Interview

PSG-OM : Dans les coulisses du métier de média manager

PSG-OM : Dans les coulisses du métier de média manager

Interview
Publié le 18/09 à 11:45 - ADS

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Média manager lors des matchs du PSG au Parc des Princes, Camille Julien Moraud nous dévoile les coulisses de son métier. Immersion un soir de PSG-OM.

En ce dimanche d’avril 2022, le PSG reçoit l’OM au Parc des Princes pour l’affiche la plus attendue de la saison. Encore plus ce soir-là puisque le Classique oppose le leader de Ligue 1 Uber Eats au 2e du classement. Comme toujours, on verra les joueurs et les entraîneurs se succéder en interview au bord du terrain. Un ballet dirigé en coulisses par le média manager, là pour satisfaire au mieux les demandes des télévisions. « Je rappelle les droits et les devoirs de chacun et je fais en sorte qu’ils soient respectés. Je fais le lien entre la production TV, les médias et les clubs, je mets de l’huile dans les rouages. Ce que la Ligue fait côté sportif, avec l’organisation de la compétition, je le fais côté médias avec les TV et la production », résume Camille Julien-Moraud, la média manager du PSG au Parc des Princes. Diffusé sur Prime Video, produit par la LFP, ce PSG-OM a fait l’objet de 24 demandes d’autorisation de tournage, le record de la saison, avec des télévisions venues d’Espagne, de Suède ou encore d’Amérique latine. Reportage.

11h00 : A match exceptionnel, horaire exceptionnel. La réunion sécurité, surnommée « H-4 », ne se déroule pas quatre heures avant le coup d’envoi mais en fin de matinée. Les délégués de la LFP, chargés de s’assurer du bon déroulement des rencontres, passent en revue l’organisation du match, quasiment minute par minute, en présence des directeurs sûreté et sécurité des deux clubs, du stadium manager, du référent pelouse ou encore du média manager. On y apprend l’heure d’arrivée des joueurs et des arbitres au Parc des Princes mais aussi qu’un trophée sera remis à Pedro Miguel Pauleta avant la rencontre. Une information que Camille transmettra à la production TV un peu plus tard. « Je donne aussi la couleur des équipements des équipes ou les horaires d’arrosage de la pelouse pour éviter que les journalistes en bord terrain se fassent doucher », précise cette brune dans la trentaine.

15h04 : Un peu plus tard, la journée de travail de Camille s’accélère avec un premier tour de stade pour vérifier la position des caméras qui capteront le Classique de ce dimanche 17 avril 2022, point d’orgue de la 32e journée de Ligue 1 Uber Eats.

 

15h26 : Il faut changer de ville et de département pour trouver l’aire régie. Le centre névralgique de la production TV est installé à une vingtaine de mètres derrière la tribune Borelli, coincée entre la rue du Commandant Guilbaud, qui borde le Parc des Princes, et la rue de la Tourelle, côté Boulogne-Billancourt et Hauts-de-Seine. A côté d’un camion rempli de matériel, on trouve le car régie, où sera réalisé le match. Aux manettes ce dimanche : Fred Godard. Le dispositif de ce PSG-OM prévoit 20 caméras, deux fois plus que pour un match classique, avec notamment une cable cam (cette caméra suspendue au-dessus de la pelouse mobilisée sur les 10 plus belles affiches de la saison) et une caméra sur le toit du stade « pour avoir un plan différent au moment de l’arrivée des joueurs au stade ».

16h40 : Camille débute son tour du stade, check-list en main. Elle réfléchit à l’endroit où seront réalisées les flash interviews avec Michel Besnard, le directeur de la sécurité du PSG. Si le club parisien perd, ce sera dans le couloir qui mène aux vestiaires, comme les interviews d’avant-match. Position du banc des délégués et des back drops (toiles publicitaires) pour les interviews, petite réparation de l’arche sous laquelle les joueurs passent à leur entrée sur la pelouse… Ça s’agite au bord du terrain comme en tribune, avec un petit coup d’aspirateur en bas de la tribune présidentielle tandis que des policiers inspectent la « corbeille », les sièges où les dirigeants et les VIP prendront bientôt place.

