Interview

Gabriel Suazo : « Je ne sais pas comment Suazidane est arrivé jusqu’ici ! »

Gabriel Suazo : « Je ne sais pas comment Suazidane est arrivé jusqu’ici ! »

Interview
Publié le 27/03 à 15:11 - Arnaud Di Stasio

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Titulaire en équipe du Chili, le latéral toulousain Gabriel Suazo régale en entretien comme sur le terrain, avec personnalité et finesse. L’occasion de parler leadership au Téfécé, Alexis Sánchez, mentalité de chien, surnoms, Colo-Colo ou encore tennis.

Pour commencer, peux-tu nous parler de ton enfance au Chili et de ton rapport au foot ?
Ça va peut-être vous étonner mais j’ai des photos de moi, à l’âge de deux ans, en train de jouer avec un ballon de foot avec le maillot de Colo-Colo (le club le plus populaire du Chili). J’étais trop jeune pour m’en souvenir mais j’étais déjà avec un ballon ! Ma mère m’a raconté qu’ensuite, dès qu’il y avait un jour sans école, je me levais à l’aube et j’allais réveiller tous mes petits voisins pour qu’on aille jouer ensemble. Je jouais aussi avec les amis de mon frère, qui avaient tous cinq ans de plus que moi, et comme j’étais le plus petit de la bande, ils me mettaient dans les cages. Ils me donnaient des gants énormes, ceux qu’on utilise quand il neige, pour que je n’aie pas mal… Et ils m’allumaient (sourire) ! Cinq ans de différence, c’est beaucoup à cet âge-là ! C’est comme ça que je suis tombé amoureux du football. C’est un amour presque inné. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé le foot, et j’aimerai toujours ce sport fantastique.

Tu disais que tu avais un maillot de Colo-Colo sur le dos à seulement deux ans. Ça veut dire que tu as grandi dans une famille de supporters du club ?
Exactement, je viens d’une famille où presque tout le monde supporte Colo-Colo : mes parents, mes grands-parents… J’ai dit presque tout le monde mais c’est tout le monde en fait ! Et j’ai eu la chance de faire partie des équipes de jeunes de Colo-Colo dès mes 8-9 ans. J’ai ensuite fait mes débuts professionnels là-bas, j’y ai été capitaine, champion du Chili avec le brassard… Mon histoire avec Colo-Colo est fantastique et c’est quelque chose qui restera en moi à jamais.

« On me surnommait Marcelo Ríos »

Enfant, tu ne jouais pas qu’au football puisque tu pratiquais également le tennis...
Oui, j’ai commencé à 7-8 ans et, sans me vanter, j’étais vraiment pas mal. Il y a une petite collection de trophées chez mes parents pour le prouver (sourire). On me surnommait même « Marcelo Ríos » (tennisman chilien, ex-numéro 1 mondial) parce que, comme lui, je jouais les revers à deux mains et en sautant ! Pour être honnête, je suis trop jeune pour l’avoir vu jouer mais quand on a commencé à m’en parler, j’ai regardé des vidéos et c’est vrai que je jouais les revers comme lui. Au passage, ce n’est pas vraiment la façon la plus simple de taper un revers (rires) mais c’était quelque chose de naturel chez moi, c’était ma façon de faire.

Et ensuite ?
Jusqu’à l’âge de 13-14 ans, je faisais autant de tennis que de foot mais, ensuite, j’ai dû faire un choix car, à Colo-Colo, ça devenait vraiment sérieux, avec des entraînements presque tous les jours. Plus jeune, je touchais un peu à tous les sports et, aujourd’hui encore, je regarde beaucoup d’autres sports, notamment le tennis et le padel.

Entre le foot et le tennis, tu avais quand même le temps d’aller à l’école j’espère !
Bien sûr ! Et à l’école aussi, ça se passait plutôt bien pour moi. J’avais une très bonne moyenne. Le système de notation au Chili est différent de celui qu’il y a en France parce que, chez nous, la note maximale est de 7. Et moi, j’avais 6,7 ou 6,8 de moyenne, tous les ans. De toute façon, mes parents ont toujours insisté sur l’importance des études et ils ne m’auraient jamais laissé faire ce que je voulais si ça n’avait pas suivi à l’école. Je les en remercie et, tous les jours, je me rends compte à quel point c’est important d’avoir une bonne éducation, pour bien répondre aux interviews notamment !

