. Ma famille m’a toujours conseillé et a toujours tout fait pour que je ne prenne pas la grosse tête. Nous, les footballeurs, on fait un travail magnifique et on a la chance de pouvoir vivre de notre passion. On a une petite notoriété mais on reste comme tout le monde. J’ai beaucoup de respect pour les footballeurs, car c’est dur ce qu’on fait, mais un médecin ou une femme de ménage méritent plus de respect.

« Paul Mirabel touche un peu la balle »

On sait que tu es un grand fan de NBA. Est-ce que tu t’es inspiré de certaines choses dans le comportement des stars du basket sur ou en dehors des terrains ?
Il y a des choses que je faisais déjà un peu avant et que j’ai poussé encore plus en voyant certains joueurs NBA qui font très attention à leur corps. Et nous, les sportifs, le corps est notre outil de travail donc il faut en prendre soin dès le plus jeune âge. Ça veut dire faire beaucoup de soins, des étirements… Par exemple, moi, je suis raide comme un bout de bois donc les étirements ont une grande importance dans mon quotidien, que ce soit au centre d’entraînement ou à la maison. Tout ce travail invisible permet de durer, comme on peut le voir chez LeBron James ou chez le quarterback Patrick Mahomes.

Pour terminer, Paul Mirabel est venu donner le coup d’envoi d’un match de Montpellier la saison dernière. Tu as déjà eu l’occasion d’échanger avec lui ?
Oui, après avoir vu un de ses spectacles notamment. Paul est un gros fan de foot et un gros fan du MHSC. On a un ami en commun (Nordine Ganso), ce qui nous permet d’échanger de temps en temps avec Paul. Je sais qu’il vient régulièrement à la Mosson. Je n’ai pas besoin de lui écrire pour le faire venir au stade, il est suffisamment fou de foot ! Il y a quelques mois, Paul a même participé à un match caritatif (pour l’UNICEF, à Bollaert, avec Pauleta, Pirès ou encore Karembeu) et il avait posté une vidéo où on le voyait faire quelques passements de jambes. Pour quelqu’un qui ne fait pas de foot, c’était assez fluide ! Il est pas mal, il touche un peu la balle (rires).