16h55 : Après un passage devant le plateau de Prime Video, où Thierry Henry assurera bientôt le show, il faut aller vérifier les deux discrètes remote caméras, contrôlées à distance et qui permettront de voir les acteurs du match dans le couloir qui mène aux vestiaires. Au niveau de la ligne médiane, la caméra dite « base » n’est pas tout à fait sur le repère jaune au sol. Il va falloir la rapprocher du terrain.

17h02 : Il est temps de distribuer les premières chasubles. De couleur grise, verte ou aubergine, elles autorisent différents accès. Sans elles, impossible pour les cadreurs ou encore les photographes de circuler et travailler au bord du terrain. Huit diffuseurs TV sont présents ce dimanche contre quatre ou cinq habituellement : Prime, Canal+ international, Ligue 1 international, beIN MENA, ESPN, Expressen, Médiaset et TV5 Monde. Au programme de la soirée : deux types d’interviews. D’abord, les « super flash », réalisées à la pause et en fin de match par Prime et intégrées dans le package vendu par la LFP aux diffuseurs internationaux. En fin de match, les flash interviews verront un joueur et l’entraîneur de chaque club se succéder devant les micros des huit diffuseurs, soit 32 passages à valider ! « Ça va être intense ! Elles se passent dans trois studios d’habitude mais ce soir, ces interviews auront toutes lieu dehors. C’est compliqué de superviser les interviews de 8 diffuseurs en même temps donc les avoir tous alignés au bord de la pelouse me permettra de tout vérifier d’un coup d’œil. Il va falloir surveiller que tout s’enchaîne bien, que l’ordre de priorité entre les diffuseurs est respecté... », décrit Camille.

17h06 : Retour dans l’aire régie pour vérifier la station de transmission. « Il faut qu’elle soit sécurisée en termes d’énergie, qu’il y ait un back up si ça saute », éclaire-t-elle, tout en remplissant le rapport d’avant-match, qui porte sur l’installation technique. « Des câbles vont des caméras au car régie qui envoie ensuite les images à un centre de contrôle, géré par la LFP. Les images sont alors rebasculées chez le diffuseur. Ça permet de respecter les standards de qualité des images, histoire que tous les matchs du championnat se ressemblent et qu’ils soient cohérents en termes d’identité graphique. »

17h09 : Place maintenant à la visite guidée du fameux car régie. A l’intérieur du véhicule, le réalisateur prend place dans l’aire principale, face à un mur d’écrans où arrivent les flux des différentes caméras : « Ce qu’on voit à la TV, c’est la sélection du réalisateur à partir de tout ce qu’il reçoit, comment il raconte le match. » A part, dans une sorte de cabine, on a la zone audio : « Au bord du terrain, on a des micros un peu partout pour capter les consignes des coachs, les échanges entre les joueurs, les clameurs du public... Ce n’est pas le son brut qui est diffusé, tout est retravaillé ici pour équilibrer les aigus, les graves… » Enfin, dans la zone replay, des techniciens montent les actions fortes en séquences pour qu’elles soient rejouées individuellement.

 

17h15 : Après avoir vérifié les clés USB qui seront remises juste après le match aux clubs et aux arbitres, pour qu’ils aient les images de la rencontre à disposition rapidement, Camille s’apprête à quitter l’aire régie. Devant le car, le réalisateur brieffe avec ses cadreurs. Devant le stade, quelques supporters sont déjà là.

17h24 : Un journaliste d’ESPN Amérique latine se fait chambrer car, pour suspendre son accréditation autour de son cou, il a fait le choix audacieux d’un cordon Disney.