« J’étais persuadé que j’allais jouer »

Pour maintenant parler de ton arrivée en France en janvier 2023, il paraît que l’ancien joueur argentin et sélectionneur du Chili Eduardo Berizzo a joué un rôle important dans ta signature au Toulouse FC…
Eduardo savait que j’avais l’opportunité de partir en Europe, ce qui était un de mes objectifs et un de mes rêves de joueur professionnel. Il m’a dit de ne pas hésiter à le consulter si j’avais la moindre question ou si j’avais besoin d’informations sur certaines destinations. Il voulait m’aider car il a joué et entraîné en Europe (il a notamment porté les couleurs de l’OM et du Celta de Vigo avant de coacher en Liga). Quand je lui ai parlé de l’intérêt de Toulouse, il a été très heureux pour moi et il a validé l’idée à 100%. Il m’a dit que le championnat de France était un championnat très compétitif et très physique qui pouvait beaucoup m’aider à progresser. Et en effet, le championnat est tel qu’il l’a décrit donc je remercie Eduardo pour ses conseils. Je suis très heureux d’être ici et de réaliser mon rêve.

Comment s’est déroulée ton adaptation ?
Tout s’est très bien passé. C’était la première fois que je quittais le Chili mais, au bout de deux semaines, j’ai commencé à jouer avec le Téfécé. Et mes coéquipiers m’ont vraiment aidé à m’intégrer rapidement. Au début, c’était compliqué avec le français mais après plusieurs mois, j’étais capable de comprendre beaucoup de choses et de parler un peu en anglais. Je suis aussi arrivé dans un club où une partie du staff technique parlait espagnol et, sur le plan privé, ma femme est arrivée en France presque immédiatement, ce qui a été très important pour moi. Surtout, j’avais très envie de venir en Europe et de m’imposer au plus vite donc j’ai tout fait pour que la période d’adaptation soit la plus courte possible.

Ça peut paraître surprenant que tu parles d’une transition aussi rapide quand on sait que tu sortais de 16 années dans le même environnement, celui de Colo-Colo…
C’est vrai que beaucoup de gens estiment que lorsque tu quittes le Chili, ça peut être une bonne idée d’aller en Argentine ou au Brésil, pour avoir une étape intermédiaire avant de rejoindre l’Europe. Il arrive que les joueurs qui débarquent en Europe y rencontrent des difficultés mais, moi, j’étais sûr de vouloir venir ici et j’étais persuadé que j’allais jouer. Cette détermination, personne ne pouvait me l’enlever. Au contraire, plus on me disait que ça allait être compliqué, plus j’étais convaincu que je devais venir en Europe et que ça allait marcher pour moi ici. Et c’est ce qu’il s’est passé sur le terrain.

« Ma femme ? Je lui tire mon chapeau »

Et en dehors des terrains, est-ce que la vie en France t’a posé certaines difficultés ?
Pour être honnête, c’est pour ma femme que ça a été le plus difficile ou que le changement a été le plus drastique disons. Quand on est arrivés ici, elle était enceinte. Je lui suis immensément reconnaissant d’avoir fait ce sacrifice parce que ce n’était pas facile pour elle de quitter le Chili et de s’éloigner de sa famille dans cette période-là. Venir ici, loin de sa mère, loin de la mienne avec qui elle s’entend très bien, pour donner naissance à notre fils dans un pays dont tu ne connais pas la langue, où tu n’as pas tes repères… Il y a aussi une personne du club qui nous a beaucoup aidés dans notre quotidien mais elle ne pouvait pas tout le temps être là non plus. Pour tout ça, je lui tire mon chapeau. C’est grâce à ma femme que j’ai pu me concentrer sur le terrain et sur mes performances comme je l’ai fait. Son soutien compte pour beaucoup. Donc je pense que c’est ce double changement, de ville et de vie, qui a été le plus compliqué pour nous en France mais je suis très heureux de la façon dont on nous a traités ici, comme si nous étions français. Et je suis très heureux que notre fils soit né à Toulouse, surtout que j’adore la manière d’être des Français…

C’est-à-dire ?
Je trouve les Français très chaleureux. Les Chiliens le sont aussi, même s’il y a des exceptions bien sûr, mais ici, les gens sont très chaleureux, très proches les uns des autres, très affectueux. De l’extérieur, on entend souvent dire que les Européens sont plus distants que nous, les Sud-américains, mais ce que je vis ici, ce n’est pas ça. Quand je me balade en ville ou que j’ai besoin de quelque chose, je commence à parler en espagnol et mon interlocuteur fait souvent l’effort pour essayer de me comprendre et répondre en espagnol. Les gens essaient de te rendre la vie facile. C’est quelque chose que j’adore et c’est aussi ce qui fait que mon adaptation a été facile. Les gens de la ville et les supporters du Téfécé m’ont accueilli merveilleusement et, dès qu’ils me reconnaissent dans la rue, ils me transmettent leur affection, ce qui est très gratifiant. Recevoir autant d’affection, en France, dans un pays aussi éloigné du mien, ça fait chaud au cœur.