17h31 : Camille remet deux bonnettes pour « habiller » les micros de Canal+ Afrique et Canal+ International. Aux abords des vestiaires, la sécurité du PSG ne plaisante pas et vérifie la présence d’une pastille sur les accréditations à chaque passage. « Il faut bien s’entendre avec la sécurité, toujours ! Et il faut faire en sorte qu’on nous voie bien, qu’on nous reconnaisse, pour que tout soit fluide quand ce sera le rush », prévient la média manager. Au loin, les tests sono permettent d’apprécier un petit Y.M.C.A. des Village People.

17h38 : Il faut maintenant imprimer les feuilles A4 avec le nom des différents diffuseurs. Elles seront installées au bord du terrain pour délimiter les huit positions des diffuseurs pour 15 journalistes au total.

17h50 : Vent vs gaffer, qui remportera la bataille ? C’est le gaffer, ce ruban adhésif toilé, qui fixera sur la moquette bleue au bord du terrain les feuilles imprimées plus tôt. Les diffuseurs ayants droits seront positionnés le long de la ligne de touche, les autres derrière le but.

 

18h00 : Le coup d’envoi est dans moins de trois heures : « Il n’y a jamais de match tranquille avec le PSG ! » Après avoir acheté une canette de soda, il faut finaliser la préparation de la réunion H-2. Animée par le média manager, cette réunion récapitule les activités média en présence des journalistes : « Je m’assure que chacun est au courant de ses règles et ses devoirs ».

18h10 : Dans un couloir parallèle à celui du vestiaire parisien, Camille s’active dans son petit bureau. « J’ai 4 pages avec un récapitulatif de toutes les demandes d’autorisation de tournage et une sorte de hiérarchie entre les diffuseurs selon les droits qu’ils ont achetés. Il y a les diffuseurs qui ont acquis du direct ou du quasi-direct et ceux qui ont des droits magazines et différé. En tant que diffuseur du match, Prime ne s’arrête jamais de filmer. Tous les autres détenteurs de droits en direct s’arrêtent 5 minutes avant le coup d’envoi, ceux en quasi-direct 15 minutes avant et les non-détenteurs de droits 45 minutes avant », détaille-t-elle.

18h25 : A la sortie du tunnel, la position d’un banc interroge. Va-t-il gêner pour certaines interviews ? Sur le terrain, ça s’entraîne à faire tournoyer les drapeaux qui animeront l’annonce de la composition des équipes, avec encore un peu de travail à effectuer en termes de synchronisation. Pendant ce temps-là, Thierry Henry salue chaleureusement Thibault Le Rol et Smaïl Bouabdellah.

18h30 : Un opérateur s’assure que l’écran VAR au bord du terrain fonctionne correctement. Le journaliste de Canal+ Olivier Tallaron s’assure, lui, qu’il a bien une position d’interview prévue. La média manager le rassure avant de croiser un journaliste de TV5 Monde et la journaliste anglaise de Mediaset Espagne. Toutes les demandes d’interviews se feront via une application : « Quand la case est bleue, ça veut dire que le diffuseur a demandé un joueur. Ensuite, les clubs donnent leur accord ou non. »

18h40 : Les allers-retours entre le bureau et la pelouse continuent. Il y a un souci avec une caméra du PSG. Dans la foulée, un rapide point est effectué avec Benoît Scorielle, l’autre média manager prévu ce dimanche. « Sur les grosses affiches, il arrive que l’on soit deux médias managers selon l’enjeu et surtout le nombre de demandes de médias. Aujourd’hui, Benoît sera davantage en charge de la partie production et moi de la partie médias », détaille Camille. Avant de décider que les chasubles seraient distribuées du bureau pour garder une traçabilité.

18h45 : Place à la réunion H-2. Smaïl Bouabdellah arrive pendant que Camille fait l’appel des différents médias, parmi lesquels quelques têtes ou voix bien connues du grand public comme le commentateur de RMC Jean Résséguié. Arbitres désignés, tenues des joueurs, timing, affluence, conditions de jeu… On commence par la présentation du délégué. Il précise même le nombre d’arrosages de la pelouse et la hauteur de tonte. Le coup d’envoi fictif sera donné par Pedro Miguel Pauleta et Marie-Antoinette Katoto. Camille reprend la parole pour répondre à des points plus spécifiques.

19h04 : Les journalistes se succèdent dans le bureau de Camille pour récupérer leurs chasubles. Les Suédois d’Expressen manquent à l’appel. « Je vais les appeler tout de suite pour éviter qu’ils me contactent plus tard en panique ». Ils se cachent dans la salle où se restaurent les photographes. Leur principale préoccupation ? Savoir s’ils pourront interviewer un membre de la MNM parisienne.

 

19h15 : Alors que Thierry Henry discute avec le président olympien Pablo Longoria au bord du terrain, Camille remet une chasuble et un brassard fluo au cadreur suédois qui se trouve juste derrière eux.

19h16 : Les choses sérieuses vont commencer avec les interviews des deux entraîneurs par Prime Video et David Astorga. La média manager supervise et voit Jorge Sampaoli passer le premier, sous l’œil attentif des attachés de presse de l’OM. Le directeur de la sécurité s’assure, lui, qu’un espace suffisant soit laissé pour les joueurs qui voudront aller reconnaître la pelouse, ce que feront bientôt Mattéo Guendouzi, Cédric Bakambu et Pape Gueye. Au tour de Mauricio Pochettino de répondre à David Astorga…

19h29 : Il commence à y avoir de l’agitation dans le tunnel. Au bout du tapis rouge, Nasser Al-Khelaïfi débarque dans les entrailles du Parc des Princes, accompagné de plusieurs personnes, comme son homologue marseillais Pablo Longoria quelques minutes avant lui.

19h34 : Dans le bureau des délégués, on vérifie avec minutie les compositions fournies par les clubs. Il faut les entrer dans un logiciel pour les enregistrer officiellement. Il faut se concentrer car, de l’autre côté de la porte, ça blague devant le vestiaire marseillais où résonne un tube de Soprano.

19h41 : Les deux clubs vérifient à leur tour que la feuille de match ne contient pas de coquille. C’est bon, on peut en imprimer une petite centaine. Le premier à se servir n’est autre que Michel Montana, le speaker du PSG.

19h47 : Camille trottine et commence à distribuer les compositions des équipes aux cadreurs et journalistes pendant que des supporters scandent le nom de Pauleta, en reconnaissance près de la pelouse. Après avoir servi les photographes, la média manager apporte quelques feuilles de match dans le car régie avant de se diriger vers la tribune de presse et le poste commentateurs. Entre les deux, elle aura croisé Romain Danzé devant le stade et Tripy Makonda à la sortie d’un ascenseur.

20h00 : Plus que 45 minutes avant le coup d’envoi. Camille fait le point avec l’autre média manager : RAS. C’est le moment d’aller grignoter quelque chose en vitesse. On passe devant Issa Doumbia et Jean Sarkozy pour retrouver l’aire régie et une cantine en plein air, installée sous une grande tente. Un drone de la production TV survole la zone.

20h18 : A la table d’à côté, un chargé de production Prime Video explique qu’il a hâte d’en découdre : « C’est toujours plus facile de travailler sur un très gros match. Tu as ton équipe avec toi, un pilote expérimenté pour la cable cam… »

20h32 : A quelques mètres du terrain, les délégués s’inquiètent que le trophée d’honneur pour Pedro Miguel Pauleta n’ait pas encore été remis. Ce sera bientôt chose faite, comme pour Marie-Antoinette Katoto, devenue meilleure buteuse de l’histoire du PSG féminin et qui affiche un grand sourire. Plus grand en tout cas que celui de ce technicien Prime Video qui s’inquiète de ne pas trouver son journaliste bord terrain.