Tu évoques les supporters toulousains, dont certains t’appellent « Suazidane ». Tu sais d’où vient ce surnom ?
(Rires). Ce surnom existe depuis un moment puisqu’il date de mes années au Chili ! Je crois que ça vient d’un meme que des gens ont inventé pour rigoler. Il y avait « Suazidane », « Suazinho »… Et je ne sais pas comment mais c’est arrivé jusqu’ici ! Même les petits Toulousains qui viennent me saluer m’appellent comme ça ! Moi, je préfère qu’on m’appelle « Gabi », ça me va très bien. Mais bon, je sais comment sont les gens, au Chili surtout, ça les fait davantage rire de m’appeler « Suazidane » ou « Suazinho » donc je crois que je vais entendre et lire ça encore un moment !

Un surnom en rapport avec Zidane, ça met la pression !
Beaucoup de pression (rires) ! Un surnom comme ça, ça met la pression (rires) ! En tout cas, moi, je fais de mon mieux pour être bon sur le terrain et rendre aux supporters cette affection. Les gens ont le droit de m’appeler comme ils veulent mais, comme je l’ai dit, « Gabi », ça me va très bien !

« La plupart du temps, les mots ne sont pas nécessaires »

Comme tu l’as rappelé plus tôt, tu avais le brassard de capitaine à Colo-Colo. Quand on a été un leader aussi longtemps et qu’on arrive dans un pays dont on ne parle pas la langue, comment fait-on pour transmettre de la motivation ou des conseils à ses coéquipiers ?
C’est sûr qu’au début, je ne pouvais pas m’exprimer comme je le voulais mais maintenant, c’est mieux et je comprends bien mieux. Pareil avec l’anglais, que je parlais très peu à mon arrivée. Malgré tout ça, je me sentais leader par ce que je transmettais sur le terrain dans mon attitude. La plupart du temps, les mots ne sont pas nécessaires.

C’est-à-dire ?
Ton attitude sur le terrain peut te permettre d’emmener tes coéquipiers avec toi dans les moments difficiles ou de les pousser à donner encore davantage dans les bons moments. A Toulouse, il y a beaucoup de nationalités différentes dans l’équipe donc on communique beaucoup en anglais sur le terrain. Avec les quelques mots d’anglais que je connaissais, j’essayais de me débrouiller et de communiquer mon énergie aux autres. Je pense que les énergies se transmettent d’une personne à une autre donc j’ai envie de représenter une énergie positive pour mes coéquipiers afin de les « contaminer ». C’est très important d’être toujours positif sur le terrain et de ne rien lâcher… « Como perro » !

Pardon ?
« Como perro » (rires). Ça signifie « mentalité de chien », quelque chose comme ça. J’en ai fait ma devise et j’avais cette inscription sur mon brassard de capitaine à Colo-Colo. Ça signifie qu’aucun ballon n’est perdu. Si tu envoies une balle à un chien, où qu’elle parte, elle ne sera jamais perdue. Le chien va aller la chercher et il va te la ramener. J’essaie de montrer cet état d’esprit à chaque seconde sur le terrain. « Como perro » est une devise que m’ont transmis mes ex-coéquipiers de Colo-Colo Jaime Valdés, Esteban Pavez et Claudio Baeza. J’ai adopté cette devise et elle fait partie de moi désormais. Que ce soit à Santiago ou à Toulouse, j’essaie de toujours refléter cet état d’esprit sur le terrain.