 

20h37 : Les escort kids se mettent en place dans le couloir alors que le speaker annonce les compositions. Camille veille à ce qu’un des cadreurs ne soit pas trop près de l’endroit où passeront les joueurs. Juste derrière, Keylor Navas et Ángel Di María rigolent sur le banc de touche parisien.

20h41 : Nouveau rappel à l’ordre pour un cadreur un peu trop téméraire alors que les joueurs pénètrent sur la pelouse.

20h46 : Le match vient de démarrer et Camille prend place sur un petit banc bleu situé le long de la ligne de touche, à deux pas de Jonathan Calderwood, le célèbre jardinier du PSG.

20h56 : Ouverture de Marco Verratti et lob délicieux de Neymar (1-0). Camille rate le premier but du match. La faute à un arrêt aux stands. A son retour, elle inscrit un petit b à côté du nom de Neymar sur sa feuille de match car les buteurs sont souvent demandés en interview à la mi-temps.

21h16 : L’OM égalise juste après la demi-heure de jeu par Duje Ćaleta-Car (1-1). Le Croate va embrasser la caméra. « Ça va faire des images super pour le réalisateur mais il va falloir nettoyer la lentille maintenant ! », compatit Camille, qui s’avoue « toujours impressionnée » par la cable cam.

21h25 : Juste avant que Lionel Messi ne se voie refuser un but pour hors-jeu, Camille part vers l’entrée du couloir pour caler les interviews de mi-temps avec l’assistante du réalisateur. Il faudra patienter encore un peu car l’arbitre est appelé par l’assistance vidéo. Pénalty pour le PSG et Kylian Mbappé qui trompe Pau López en force (2-1). Camille vérifie une dernière fois que son application est bien remplie et part trouver les attachés de presse des deux clubs. Le backdrop est prêt à être dégainé, les journalistes sont dans les starting blocks… Les micros ont-ils une bonnette Ligue 1 Uber Eats ? C’est une interview super flash donc c’est impératif.

21h35 : Mi-temps. Le diffuseur demandait Neymar ou Marquinhos pour son interview super flash. Ce sera… Marco Verratti ! Le milieu italien en termine et commence à se diriger vers le tunnel, suivi par un cadreur qui se fait rattraper par Camille. Il faut enchaîner avec l’interview de William Saliba.

21h45 : Ce n’est pas la pause pour tout le monde. Camille repasse par son bureau avec à l’esprit les interviews flashs d’après match. Avec l’autre média manager, elle dépose les affichettes avec le nom des différents diffuseurs au bord de la pelouse que les jardiniers du PSG bichonnent.

21h53 : Alors que les joueurs font leur retour sur la pelouse pour la seconde période, Camille demande si les coachs ont procédé à des changements. C’est le cas de Jorge Sampaoli qui lance Amine Harit à la place de Cengiz Ünder. La média manager communique l’information à l’assistante réalisateur pour que les « synthés », ces inscriptions que l’on voit à l’écran, soient prêts.

21h58 : Les journalistes suédois d’Expressen anticipent. Par texto, ils demandent Kylian Mbappé et Neymar pour leur interview de fin de match. Bientôt, Camille va devoir se consacrer au dossier puisque, sitôt la rencontre terminée, 32 flash interviews devront être assurées en l’espace de quelques minutes : quatre interviews – deux pour le PSG et deux pour l’OM – pour chacun des huit médias TV.

22h11 : Sous nos yeux, Danilo Pereira et Pape Gueye disputent un duel engagé qui laissera le milieu marseillais quelques secondes au sol. « Avant, je pensais que les joueurs en faisaient des tonnes lorsqu’ils s’écroulaient par terre mais lorsque les matchs étaient à huis clos pendant le covid, on pouvait entendre la violence des chocs et je peux vous dire que la plupart du temps, on a mal pour eux ! », sourit Camille. Devant elle, Sergio Ramos et Georginio Wijnaldum plaisantent au bord de la pelouse. Remplaçants ce dimanche, ils s’étirent après avoir accéléré leur échauffement.