Tu as remporté de nombreux titres avec Colo-Colo et tu as amené cette bonne habitude avec toi puisque tu as soulevé la Coupe de France avec Toulouse la saison dernière. Tu t’attendais à être en capacité de gagner des trophées ici ?
Quand je suis arrivé à Toulouse, c’était juste avant un match de Coupe de France justement, un 16e de finale qu’on avait gagné à la maison (2-0 contre Ajaccio). Je me suis tout de suite dit : « Et pourquoi pas ? Pourquoi pas nous ? » Je ne l’ai dit à personne sur le moment mais c’est ce que je pensais. C’est une compétition avec des équipes très fortes mais, sur un match, tout est possible. Surtout, j’ai toujours l’intention de gagner. On a eu la chance d’aller au bout mais, ce qui compte, c’est de vouloir gagner chaque match, quelle que soit la compétition : coupe, championnat, Europa League… Je suis là pour gagner et c’est ce que j’essaie de transmettre, toujours.

« J’ai joué presque partout »

Pour maintenant parler de ton positionnement, tu joues latéral ou piston gauche avec le Téfécé mais, au Chili, tu as aussi évolué au milieu de terrain…
Pendant la présaison, Carles Martínez Novell m’a utilisé au milieu lors d’un match contre Osasuna, devant la défense. Il sait que je peux jouer là si besoin, on en a parlé. D’ailleurs, cet été, le coach nous avait posé différentes questions et il nous avait notamment demandé si on se sentait capables de jouer à d’autres postes que notre poste principal, afin d’avoir un maximum d’options. Mon poste naturel désormais, c’est latéral gauche, les choses sont claires, mais si l’équipe a besoin de moi ailleurs, je suis là. Il n’y a aucun problème. J’ai beaucoup joué au milieu avec Colo-Colo (presque 80 matchs). Il y a même une saison à ce poste lors de laquelle j’ai marqué plusieurs buts et donné plusieurs passes décisives. Mais ensuite, je suis passé dans le couloir (rires).

C’est donc au milieu que tu as été formé ?
J’ai joué presque partout ! Quand je suis arrivé, j’étais milieu gauche, puis je suis passé ailier gauche, quasiment attaquant. Ensuite, j’ai joué numéro 10, puis milieu devant la défense, jusqu’à 15-16 ans. Après ça, Claudio Rojas, un entraîneur qui a été marquant pour moi, m’a fait passer latéral gauche. Il m’a appris à orienter mon corps, à coulisser… Des concepts que l’on n’enseigne pas forcément à des joueurs si jeunes. Ce coach m’a aussi fait jouer défenseur central gauche, ce qui m’a beaucoup aidé à m’améliorer dans les duels et la défense pure. Et finalement, je me suis stabilisé au milieu et c’est à ce poste que j’ai intégré l’équipe première, où j’ai joué à pas mal d’endroits différents ! Le fait d’avoir évolué à des postes différents m’a énormément aidé à progresser et à mieux comprendre le jeu et la tactique. Jouer à différents endroits te fait comprendre ce que chaque poste implique.

« Je crois qu’Alexis Sánchez restera tout en haut »

Depuis deux ans et demi, tu es un habitué de l’équipe du Chili, avec qui tu comptes désormais 24 sélections. Et la saison dernière, sur les terrains français, tu as croisé un de tes coéquipiers en sélection, Alexis Sánchez…
Et Guillermo Maripán ! Quand je suis arrivé en France, il m’a tout de suite écrit pour me dire qu’il était là pour moi si j’avais besoin de quelque chose. Pareil pour Alexis. Quand on a reçu l’OM, on s’est salués chaleureusement et il m’a dit qu’il était là pour moi. C’est le genre de gestes qui font chaud au cœur. À la fin du match, on a échangé nos maillots et j’aurais bien partagé un moment avec lui ensuite mais j’avais le contrôle anti-dopage. Et ce jour-là, j’ai dû attendre tellement longtemps avant de faire pipi que lorsque j’avais terminé, il était parti ! Mais sinon, Alexis comme Guillermo m’ont dit que la Ligue 1 Uber Eats était un championnat très physique et qu’ils étaient convaincus que ça allait marcher pour moi ici.

Que représente Alexis Sánchez au Chili ?
L’histoire et les grandes heures de notre sélection. C’est le joueur avec le plus de sélections et le meilleur buteur de l’histoire de la sélection (162 matchs et 51 buts). Il avait 17 ans quand il a commencé à jouer en sélection et il n’a plus jamais quitté l’équipe, ce qui est incroyable. Il représente l’Histoire et je crois qu’il restera tout en haut, avec Arturo Vidal. Je pense que ce sont les deux plus grands, de ce que j’ai pu voir en tout cas, car j’étais trop jeune pour voir jouer Zamorano et Salas. Moi, j’ai grandi avec Alexis et Arturo donc c’est eux deux que j’ai envie de mettre en avant !