22h32 : Nouveau tour sur l’application qui prépare les interviews de fin de match. Un peu avant la 90e minute, il faudra aller se rapprocher des bancs de touche…

 

22h47 : C’est terminé, le PSG l’emporte 2 à 1. Un des attachés de presse du club parisien indique à Camille que Marquinhos répondra à l’interview super flash de David Astorga. La média manager communique l’info à Prime Video. Même chose pour Boubacar Kamara côté OM.

22h53 : Un journaliste de beIN qui a oublié de remplir l’application vient trouver Camille pour lui demander Amine Harit en flash interview. Non loin de là, Pape Gueye se fait gentiment tirer les oreilles par l’équipe communication de l’OM car il traîne, multipliant les selfies avec des spectateurs au pied de la tribune.

22h59 : Le bal des flash interviews peut débute avec Pau López en tête à tête avec ESPN. L’attaché de presse marseillais surveille du coin de l’œil et annonce la future arrivée de Duje Ćaleta-Car. Pas de Mattéo Guendouzi en revanche, ni de William Saliba, tirés au sort pour un contrôle antidopage. A quelques mètres de là, Éric Junior Dina-Ebimbe salue Robert Malm, ancien joueur aujourd’hui consultant pour beIN.

23h01 : Pendant que Duje Ćaleta-Car répond à Olivier Tallaron, Camille retourne vers le couloir pour voir quel joueur arrive. Il s’agit de Cédric Bakambu. Direction le micro de David Astorga pour l’international congolais. « Ça va être compliqué de convaincre Sampaoli de faire tout le monde mais on va essayer de faire le maximum de médias », annonce l’attachée de presse de l’OM.

23h09 : Deux vieilles gloires parisiennes, Safet Sušić et Luis Fernandez, arrivent sur la pelouse, bientôt suivis du Brésilien Marcos Ceará qui vient serrer la main du Français. Une tripotée d’anciens joueurs du PSG sont là : Bernard Mendy, Pedro Miguel Pauleta, Clément Chantôme, Jérémy Clément, Jérôme Alonzo, Nicolas Douchez ou Blaise Matuidi, à qui Olivier Tallaron demande un selfie. Les accolades s’enchaînent et les rires fusent.

23h14 : Non loin, Jorge Sampaoli quitte le plateau de Prime Video, laissant la place à son compatriote Mauricio Pochettino. Pendant que l’entraîneur parisien se fait équiper par un technicien, on s’aperçoit qu’il y a un souci de piles avec l’oreillette qui lui servira à entendre la traduction. Son ancien coéquipier Jérôme Alonzo en profite pour venir lui claquer une bise.

23h19 : « Quoi ? Il y a huit interviews à faire ce soir ?! » Mauvaise surprise pour un membre de l’équipe com’ du PSG pendant que les enfants Matuidi s’amusent. Le cadet se glisse dans le dos d’une de ses sœurs pour lui déposer un confetti sur les cheveux. La média manager continue les allers-retours entre les interviews et le couloir car Sergio Ramos et Idrissa Gueye se font attendre. Le fils de Jérémy Clément pose, lui, avec Presnel Kimpembe et Blaise Matuidi. De son côté, Clément Chantôme prépare son after.

23h28 : Pendant ce temps-là, Mauricio Pochettino enchaîne les interviews. Ce sera un 8/8 pour l’ancien défenseur et une nette victoire sur son homologue phocéen, moins demandé en raison de la défaite.

23h37 : Un joueur du PSG arrive enfin pour répondre aux interviews. Il s’agit de Danilo Pereira. Le Portugais assure avec professionnalisme pendant que certains médias commencent à remballer. Camille en profite pour commencer à récupérer bonnettes et chasubles...

 

23h51 : C’est maintenant l’heure de remplir le rapport d’après-match. Camille s’exécute dans son bureau. Place à la suite : les clés USB avec les images du match qu’il faut remettre à chaque club et aux arbitres.