Justement, en sélection, tu as côtoyé Arturo Vidal mais aussi Gary Medel, deux sacrés personnages !
C’est sûr ! Ils font partie des joueurs de la génération dorée du football chilien qui sont encore là avec Claudio Bravo, Mauricio Isla, Eugenio Mena… Il y a une nouvelle génération de joueurs qui a intégré le groupe et on essaie d’apprendre au maximum à leurs côtés. Ce mélange est très important, avec des joueurs d’âges différents mais qui vivent très bien ensemble, ce qui se reflète sur le terrain. C’est un honneur pour moi d’être en sélection et de passer du temps avec eux.

« Au Nord comme au Sud, c’est comme si Colo-Colo joue à domicile »

À Colo-Colo, tu as joué avec d’autres légendes du football chilien comme Jorge Valdivia et Matías Fernández...
Oui, j’ai eu la chance de jouer avec beaucoup de joueurs très importants de l’histoire du football chilien, ce qui m’a permis de me développer comme joueur et comme personne également. J’ai joué avec Jorge Valdivia et Matías Fernández mais aussi avec Esteban Paredes, une légende de Colo-Colo, avec Jean Beausejour, Carlos Carmona… J’ai appris énormément à leur contact et nous sommes restés proches. Si je suis devenu le joueur et l’homme que je suis, c’est en grande partie grâce à eux. J’ai oublié de citer Gonzalo Fierro, qui était une de mes idoles quand j’étais enfant et le capitaine de Colo-Colo.

Plus précisément, que t’ont-ils appris ?
Le professionnalisme en général. Ils m’ont donné davantage de conseils sur ce qu’il se passe en dehors du terrain que sur le terrain. Et on ne se rend pas toujours compte mais ce qu’il se passe hors des terrains est au moins aussi important que ce qu’il se passe sur le terrain. J’ai compris tout ça au quotidien, en échangeant avec eux dans le vestiaire, à l’entraînement…

Peux-tu nous en dire plus sur l’importance de Colo-Colo au Chili et en Amérique du Sud ?
Colo-Colo représente tout pour beaucoup de Chiliens, notamment les plus modestes. Mais c’est un club universel, qui rassemble les gens. Peut-être que 80% des supporters sont des gens humbles, qui se lèvent à 5 heures du matin et se tuent au travail pour pouvoir se payer à manger, et s’il reste un peu d’argent, acheter un billet pour aller au stade. Mais il y a aussi des supporters du club dans les classes plus aisées. C’est une passion assez transversale finalement, qui traverse tout le pays, les villes comme la campagne. Comme vous le savez, le Chili est un pays immense mais au Nord comme au Sud, c’est comme si Colo-Colo joue à domicile. Le stade est toujours à dominante Colo-Colo, ce qui oblige les joueurs à beaucoup d’humilité, de courage, au-delà du beau jeu. Il faut toujours travailler, tout donner sur le terrain, comme les gens dans leur vie de tous les jours. Ce sont des valeurs qui m’animent depuis tout petit et que j’ai emmenées avec moi à Toulouse.

Et qu’en est-il de l’ambiance au Monumental de Santiago et des supporters ?
Les supporters sont fanatiques ! Ils sont toujours derrière l’équipe, même dans les moments difficiles, et je sais de quoi je parle car on s’est retrouvés à lutter pour ne pas descendre il y a quelques années. Quand on allait jouer à l’extérieur, il y avait des cortèges de voitures de supporters qui suivaient le car de l’équipe, des supporters qui nous acclamaient dans les villages qu’on traversait… La relation entre les supporters et moi n’a pas toujours été facile car les résultats n’étaient pas bons lorsque je suis devenu capitaine. Mais les gens ont compris que j’étais un joueur du cru et ils ont vu mon investissement, ce qui a fait changer leur regard sur moi. Ils m’appelaient « capitaine », ce qui était une fierté énorme pour ma famille et moi. Si je dois le devenir un jour à Toulouse, je serais le plus heureux de pouvoir aider l’équipe avec mon caractère et ma façon d’être. Et pour revenir aux supporters, à Toulouse, c’est quelque chose aussi ! Comme à Colo-Colo, ils sont toujours derrière nous, dans les bons comme les mauvais moments. J’adore les supporters du Téfécé. Qu’ils soient 50 ou 1 000, ils font toujours les déplacements pour nous soutenir à l’extérieur et je ne les remercierai jamais assez pour ça.

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