00h04 : La zone mixte se vide… C’est là que les journalistes non détenteurs de droits, qu’ils travaillent pour la presse écrite, la radio ou la TV, peuvent avoir un moment avec les joueurs qui accepteront de s’arrêter.

00h10 : On est dans la dernière ligne droite. Dans l’aire régie, à l’extérieur du Parc, Camille s’arrête discuter avec le réalisateur, qui évoque une de ses prochaines missions : le tournoi voisin de Roland-Garros.

00h15 : « Je viens de valider avec le contrôle qualité de la LFP que toutes les images ont été reçues. Les livrables sont sur le serveur, c’est une sorte de banque d’images à disposition des clients », explique Camille dans le car régie. La pression retombe. La soirée se termine et, quelques minutes plus tard, la média manager va pouvoir rentrer chez elle, en proche banlieue. Rendez-vous au Parc des Princes pour PSG-Lens six jours plus tard. Déjà.

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Camille Julien-Moraud : « Pas prédestinée à ce métier »

La média manager parisienne Camille Julien-Moraud détaille son rôle et son parcours, revenant notamment sur les échanges avec ses confrères.

Quelle est votre définition du métier ?
Le média manager gère tout ce qui touche à la diffusion TV, ce qui doit être filmé, les positions des caméras, des commentateurs, des intervieweurs… Au nom de la LFP, on s’assure que les droits et les devoirs de chacun sont bien respectés : les droits et les devoirs de la production, des médias, des clubs et de la Ligue. Le jour du match, il faut ainsi vérifier que les caméras sont aux bons endroits car, chaque saison, la LFP édite un plan avec la position des caméras et les consignes que la production TV doit suivre. Il y a un travail de pédagogie et de rappels à tout le monde lors de la réunion H-2. Le gros de la soirée consiste à organiser toutes les interviews des détenteurs de droits. Il faut vérifier que les clubs amènent bien les joueurs, qu’il n’y ait aucun manquement et superviser toutes ces interviews. Pour résumer, je fais le lien entre la production TV, les médias et les clubs, je mets de l’huile dans les rouages au maximum. Ce que la LFP fait côté sportif, avec l’organisation de la compétition, je le fais côté médias avec les télés et la production.

Qu’est-ce qui varie le plus d’un match à l’autre ?
Peut-être le nombre de DAT, les demandes d’autorisation de tournage. La LFP me transmet toutes les DAT qui ont été acceptées pour le match. Des clubs comme le PSG tournent à une vingtaine par match, avec beaucoup de diffuseurs étrangers. Pour PSG-OM, il y avait 24 DAT par exemple alors que vous imaginez bien qu’on est sur des chiffres différents sur les matchs de Ligue 2 BKT.

Quel a été votre parcours jusqu’à cette fonction de média manager ?
Je n’étais pas du tout prédestinée à ce métier de média manager puisque j’ai commencé comme chercheuse en sciences politiques. J’ai été engagée par HBS, notamment parce que je suis bilingue français-anglais et que l’entreprise réalise la production TV d’évènements sportifs dans le monde entier. Ça fait maintenant 8 ans que je travaille ici. Et j’ai commencé comme média manager lors de la saison 2019/2020.

Vous pouvez nous en dire plus ?
J'entame ma cinquième saison comme média manager, la quatrième au Parc des Princes. J’ai commencé avec la Ligue 2 BKT où je m’occupais beaucoup du Paris FC et de l’ESTAC. Au départ, ce n’était qu’un test mais j’ai adoré. J’ai travaillé à Nancy, Strasbourg, Rennes, Nice… C’est un métier super enrichissant car tu vois plein de métiers différents, des gens qui viennent de pays différents… Il faut aimer l’humain et s’adapter à son interlocuteur car on ne parle pas de la même façon à un Sud-Américain qu’à un Coréen par exemple.